Livre 1 - Chapitre de Mei (3)

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Chapitre 4 : Résurrection

Chapitre 4.1

Pente de l'Etna

L'île était agitée par d'étranges secousses semblables à l'expression de la haine réprimée des Géants retenus prisonniers sous l'Etna.

Les nouvelles retombées de cendres volcaniques qui s'étaient abattues sur la pente de l'Etna avaient enseveli Seiya. La charge violente d'Agrios, la force brute, l'avait propulsé jusque sur le flanc du volcan.


« Quel attaque incroyable... et si dangereuse pour avoir pu me faire faire un vol plané jusqu'ici... »


Le sang qui s'écoulait du front de Seiya était doucement aspiré par le sol spongieux.


« Les Géants possèdent d'effrayants pouvoirs. Il n'est guère surprenant que les Saints aient presque tous été vaincus lors de la Gigantomachie... »


Des fissures étaient présentes sur le plastron de la Cloth de Pégase. Seul un être capable d'exprimer des dons de combat à même de briser les atomes pouvait parvenir à fissurer une Cloth, armure dont la constitution était plus solide que n'importe quel métal.


« Alors tu as été projeté jusque là Pégase ?

— Quoi ? »


Agrios, vêtu de son Adamas de couleur Lapis Lazuli, se rapprochait lentement de lui en foulant d'un pas pesant les cendres sur son chemin.


« Si il n'y avait pas eu cette montagne pour arrêter ta course, tu aurais traversé toute la mer méditerranée pour finalement atterrir en Afrique.

— Pff, je pense que tu exagères. »

Seiya se releva en s'essuyant le visage.


« Enfin, j'admets que tu m'impressionnes pour oser continuer à faire ton malin alors que tu as reçu mon Crag Press. »


Seiya et Agrios se préparèrent à s'affronter sur cette pente où une chute pouvait si aisément se produire. Dix mètres les séparaient. Dans un combat normal à mains nues, nulle technique ne pouvait permettre de frapper un adversaire situé à une telle distance, mais pour ces Saints qui se battaient à des vitesses dépassant celle du son, un tel intervalle devenait une zone mortelle.


« Pegasus Ryūsei Ken !

— Ça ne sert à rien ! »


Seiya croisa Agrios en portant son coup, enveloppé d'une onde de choc supersonique.


« Hein ?

— Pff, on dirait qu'un moustique vient de me piquer. »


Agrios se tenait fermement debout, immobile. Les centaines de météores l'avaient pourtant bien atteint, mais sans parvenir à infliger le moindre dommage à cet ennemi.


« Impossible ! Quelle que puisse être la résistance des Adamas, j'ai du mal à croire qu'une attaque de Saint n'y ait pas infligé le moindre dommage !

— Tu ne comprends toujours pas qu'il ne te reste que l'énergie du désespoir ?

— Quoi ?

— Tu ne me vaincras pas ! Prépare-toi à recevoir le coup de grâce Pégase ! »


-

Agrios posa une main au sol en abaissant ses hanches. Pour un Géant doté d'une si terrible corpulence, nulle technique de combat élaborée n'était nécessaire. Il lui suffisait juste d'utiliser comme un bélier son corps surhumain protégé de son Adamas ornée d'innombrables pointes afin d'écraser son adversaire.


« Crag Press ! »


Le sol explosa. Les cendres étaient projetées dans les airs sur le passage de la charge d'Agrios, donnant l'impression d'une image sortie d'un mirage. Seiya ne put esquiver l'attaque. Agrios de la Force Brute saisit les jambes de son adversaire à partir de sa position basse, puis l'écrasa de tout son poids à grande vitesse.


Seiya cracha un nuage de sang en hurlant, et heurta le sol sur sa nuque, qui émit un bruit sourd. Dix minutes après avoir fait constater à Seiya l'efficacité de sa technique, Agrios déplaça lentement et avec un air satisfait son corps qui faisait pression sur le Saint.


« J'ai probablement brisé tous les os de son corps », dit-il en regardant avec mépris Seiya, pratiquement enterré sous les cendres.


Les dommages que Seiya avait subi cette fois-ci n'avaient rien à voir avec ceux qu'il avait reçu lorsque Agrios l'avait propulsé en l'air. Il venait de recevoir l'intégralité de l'énergie née de la masse imposante du Géant et de son Adamas, sans pouvoir y échapper.


« On dirait que cette fois tu as eu ta dose. »


Agrios extirpa Seiya de l'épaisse couche de cendres en saisissant sa tête d'une main.


« J'ai fait de mon mieux pour ne pas te tuer, car si tu venais à mourir il n'y aurait pas d'intérêt à vous avoir attirés là, et en plus il faudra que j'écoute les sermons de Thoas et d'Encélade » , dit Agrios avec un air ennuyé tandis que Seiya gémissait.

« Hé ho... je suis en train de te faire une faveur alors débrouille-toi pour rester encore un peu en vie jusqu'à ce que l'on ait obtenu ce que nous voulons, et après je t'achèverai, continua-t-il. »


Mais soudain, Seiya reprit du poil de la bête à la grande surprise du Géant. Un rayon de lumière transperça les airs. Seiya, qu'Agrios pensait être mourant, venait de lancer un météore avec sa jambe sur le Géant.


-

Les deux hommes se tenaient de nouveau à distance l'un de l'autre tandis que le vent dispersait les cendres autour d'eux.

« De quoi parlais-tu ? Je ne comprends rien à ton blabla, dit Seiya.

— Alors tu n'a pas encore eu ton compte, gamin ? » grogna Agrios, le corps agité par des spasmes de colère.


Le coup avait fait voler le casque de l'Adamas d'Agrios, révélant un visage intrépide aux traits nets qui contrastait avec sa nature sauvage.


« Alors voici donc ton visage. Mais ne pense pas que je vais m'arrêter là !

— Comment ? Le Cosmos de Pégase est en train de...

— Agrios ! Laisse moi te dire que je n'ai aucune intention de mourir ici ! Je me relèverai toujours, et à la fin la victoire sera mienne ! lança Seiya.

— N'importe quoi ! Je t'ai déjà dit qu'il était inutile de lutter ! lui répondit Agrios en posant une main au sol.

— Brûle... Brûle mon Cosmos !

— Crag Press ! »


Le sol explosa une nouvelle fois, et Agrios chargea vers Seiya en le fixant de ses yeux emplis de haine. Un violent choc se produisit entre Seiya et Agrios, puis tout mouvement s'arrêta tandis qu'un bruit sourd continuait à se propager aux alentours. Une grande quantité de sang dégoulina sur les cendres au sol, teintant celles-ci d'une couleur pourpre. Une grande entaille était visible sur le front d'une tête, mais le cri d'angoisse qui résonnait n'était pas celui de Seiya.


« Un Saint ne se laisse jamais avoir deux fois par la même attaque. »


Fanart d'Agrios par Marco Albiero

L'immense corps d'Agrios vacilla. Seiya avait changé de position pour pivoter au moment où Agrios s'était abaissé pour frapper les jambes du Saint. Seiya en avait alors profité pour porter une contre-attaque en plein visage avec son genou.


« Quoi ? Tu prétends avoir défait mon Crag Press ?

— Mon Cosmos m'a permis de voir au travers de ta technique ! »


Agrios était encore sous le choc de la commotion cérébrale qu'il venait de subir, et Seiya en profita alors pour passer dans son dos et le saisir en passant ses bras sous les aisselles du Géant interloqué. Seiya poussa un cri en élevant son Cosmos, qui, conjugué à son ardeur, provoqua un Big Bang. Les deux hommes virevoltèrent alors dans les cieux.


« Impossible... comment as-tu pu soulever mon immense corps ? »


La quintessence des méthodes martiales des Saints n'avait rien à voir avec la force physique.


« Prends ça ! cria Seiya.

— C'est insensé, un simple Saint ne va quand même pas... »


Seiya, entouré de l'aura de Pégase, retomba depuis les cieux vers le sol en tournoyant, tout en tenant fermement Agrios et en dirigeant la tête de celui-ci vers le bas.


Pegasus Rolling Crash

« Pegasus Rolling Crash ! »


Une immense étoile s'abattit sur le sol, qui fût ébranlé par ce qui ressemblait à un violent tremblement de terre. Un imposant cratère était né sur le flanc de la montagne, comme si celle-ci avait été frappée par la chute d'un astéroïde. Finalement, une silhouette émergea des cendres.


Seiya.


Celui-ci chancelait et avait les genoux tremblants.


« Et merde, ça ne s'est pas si bien passé que ça... »


Il était dans un grand état d'agitation, et il était difficile de comprendre si l'expression de son visage reflétait de la liesse ou de la peur. Il avait du abandonner toute possibilité de défense afin de se mettre dans une position lui permettant de réaliser sa contre attaque, et il était conscient que la moindre erreur de timing aurait conduit à sa défaite. Mais il ne lui aurait pas été possible de remporter la victoire sans mettre sa propre vie en jeu. Être capable de manipuler des pouvoirs de destruction aussi fondamentaux implique que les Saints mènent des combats où la mort rôde à chaque instant.


« Je me demande comment va Shun. Et qu'en est-il de Mei ? »


Il ne ressentait plus le si sauvage Cosmos d'Agrios. Seiya se remit en route, en se déplaçant avec difficulté au travers des cendres tout en cherchant les Cosmos de ses compagnons.


Chapitre 4.2

-

La chaîne nébulaire se déploya en spirale, telle une nébuleuse, constellant la pénombre de scintillements pareils à des astres.

« Ceci est mon Andromeda Nebula. »


La chaîne se déplaçait à la manière d'un être vivant en éparpillant autour d'elle les cendres du sol. Thoas, le coup de tonnerre, faisait preuve d'une grande vigilance. Shun reprit sa respiration, entouré par ce mur de protection infranchissable.


« Sache qu'avec cette barrière en place il te sera impossible de faire le moindre pas de plus vers moi.

— Oh, répondit Thoas, peu convaincu.

— Pénétrer dans l'espace délimité par cette chaîne revient à souhaiter la mort, continua Shun.

— Pas de problèmes... prépare-toi, Andromède ! »


Le géant bougea. Fidèle à son nom, Thoas projeta avec son poing des attaques pareilles à des lances d'éclairs à une vitesse foudroyante.


« Protège-moi chaîne circulaire ! »


La chaîne s'agita en formant des vagues au sol qui bloquèrent impeccablement les attaques de Thoas. À deux reprises, le Géant en Adamas fût forcé de retirer son bras droit alors qu'il voulait attaquer, gêné par la chaîne.

« Si c'est comme ça... », commença Thoas.


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Thoas entoura soudain Shun à 360 degrés avec des images résiduelles de lui-même. Il était désormais impossible de le suivre du regard. Il porta un coup tout en maintenant cette vitesse largement supersonique. L'attaque déchira le sol en laissant un sillon derrière elle, tandis que la pression du coup projetait des graviers de part et d'autre.


« Tu ne m'auras pas », dit Shun.


L'attaque de Thoas n'était qu'une feinte, et la chaîne répondit pas à cette attaque de diversion.


« Comment ? s'étonna Thoas.

— Et oui. »


L'enceinte d'acier formée par la chaîne nébulaire sembla exploser, et la chaîne repéra la véritable position de Thoas, puis l'attaqua alors que d'innombrables cendres volcaniques étaient projetées dans les airs. Un choc se fit entendre, puis le casque de l'Adamas du Géant tomba à terre. Celui-ci en resta sans voix.


« Ne t'avais-je pas dit qu'il te serait impossible de t'approcher ? »


Shun se tenait droit, intouchable, sur ce champ de bataille plongé dans un brouillard de cendres. La chaîne d'Andromède reprit sa position de nébuleuse. Thoas passa la main sur son visage désormais à découvert.


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« Je vois, je vois, dit-il pensif—

Il passa ses doigts dans ses longs cheveux noirs pour les remettre en place.


« Je comprends maintenant pourquoi tu as tellement confiance en toi. Cette chaîne possède de formidables capacités. Elle ne laisse aucune brèche dans sa défense, que ce soit à droite, à gauche, devant, derrière, et même au dessus de toi. La chaîne d'Andromède est comme tes yeux, tes oreilles, et elle ressent probablement tes adversaires au travers de la sensation supérieure aux six sens que vous autres Saints nommez le Cosmos.

— Les illusions ne peuvent la tromper. Et plus j'élève mon Cosmos, plus sa vitesse de réaction augmente en réponse à celui-ci, compléta Shun.

— Je comprends, la chaîne d'Andromède allie donc à la fois l'attaque et la défense, n'est-ce pas ?

— Puisque tu as compris cela, tu ne vas peut être pas aimer ce que je vais te dire, mais pourquoi ne mettrions nous pas fin à ce combat qui n'a désormais aucun sens ?

— Aucun sens ?

— Je..., commença Shun d'une voix plus douce.

— Même lorsque je suis confronté à un ennemi je n'aime guère le blesser plus qu'il ne le faut, continua-t-il.

— Tu penses sérieusement une telle chose ? À mon avis tu es plutôt en train de te moquer de moi. En fin de compte, tu caches un fond plutôt pervers derrière ce visage de jeune fille.

— Je suis sincère. Je ne peux pas tuer des gens sans motif. »


On ne se serait pas attendu à entendre ce genre de douces paroles chez un Saint à priori forgé pour le champ de bataille.


« Sans motif ?

— En effet.

— Donc si je te fournis un motif, tu accepteras de combattre à mort ?

— Je...

— "Il n'y a pas de problème. Ce que tu fais est juste", cita Thoas.

— Hein ?

— Tu es donc incapable de combattre si il n'y a pas quelqu'un pour te taper sur l'épaule en t'assurant que tu as raison ? Tu es incapable de combattre sans avoir besoin de trouver l'approbation de tes actes dans les raisons que d'autres te fourniraient ? »


Shun ne sut que répondre.


« Quelle mauviette. Tu me dégoûtes. Je te l'ai déjà dit, il n'y a pas de grande cause derrière cet affrontement opposant les Saints aux Géants. C'est inutile. Et il n'y a pas non plus besoin de rechercher où se trouve la justice.

— Alors tu es tel un démon ou un Rakshasa ? Tu ne te bats que pour te battre ?

— En bref, tu as toujours besoin de te trouver de bonnes excuses pour te sentir mieux, Andromède.

— Quoi ?

— Écouter tes jérémiades ne m'intéresse pas. Quel poupon. Je me sens blessé par ta proposition.

— Quel est donc ce Cosmos ?

— Cela sonne pour moi comme une véritable humiliation. »


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Le Cosmos de Thoas s'était forgé de manière à devenir aussi affûté qu'un sabre japonais. L'artisan qui confectionne un sabre ne le fait pas en se demandant si celui-ci servira à devenir un outil de mort ou non. De telles considérations n'ont pas leur place. Il se contente juste de fabriquer le katana. Et de la même manière, un combat se suffit à lui-même sans chercher d'autre sens.

À la surprise de Shun, du sang s'écoula subitement de son corps et il se recourba par réflexe. Des jets de sang frais jaillissaient de ses deux bras. Les hémorragies de Shun augmentaient au fur et à mesure qu'il recevait de nouvelles blessures ouvertes sur l'ensemble de son corps.


« Im... impossible ! Comment se fait-il que le fameux mur de métal de la chaîne d'Andromède ne réagisse pas ?

— Il n'y a pas de quoi être surpris, petit. »


Thoas, qui se tenait droit debout, pointa un doigt vers Shun. En un éclair, une nouvelle blessure s'ouvrit sur le corps de Shun. Le Géant le frappait avec des projectiles issus de ses doigts. Thoas, qui avait affûté son Cosmos, envoyait depuis le bout de ses doigts de fines ondes de choc perçantes qui perforaient le corps de Shun sans même que celui n'en ressente l'impact.


« Ne me l'as tu pas expliqué toi-même il y a quelques instants ? La chaîne d'Andromède répond à l'élévation du Cosmos de son propriétaire afin de le protéger des attaques de ses adversaires. Dans ce cas-là, il suffit de pousser son Cosmos au dessus du tien afin de porter des coups d'une rapidité surpassant la vitesse de réaction de ton mur de défense.

— Pourquoi les hémorragies ne s'arrêtent-elles pas ? » s'inquiéta Shun.


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Le sang coulait depuis les trous d'aiguilles à la manière de l'eau qui s'écoule depuis un robinet et atterrissait sur le sol pour y être aspiré.


« Ceci est l'effet de mon Stigma. Il ne s'agit pas de blessures normales, ce que je perce ne cicatrise pas.

— Non ce n'est pas vrai... !

— Ce n'est pas bien difficile pour quelqu'un comme moi qui connaît parfaitement les flux et vaisseaux sanguins du corps humain. À vrai dire, à l'origine cette technique a été créée pour effectuer les sacrifices humains rendus à notre dieu, afin qu'il ne reste pas la moindre goutte de sang gaspillée dans le corps de la victime. »


Un des gardes tués la nuit précédente au Sanctuaire avait subi cette technique.


« La règle est la même pour les Saints ou les simples humains. Si vous perdez plus d'un tiers de votre sang, c'est la mort assurée. Bon, vu que tu as reçu le Stigma sur l'intégralité de ton corps, je pense qu'il ne te reste plus que quelques minutes à vivre avant que cette calme douleur ne t'emporte vers la mort. Mais je pense que tu n'aimes peut-être pas ce que je te dis », expliqua Thoas en reprenant les paroles de Shun.

Shun, à bout de forces, tomba sur les genoux.


« Et ainsi nous mettons un terme à ce combat sans motif », lui annonça calmement Thoas, moqueur.


Il s'avança au sein de la zone de défense de l'Andromeda Nebula afin de porter à Shun le coup de grâce. Soudain, le Géant arrêta son mouvement en percevant un mouvement de la chaîne.


« Quel entêté. Mais ta chaîne n'a presque plus la force de faire ce que tu lui demandes, lâcha Thoas à l'attention de Shun, tout en observant celui-ci à terre.

— Je..., marmonna Shun.

— Quoi ?

— Je n'aime pas me battre. Je déteste réellement ça. Et ainsi que tu le penses, je passe mon temps à me tourmenter à ce sujet, dit Shun en enlevant péniblement de sa mâchoire les cendres qui s'y étaient attachées.

— Quoi ? Comment se fait-il que je ressente un tel Cosmos chez Andromède alors que celui-ci est aux portes de la mort après avoir perdu une telle quantité de sang ?

— Mais vois-tu, tous les combats que j'ai menés jusqu'ici m'ont appris quelque chose.

— Quoi donc ?

— Ils m'ont appris que je devais malgré tout me battre. En tant qu'homme, je dois faire passer mon devoir avant ce genre de soucis. Je ne suis plus le pleurnichard que j'étais autrefois », dit Shun en enflammant toutes ses forces.


Il prépara sa chaîne d'attaque située sur son bras droit.


« Pff,je vois. Même en étant condamné par le Stigma tu refuseras d'admettre ta défaite aussi longtemps que tu seras en possession de ta chère chaîne.

— Va, chaîne d'attaque ! »


La chaîne terminée par une pointe partit à l'assaut en décrivant une trajectoire en zigzag. Maintenant que Shun s'était déterminé à combattre, la chaîne était parcourue d'arcs électriques.


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« Thunder Wave ! »


Un éclat semblable à celui d'un feu d'artifice se produisit violemment, accompagné d'un bruit évoquant quelque chose qui brûle.


« Comment ? s'écria Shun, surpris.

— Voici donc la force de frappe de cette chaîne que l'on dit capable, si nécessaire, de franchir les dimensions pour atteindre ton adversaire », dit Thoas.


Celui-ci, qui pouvait aussi se battre avec la vivacité de la foudre, venait de rattraper la chaîne d'une main.


« Non, ce n'est pas possible ! Il est parvenu à stopper ma chaîne d'attaque ?

— Mais vois-tu, même si elle est capable de franchir de nombreuses années-lumières pour atteindre sa cible, avec une telle vitesse ta chaîne ne peut arriver jusqu'au corps de Thoas, le Coup de Tonerre, ajouta le Géant.

— Non !

— Et avec cette attaque tu as gaspillé le peu de vie qu'il te restait. Tu dois probablement être sur le point de t'évanouir maintenant. »


Thoas tira sur la chaîne, et une faible pression suffit à faire chanceler Shun. Les hémorragies provoquées par le Stigma l'avaient mis dans un état d'épuisement terrible, et celles-ci ne s'arrêtaient pas. Sa pression sanguine avait considérablement diminué, les extrémités de ses doigts étaient blanches, et il n'avait guère plus la force de se mouvoir.


« En fin de compte, étais-tu fort ou faible ? Pourrais-tu me répondre, Andromède ? Tu m'as montré la fragilité d'une jeune fille mais aussi le courage d'un guerrier. Quel esprit instable, et quelle maladresse ! Décidément, il m'est impossible de te comprendre. »


Shun ne pouvait même plus répondre.


« Alors tu n'as déjà plus la force de parler. Bah, tant pis. Je vais te tuer. Mais je vais d'abord détruire ta précieuse chaîne afin de te faire subir une défaite totale juste avant ta mort. »


Pour la première fois, Thoas prit une posture de combat en croisant ses bras devant lui.


« Prends ça, Andromède ! Voici la plus puissante attaque de Thoas !

— Chaîne circulaire, protège moi..., dit faiblement Shun.

— Avenger Shot ! »


Le nuage d'étoiles formé par la chaîne nébulaire fut déchiré par un rayon de lumière. Les tirs projetés par les doigts de Thoas n'avaient fait qu'un pour donner naissance à une attaque cent fois plus puissante qui pulvérisa l'Andromeda Nebula.


« Non, ma chaîne aurait-elle ainsi été réduite à néant ?

— Tu n'es désormais plus qu'un oiseau privé de ses ailes ! Et maintenant que ta chaîne n'est plus, le prochain coup sera pour ton corps ! »


Thoas se prépara à porter le coup final, mais s'arrêta soudain dans son élan sous le coup d'une surprise partagée par Shun. Le sol lui avait renvoyé une étrange sensation, et sans qu'il ne s'en rende compte, le flanc noir de cendres de la montagne s'était recouvert d'une fine couverture blanche.


« Des cendres ? Non, c'est... »


De petites particules tombaient sur le bout des doigts du géant et disparaissaient en fondant.


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« Comment peut-il y avoir une chute de neige en plein été sicilien ? »


Une couche de glace avait recouvert le flanc de la montagne et le gel se répandait peu à peu sur le sol. Les flocons de neige devinrent de plus en plus gros et leur nombre augmenta en s'accumulant de toutes parts.


« Ce n'est pas une illusion », déclama une nouvelle voix.


Celle-ci fût accompagnée de la venue d'un jeune homme vêtu d'une Cloth d'un blanc impeccable aux reflets glacés, marchant au travers de cette nature volcanique désolée sur laquelle s'abattait un ouragan de neige.


« Qui es-tu ? » demanda Thoas au jeune homme blond qui s'était joint à eux.


« Hyōga ! s'exclama Shun.

— Est-ce que ça va Shun ? dit-il, fixant Thoas avec un air de défi, sans jeter un regard vers le Saint d'Andromède.

— Hyōga ? Vu que tu portes une Cloth tu es probablement un Saint, n'est-ce pas ? »


Ce nom avait une consonance japonaise, mais ses yeux bleus semblaient dire le contraire. En fait, Hyōga était moitié russe et moitié japonais. Sa mère se prénommait Natassia et son père était Mitsumasa Kido. Hyōga était lui aussi un des enfants cachés de cet homme, un de ces 100 enfants envoyés à travers le monde pour devenir Saints.


« Je suis Hyōga du Cygne. Et toi, tu es probablement un Géant ?

— Tu arrives un peu tard pour secourir ton ami. Tiens, mais maintenant que j'y pense, cela me rappelle une histoire. La Cloth du Cygne ne serait-elle pas cette Cloth de glace née du grand mur des glaces éternelles ?

— Effectivement, c'est bien ça. »


Le plastron de la Cloth était sculpté en forme d'ailes et le casque qu'il portait représentait une tête de cygne ornée de plumes. L'ensemble de cette Cloth aux formes sinueuses renvoyait une impression de légèreté. En plus de cette image de cygne, Hyōga lui-même semblait être un jeune prince sorti d'un conte européen. Ce n'était pas un enfant, mais il ne semblait pas non plus être un simple adolescent. Il possédait un éclat qui le distinguait des jeunes de son âge, mais l'on pouvait également sentir une grande solitude émaner de lui, et le léger bleu brillant de ses yeux lui donnait l'expression d'une personne se tenant à l'écart des autres, tout en renvoyant une certaine tristesse.


« Tu manipules donc la glace. Voilà qui est intéressant, cher Cygne, fit remarquer Thoas.

— A-t-on vraiment besoin de poursuivre cette conversation ? lui répondit Hyōga, peu intéressé par l'idée de renseigner le géant.

— Quel garçon désagréable. Très bien ! Dans ce cas-là tu vas avoir le plaisir de mourir en compagnie d'Andromède ! Prends ça ! Avenger Shot ! »


Thoas lança son arcane ultime vers Hyōga, et le tir traversa le rideau de neige qui s'abattait sur le champ de bataille. Pourtant, le Géant eu la surprise de voir que son coup avait largement manqué sa cible.


« Comment ? Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des cristaux de glace ? dit Thoas en vacillant.

— Ceci est un anneau de glace que j'ai confectionné, le Koltso. Tu ne t'étais donc pas rendu compte que tes jambes venaient d'être congelées ?

— Impossible, quand est-ce que... ?

— Tu as trop concentré ton attention sur Shun. Je pense que la morsure du gel doit déjà t'avoir fait perdre les sensations dans tes jambes.

— Cet anneau... »


Le nombre d'anneaux se mit à augmenter autour des jambes de Thoas et de son Adamas.


« Adieu, Géant !

— Non ! »


Des nombreux cristaux de glace dansèrent sur ces plaines gelées de Sicile qui semblaient désormais sorties d'un rêve.

La température de toute chose est régie par l'état d'excitation des atomes qui la composent. Ainsi, plus ceux-ci sont agités, et plus la température est élevée, et à l'inverse, un ralentissement provoque une baisse de la température. Le mouvement et l'immobilité. La chaleur et le froid. Autrement dit, les techniques de combat visant à la destruction des atomes sont liées au mouvement et à la chaleur, tandis que celles les stoppant représentent le froid et l'immobilité, et sont ce que l'on appelle les techniques de glace.

-

« Diamond Dust ! »

Des sombres cristaux furent éparpillés. Un bruit de vapeur d'eau retentit, un vent brillant se manifesta, et finalement un monde d'une blancheur mortelle naquit pour avaler le Géant. Hyōga du Cygne était l'un des rares Saints maîtrisant les techniques de glace. Thoas, le Coup de Tonnerre, s'effondra dans la plaine enneigée qui recouvrait les cendres, son Cosmos tombant dans un sommeil éternel.


« Ne bouge pas », dit Hyōga en se tournant vers Shun puis en abattant avec un cri son poing vers son ami gémissant.


Son index avait percé la Cloth de Shun au niveau du cœur, et à la grande surprise de celui-ci les hémorragies subies au niveau des marques du Stigma s'arrêtèrent immédiatement.


« J'ai appuyé sur ton point vital central, celui qui permet de stopper les hémorragies, lui expliqua Hyōga.

— Hyōga... Mais que fais-tu ici ? Je te croyais rentré en Sibérie orientale !

— Ah, c'est grâce à Kiki.

— Comment ?

— Athéna l'a envoyé pour que je vienne en renfort.

— Athéna... Mademoiselle Saori a pensé à nous...

— Kiki de son côté est rentré se reposer, ces multiples téléportations l'ont complètement épuisé. »


Effectuer un aller retour en Sibérie aussi peu de temps après ses allers retour en Sicile avait été très difficile pour lui, aussi bien physiquement que psychiquement.


« Kiki a décidément donné tout ce qu'il avait, fit remarquer Shun.

— Il m'a raconté dans les grandes lignes de ce qui s'est passé. Où est donc Seiya ? Et... c'est vrai que Mei est toujours en vie ?

— Oui, mais nous avons fini par être tous séparés à cause des combats contre les Géants », expliqua Shun en se levant péniblement.


Il cherchait une réponse provenant de sa chaîne disparue. Tant que la Cloth d'Andromède n'est pas entièrement détruite, sa chaîne restait capable de revenir depuis d'autres dimensions, et même si cet outil venait à être brisé, il était possible de faire naître immédiatement une nouvelle chaîne.


« Je sens le Cosmos de Seiya, bien que celui-ci soit assez faible.

— Allons donc le rejoindre. Je me fais aussi beaucoup de soucis pour Mei, car il avait également un Géant à ses trousses. Or, je ne pense pas qu'il ait de grandes chances d'en venir à bout sans Cloth.

— En effet. »


Shun se remit complètement debout.


« Tu as perdu une grande quantité de sang, tu ferais mieux de ne pas bouger. Il serait préférable que tu restes te reposer ici, lui dit Hyōga.


— Ne t'en fais pas, je vais très bien.

— C'est difficile à croire lorsque tu affirmes toi-même cela. »


Shun sourit franchement pour dissiper les doutes de son ami, puis ils partirent dans la direction du Cosmos de Seiya, reprenant l'ascension de l'Etna.

Chapitre 4.3

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« M'y voila enfin. Un Cosmos diffus provient de là dessous », dit Seiya en jetant un regard dans la gueule de ce cratère béant vieux de plusieurs centaines, voire plusieurs millénaires.

L'intérieur du cratère était actuellement éteint, mais l'activité volcanique ne cessait de croître, signe d'une éruption imminente.


« Est-ce le Cosmos de Yulij ou celui d'un Géant ? » se demanda Seiya avant de réprimer un cri de douleur.


Il vacilla et de désagréables gouttes de sueur perlèrent sur son visage. Seiya se demandait si son malaise était du aux dommages subis lors de son violent combat face à Agrios.


« Que se passe-t-il ? Mon corps est si lourd. Quelle en est la raison ? »

L'air environnant était certes devenu moins dense, mais les Saints n'étaient pourtant pas supposés souffrir du mal des montagnes, et surtout pas à l'altitude à laquelle se trouvait Seiya. Qui plus est, il n'éprouvait pas de difficultés particulières à respirer.


« Et merde ! Mes forces me quittent... »


Sa démarche devint chancelante. Seiya avait l'impression que son corps était percé de trous béants et qu'à chacun de ses pas son Cosmos s'en échappait. Il hurla en trébuchant sur cette pente.


« Attention !

— Mei ! »


Celui-ci avait rattrapé Seiya par le bras alors que le Saint de Pégase était sur le point de tomber dans la gueule du volcan.


« Tu es sain et sauf ! lui dit Seiya.

— Hé ho, ce serait plutôt à moi de te dire ça », lui répondit Mei.


Mei fit un sourire en voyant à quel point Seiya semblait s'être fait taper dessus. Ce dernier fit une moue renfrognée, bouche fermée et joues gonflées, mi-colère mi-nigaude.


« Et toi comment t'en es-tu sorti avec ce type aux griffes, ce Pallas ?

— Je me suis enfui.

— Hein ?

— Ben quoi ? Fais pas cette tête. Fuir n'est pas convenable ? Il s'agit quand même d'un Géant, et même pour un Saint comme toi ça doit être un adversaire dangereux, non ? Un simple soldat comme moi n'a pas la moindre chance de gagner. »


Seiya resta silencieux.


« Et puis nous sommes en Sicile, ma terre natale ! Comme je connais les moindres chemins de cette île, semer des poursuivants n'est guère difficile. De plus, n'oublie pas que je suis là en tant qu'espion au service du Sanctuaire, et dissimuler ma présence ou mon Cosmos sont donc des domaines dans lesquels je suis doué, peut-être encore plus que vous !

— Seiya ! Mei !

— Shun ! Et... toi aussi, Hyōga ? » cria Seiya.


Les deux Saints venaient d'apparaître un peu plus bas et s'empressaient de grimper sur la pente du volcan. Les quatre jeunes hommes furent finalement réunis près du cratère.


« Alors tu est également venu, Hyōga ? lui demanda Seiya.

— Oui, Athéna m'a envoyé ici afin de vous aider, répondit le Cygne.

— C'est la Cloth du Cygne, n'est-ce pas ? Elle te va plutôt bien, Hyōga.

— Mei, dit Hyōga qui avait en un instant reconnu le visage d'un frère retrouvé qu'il n'avait pas vu depuis des années.

— Tu es venu depuis la Sibérie Orientale ? Ça fait un sacré bout de chemin, merci pour l'effort. »


Hyōga ne répondit rien.


« Hmmm ? Ha ha ha, décidément tu n'as pas changé, toujours aussi stoïque. En fait, aucun d'entre vous n'a changé, dit Mei en posant sa main sur l'épaule de Hyōga tandis que Shun et Seiya riaient de bon coeur.

— Seiya, Mei, ne sentez-vous pas aussi un Cosmos qui émane de ce cratère ? demanda Shun.

— Vous l'avez vous aussi ressenti », répondit Seiya.


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Hyōga, silencieux, se contenta de pointer les profondeurs du cratère. Il était possible d'apercevoir entre les nuages de fumée épars la base du cratère où se dessinait entre d'immenses rochers une fente pareille aux lèvres de la Terre. Le quatuor descendit avec précaution dans le cône en suivant les parois internes scabreuses. Shun se dirigea vers la fissure.


« Quel trou profond... c'est comme si il se prolongeait jusqu'aux tréfonds de la Terre.

— Le Cosmos que nous avons ressenti émane du fond de ce gouffre... Nous devons y aller. Êtes-vous tous partants ? » demanda Seiya.


Tous acquiescèrent de la tête.

Le groupe descendit en rappel dans ce puits rocheux en utilisant la chaîne d'Andromède à la manière d'un grappin. Au bout de plusieurs dizaines de mètres, ils atteignirent le sol qui continuait sous la forme d'un tunnel en pente. La lumière du monde extérieur ne parvenait plus en ce lieu. Pourtant, il n'était pas nécessaire de se déplacer en aveugle au sein de ces ténèbres.


« Qu'est-ce que... ? Les parois de ce tunnel sont luisantes ?

— Quel lieu étrange... »


Seiya et Shun ouvraient la marche, suivis de Hyōga et enfin de Mei en arrière. La largeur du tunnel était juste suffisante pour étendre ses bras, mais il n'était possible de voir que quelques mètres devant soi. Les parois rocheuses ressemblaient presque à de la chair, et le faible scintillement qui en émanait changeait d'intensité tout en variant entre le rouge et le jaune.


« On dirait des pulsations, dit Shun.

— Hé ! Arrête de dire des trucs glauques, Shun ! répondit Seiya avec un air inquiet, comme si un monstre tapi dans l'ombre était prêt à lui sauter dessus.

— Mais... ça donne un peu l'impression d'avoir été avalés par un être vivant. Qui plus est, ma chaîne reste tendue.

— C'est répugnant, on dirait que nous sommes dans un estomac. »


Ils continuèrent à s'enfoncer de plus en plus loin, de plus en plus profondément. Le Cosmos diffus qui parvenait jusqu'à eux semblait être toujours plus près des tréfonds de la Terre. Ils étaient désormais en sueur.


« Quelle chaleur. Combien de kilomètres allons-nous encore devoir marcher ?

— De plus, les vapeurs volcaniques se font de plus en plus denses, dit Shun, les larmes aux yeux.

— Si on continue à descendre ainsi dans le ventre de la Terre, allons-nous finir par nous retrouver aux portes de l'Enfer ? »

Le groupe continua de s'enfoncer dans les abysses.

Chapitre 4.4

Fanart de Yulij par RGXD0

L'autel dédié à un Mal venu d'ailleurs était entouré des sifflements du vent.

« Agrios... et même Thoas... », murmura Encelade, le Cri de Guerre, dans ce temple souterrain.


Il jeta un regard de dédain vers la jeune fille à sacrifier retenue par des chaînes.


« Ces Saints d'Athéna. Comme à leur habitude, ils continuent de nous mettre des bâtons dans les roues, ainsi qu'ils l'avaient fait lors de la Gigantomachie. »


Il considéra avec mépris Yulij, dont la tête était penchée vers le sol et aux cheveux d'argent maculés de sang.


« Mais ces Saints ne me font pas peur, déclara le Géant en continuant de tourmenter de son bâton l'immobile Yulij.

— Athéna par contre n'est pas à prendre à la légère. Aussi longtemps que cette déesse de la guerre protectrice de la Terre existera, ces Saints obstinés reviendront à la charge, tels des mouches en été. Une fois qu'Il sera ressuscitée en revanche, ce sera différent ! Athéna... non, même la totalité des dieux de l'Olympe seront engloutis par la Volonté qui réside dans le corps de mon très cher frère cadet, et ils seront précipités dans le Tartare, là où nul ne pourra les aider à s'en extirper. »


Encélade pointa son bâton empreint de sang coagulé dans la direction opposée à Yulij.


« Yulij ! cria une voix plus jeune.

— Je commençais à en avoir assez de vous attendre, chiens d'Athéna.


C'était Seiya qui avait crié le nom de Yulij en voyant celle-ci accolée à un rocher. Shun, Hyōga et enfin Mei arrivèrent derrière lui.


« Quel est cet endroit ? »


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Les Saints eurent comme une impression de déjà-vu. Ils venaient enfin d'atteindre le fond du tunnel, mais un spectacle inattendu s'offrait à eux. Ils étaient dans une grande caverne circulaire à la voûte élevée, un lieu qui semblait être inspiré des théâtres antiques circulaires.


Un grondement se fit entendre. La fréquence des secousses du volcan n'avait cessé d'augmenter et de petits fragments de roche du plafond tombaient de ci de là. La menace d'un effondrement de la caverne pesait sur leurs esprits, et le sol tremblant les forçait à avancer d'un pas mal assuré. Qui plus est, une chaleur étouffante d'origine géothermique régnait en ce lieu. Le bruit aigu du vent surprit les Saints, et le fouettement de ce souffle leur donna la chair de poule.


« Qui aurait cru qu'une si vaste cavité existait sous l'Etna ? Et que dire de cet autel... On dirait vraiment un Temple dédié à un dieu », fit remarquer Shun dont la chaîne nébulaire, alerte, restait prête à bondir.


Ils se trouvaient face à un autel constitué d'immenses rochers. Les parois ridées de cette grande caverne étaient semblables à celles du tunnel qui les avait amenés jusqu'ici, scintillant dune lumière vacillante. Cet endroit donnait la troublante impression d'être à l'intérieur d'organes du corps humain.


« Yulij ! Est-ce que ça va ? » hurla Seiya.


Mais celle-ci était retenue à un rocher, les deux bras attachés, et sa tête penchée vers le sol ne permettait pas de savoir de loin si elle était morte ou vivante.

« Si elle est restée tout ce temps plongée dans ces gaz volcaniques, sa vie doit être en danger, dit Shun, l'air inquiet.

— Et ce type ? murmura Hyōga en faisant référence au Géant à masque de démon muni d'un bâton.

— C'est Encélade, le Cri de Guerre. Il s'est présenté comme étant le Haut Prêtre des Géants.

— Autrement dit, leur chef ? » dit le Cygne en fixant d'un oeil de glace le Géant.

Il fit soudain un mouvement.


« Hyōga ? »


Hyōga venait de s'élancer sans crier gare, traversant la caverne, tandis que de glaciaux cristaux de neige entouraient ce Cygne silencieux. Tout ceci s'était passé en un instant.


« Diamond Dust ! » cria Hyōga en tentant de prendre Encélade au dépourvu avec cette attaque subite.


Le Géant émis un puissant grondement qui surprit Hyōga. L'air froid fut rejeté en arrière et l'onde de choc envoya le Saint voler de plusieurs dizaines de mètres en arrière, passant au travers du groupe de ses compagnons avant de s'écraser contre une paroi.


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« Et merde, encore cette onde de choc ? Elle l'a projeté si loin ! » dit Seiya en faisant une grimace de colère.


Il s'agissait de l'attaque qu'Encélade avait déjà montré dans le théâtre antique de Taormina, mais la puissance de cette onde de choc explosive se trouvait démultipliée dans un tel espace clos souterrain.


« Ha ha ha ! Quelle naïveté de croire qu'un courant d'air comme ça pourrait m'atteindre. Vous pouvez vous y mettre à autant que vous voulez, Bronze Saints, mais des gens de votre niveau ne parviendront jamais à s'approcher de moi, le Haut Prêtre des Géants ! dit Encélade, d'un ton sinistre, bâton pointé dans la direction des Saints.

— Il y a quelque chose d'étrange, dit Hyōga.

— Que veux-tu dire ? demanda Seiya en regardant son ami.

— Mon corps semble lourd.

— Comment, toi aussi ? continua Seiya.

— C'est donc le cas pour tout le monde ? intervint Shun.

— Toi aussi Shun ? »


Ils avaient jusque là chacun gardé pour eux la condition de leurs corps, ne jugeant pas utile de faire part de ceci aux autres.


« Je m'étais dit que cette impression était due aux coups reçus lors de mon combat contre Agrios, mais maintenant...

— Si ce n'était que moi et Seiya ce ne serait pas étonnant, mais il est effectivement bizarre que Hyōga, qui n'a pas reçu la moindre blessure, ressente aussi ceci, ajouta Shun.

— J'ai cette impression de lourdeur depuis que l'on a pénétré dans l'Etna, depuis que l'on s'est engouffrés dans ce tunnel. Et le courant d'air froid de mon Diamond Dust n'avait que la moitié de sa puissance, dit Hyōga en regardant son poing serré, perplexe.

— Et mon corps n'a absolument pas récupéré lors de notre marche, ajouta Seiya.

— Pareil pour moi, du sang s'écoule encore de mes blessures. Je pensais que c'était à cause des gaz volcaniques que nous avons respiré mais... la cause semble être différente. D'une certaine manière, c'est comme si quelque chose arrachait la force même de mon corps.

— On ne peut pas lutter.

— Mei ? »


Les trois Saints se tournèrent vers lui.


« L'air empoisonné n'a rien à voir avec l'absence de guérison de notre fatigue ou des dommages reçus. Ce qui est volé est la puissance même des Saints, la source de toute vie, le Cosmos. On aura beau se battre, rien n'y fera. La victoire est impossible.

— Volé, dis-tu ? En effet, c'est comme si quelqu'un dérobait notre Cosmos, mais une telle chose est...

— Il a raison », coupa le Géant.


Les guerriers, interloqués, tournèrent leurs regards vers Encélade.


« Depuis que vous avez mis le pied dans l'Etna, votre Cosmos vous a été peu à peu dérobé, expliqua le Géant.

— Comment ?

— En cette terre s'étend une zone de protection (kekkai) nommée "Phlegra" (Terre de flammes) et destinée aux Géants.

— Phlegra ?

— Oui, tout comme votre Sanctuaire est protégé par une barrière de protection venant d'Athéna. Au sein de Phlegra, les blessures des gens démunis d'Adamas ne guérissent pas ! Qui plus est, cette zone vous dérobe votre Cosmos lorsque vous l'enflammez pour combattre.

— Quoi ?

— Vous comprenez maintenant ? Tant que Phlegra existe, nous ne pouvons être vaincus, et ce même si la totalité des Saints venait nous y affronter, dit Encélade en appuyant chacun de ses mots avec un air de triomphe.

— C'est pas vrai, alors...

— Cela voudrait dire qu'a chaque fois que nous avons porté une attaque, le Cosmos utilisé a été volé par Phlegra ? »


Les Saints furent sous le choc. L'étrange lumière scintillant sur les parois souterraines était donc un reflet de l'influence de Phlegra.


« Nous ne sommes pas encore suffisamment nombreux pour nous permettre d'attaquer de front le Sanctuaire protégé par Athéna, mais procéder à l'enlèvement d'une gamine et attirer les Saints ici est un moyen simple d'affaiblir la force de votre armée.

— Lâche !

— Voyons... Avec cette gamine nous avons là quatre Bronze Saints, le rang le plus minable de votre armée. Ça ne suffira pas pour satisfaire Sa faim, mais on se contentera de ça pour l'instant.

— Comment ? intervint Seiya.

— Mais je vais d'abord vous tuer, continua Encélade sans tenir compte de Seiya. »


Le Géant brandit son bâton et commença à concentrer une énergie destructrice.


« Une nouvelle onde de choc va s'abattre sur nous, dit Shun, chaînes sur le point d'attaquer.

— Et merde ! On ne peut pas se permettre d'être encore plus blessés ! On aura pas d'autre chance ! dit Seiya.

— Il faut le prendre de vitesse », continua Hyōga.


Pégase, Andromède et le Cygne se mirent en posture de combat, faisant apparaître autour de trois jeunes gens des auras représentant leurs constellations protectrices tandis que des étoiles dansaient dans la caverne.


« Brûle mon Cosmos ! » cria Seiya, prêt à attaquer.


Un Big Bang se produisit. C'était là le pouvoir capable de créer des miracles. Une personne poussant son Cosmos à son paroxysme pouvait s'éveiller au Septième Sens et atteindre une puissance comparable à l'énergie qui avait donné naissance à l'Univers.


« Prends ça, Encélade ! »


Le cheval ailé Pégase s'élança, porté par ses ailes, tandis que la chaîne nébulaire fendit l'air telle la foudre et que le Cygne dansa majestueusement.


« C'est inutile ! » cria le Géant.


Soudain, Seiya cracha une gerbe écarlate. Du sang.


« Seiya ! » cria Shun, tandis que Hyōga restait silencieux.


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Les deux Saints, sous le choc, avaient abaissé leurs poings. Une main pareille à un couteau venait de transpercer la Cloth de Pégase pour s'enfoncer dans les côtes de Seiya.


« Me... i..., articula Seiya d'une voix à peine audible, à l'attention de son demi-frère, avant de tomber à genoux.

— C'est inutile, répéta une voix ténébreuse.

— Qu'es-ce que... pourquoi ? Mei ! » cria Shun, avec un ton désespéré.


Même Hyōga, habituellement imperturbable, était décontenancé devant cette scène. Mei venait d'assassiner Seiya. Mei retira d'un mouvement brusque du corps de Seiya cette main jusqu'alors enfoncée jusqu'à la base des doigts, ce qui ne fit qu'accélérer l'écoulement d'un sang bien réel.


« Ce Cosmos... » prononça Shun d'une voix tremblante.


Ils ressentirent une sensation extrêmement oppressante. Celui qui se trouvait là n'était certainement pas ce soldat qui n'avait pas réussi à devenir un Saint. Mei passa son doigt sur son visage. Un maquillage sanglant.


« Quelle intensité ! Je n'ai que rarement ressenti un Cosmos aussi immense par le passé.Cette Volonté est certainement celle d'un... »


En un instant Shun et Hyōga s'écartèrent simultanément de Mei, veillant à maintenir une bonne distance entre lui et eux. Il leur était devenu impossible de supporter plus longtemps l'intensité de ce Cosmos.


« Est-ce vraiment Mei ? dit Shun.

— Non, répondit le Cygne.

— Hyōga ?

— C'est impossible, ça ne peut pas être lui ! »


Hyōga se tenait en position d'attaque, considérant en ennemi ce frère né d'une mère différente.


« Une certaine puissance était nécessaire à la résurrection de cet Etre Vénéré ! gronda Encélade.

— La puissance de cet Etre Vénéré est si immense qu'Athéna a apposé un sceau ne pouvant être détruit, du moins à moins de déployer une énergie rivalisant avec celle qui a donné naissance à l'univers ! C'est pourquoi le sacrifice d'un Saint était primordial ! continua-t-il.

— Comment ?

— Pour le sang des Saints ! Ce sang imprégné de ce qui est le pouls de vos existences ! Le Cosmos ! cria Encélade, enthousiaste, les bras déployés en signe de vénération envers son dieu tandis que des larmes des joie coulaient sous son masque démoniaque.

— "Résurrection" dis-tu ? Qui est donc cet "Être" dont tu parles ? demanda Shun.

— Il parle de cet Être Vénéré, beau et jeune Andromède.

— Hein ? »


Les yeux de Shun devinrent comme des soucoupes. Thoas, le Coup de Tonnerre, venait soudain d'apparaître dans ce temple souterrain.


« Toi, Thoas ! »


Mais il n'y avait pas que ça, car Agrios, la Force Brute, venait également d'arriver près de Thoas, tous deux alignés devant l'autel de pierre.


« Tsss ! Vous me tapez vraiment sur les nerfs ! Ne me dites pas que vous avez osé oublier jusqu'au nom de cet Être Vénéré, Saints d'Athéna !

— Ki hi hi, on va les aider à s'en rappeler alors !

— Pallas !

— Cet Être Vénéré est celui qui porte le nom du Vent, ki hi hi hi ! »


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Le quatrième Géant, Pallas de la Stupidité venait lui aussi de faire son entrée en scène, se grattant la joue avec une griffe. Il arrivait depuis le tunnel menant à la caverne, bloquant ainsi le passage aux Saints qui étaient désormais entourés de part et d'autre.

« C'est impossible ! Ces deux-là devraient être morts !

— Vous pensiez nous abattre avec des attaques aussi faibles ? Vous vous foutez de qui ? rétorqua Agrios en fronçant les sourcils pour exprimer sa colère.

— N'étaient-ce que des illusions ? Nous auraient-ils fait voir des chimères afin de nous faire croire à de fausses victoires ? Mais pourtant..., dit Shun.

— Qu'est-ce que les Saints sont naïfs. Vous pensiez vos victoires acquises sans même prendre la peine d'aller vérifier de plus près les cadavres. Phlegra s'étend sur tout l'Etna, prodiguant sa protection à ceux parés d'Adamas et aspirant petit à petit les forces des autres.

— Telle est la protection que nous offre cet Être Vénéré ! cria Encélade avant de commencer à prier son dieu, tourné vers l'autel.

— Venez à nous, ô notre dieu ! continua-t-il de cette voix guerrière qui secouait le temple souterrain.

— Celui qui est né de Gaia et du Tartare, le plus jeune descendant de la lignée des Géants ! Celui qui est le père de tous les vents déchaînés ! Le géniteur de tous les monstres maléfiques ! Notre très estimé frère cadet ! L'être aux cents têtes de serpents muni de langues noires ! Celui dont les yeux vomissent des flammes ! Le temps est venu de prononcer Votre véritable Nom ! »


Le Haut Prêtre ne cessait de démultiplier les surnoms et épithètes, chantant un aria à la gloire de celui qu'il vénérait. Il brandissait son bâton orné de sculptures maléfiques dans un état de transe extatique, qui n'était pas sans rappeler celui des prêtresses de Bacchus. Il menait un rituel.

Mei émit soudain un hurlement rauque.


Sa peau d'humain se brisa et fut peu à peu retirée en lambeaux. Des frissons parcoururent les échines de Shun et de Hyōga, qui assistaient abasourdis à cette étrange scène. La couleur des ténèbres vint remplacer la teinte d'argent des cheveux de Mei, se répandant de la racine des cheveux jusqu'à leur extrémité.

Un ogre. Un ogre affamé était en train de rugir. Il se mit à lécher ses doigts encore empreints du sang frais de Seiya, puis vola la gorge et la langue de Mei afin de prononcer son véritable nom.

« Mon Nom est Typhon. »

Chapitre 4.5

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Cette voix ténébreuse semblait issue des abysses de la terre. C'était l'être dont les yeux vomissaient des flammes, à cent têtes de serpent aux langues noires, le géniteur de toutes les créatures maléfiques, le père de tous les vents déchaînés.

« Mon Nom est Typhon. »


C'était le dernier être de la lignée des Géants, né de l'union de Gaia et du Tartare.


« L'être immense sans égal qui dissimule les étoiles et les nuages, celui qui régnera sur ce monde, celui qui va abattre les Saints, celui qui va tuer Athéna... notre très estimé frère cadet.

— Je suis...

— La Volonté qui guide les Géants, répondit Encélade.

— Je suis...

— L'Etre que nous vénérons, notre Dieu », dit Encélade en s'adressant à Mei, ou plutôt à celui qui aurait du être Mei, tout en continuant cet aria à la gloire de son dieu.

Les quatre Géants étaient prosternés devant Mei tandis que l'intérieur de la caverne était inondé de lumière. Shun et Hyōga commençaient à avoir du mal à observer la scène.


« Mes yeux sont si douloureux et j'ai... peur..., dit Shun en gémissant.

— Ne laisse pas cette peur de dévorer, Shun ! dit Hyōga.

— Hyōga...

— Ne crains pas ce dieu maléfique. Il ne faut pas le regarder avec peur.

— Ce dieu... qui est pourtant Mei...

— De notre côté, nous sommes protégés par Athéna et par les astres. Préserve ton Cosmos. Si tu succombes à la peur, si tu la laisses s'emparer de toi, alors elle dévorera jusqu'à ton égo. »


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La peur, la véritable essence des dieux. Originellement, les dieux sont nés de la peur. Des gens vénérant la Peur offraient des sacrifices à des divinités afin d'apaiser leur terreur. C'était une Volonté Divine dans sa forme la plus archaïque, brute, qui avait investi le corps de Mei pour en faire sa marionnette.

« Mon Nom est Typhon.

— Oui, lui répondit Encélade.

— Mais quelle est la raison de ma présence dans une chair aussi frêle et hideuse ? Qu'est devenu mon corps étincelant ? Qui l'a dissimulé ?


Le dieu grogna, émettant une vague de Terreur. Shun et Hyōga eurent l'impression que leurs cœurs étaient broyés par cette peur. Les Géants, pourtant proches de Typhon, ne furent pas effrayés, bien que leurs corps tremblèrent sous le choc.


« Mon très estimé frère, laissez-moi vous aider à vous remémorer la Gigantomachie d'autrefois, en dépit de la crainte que je ressens à vous en faire part. Sachez que votre corps étincelant fut entièrement détruit par Athéna, et qu'ensuite le sol rocheux de cette île devint la voûte de la prison dans laquelle vous futes scellé », expliqua Encélade, qui évitait soigneusement de prononcer le nom de son dieu.


C'est en effet ainsi qu'étaient vénérés les dieux archaïques. Les gens pensaient alors que poser directement son regard sur la véritable forme d'un dieu suffisait à crever leurs yeux, et dans une logique semblable, ils croyaient aussi qu'invoquer le nom d'un dieu leur vaudrait d'avoir aussitôt la langue arrachée, les privant à jamais de la parole.


« Très bien, je comprends, répondit Typhon, qui utilisait le corps de Mei comme son avatar et dont la colère s'apaisait.

— Oui, conclut Encélade.

— Et donc, où se trouve mon corps étincelant ? » reprit Typhon.


Encélade, surpris, en resta sans voix.


— Mes chers aînés, où avez-vous donc dissimulé le corps étincelant de votre frère cadet ? » redemanda Typhon.


Le dieu envoya une nouvelle onde de choc qui retentit en un claquement sec et rompit le bâton sculpté d'Encélade.


Cette discussion était devenue incohérente, les paroles de Typhon ne suivant aucune logique. Il se contentait de vomir autour de lui sa Colère, n'écoutant que sa propre personne, comme le ferait une tornade errant de ci de là. Cependant, ces Géants pourtant pleins d'orgueil ne semblaient pas prendre offense du comportement de leur dieu. Pour eux, Typhon était une incarnation de la Terreur, et il convenait donc d'apaiser le dieu pour atténuer la peur qu'il inspirait. Encélade répondit en tenant le manche brisé de son bâton d'une main tremblante.


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« En dépit de la crainte que je ressens, sachez que celui qui a choisi cet hôte temporaire pour le manipuler tel une marionnette afin de nous libérer des entrailles de la terre, n'est autre que vous, ô mon frère cadet. C'est votre Volonté qui s'en est servi pour sauver les Géants. Mais il est certain qu'un corps aussi misérable n'est guère satisfaisant.

— Très bien, je comprends. »


Mei, désormais Typhon, baissa la tête afin d'inspecter son corps nu.


« Haut Prêtre.

— Oui ? »


Typhon lui aussi prit soin de ne pas prononcer les noms des Géants, peut-être à cause d'une croyance archaïque selon laquelle celui qui aurait son véritable nom prononcé par un dieu se retrouverait avec les oreilles en sang et deviendrait fou.


« Quelle est cette chair frêle et hideuse ? »


Une fois de plus, Encélade, surpris, ne sut que dire.


« Ce corps n'est pas assez fort. Pas assez... pas assez... pas assez... pas assez... pas assez... pas assez..., ruminait le dieu avec insistance.

— Je vous avais donné l'ordre de me donner en offrande le sang des Saints, ce mets qui me permettrait de briser le sceau d'Athéna et de quitter les entrailles de la terre pour remonter vers la surface, continua-t-il.

— Nous vous les avons apportés, répondit Encélade.

— Très bien, je comprends, dit Typhon en posant son regard sur les Saints tandis qu'un tourbillon de sang envahissait ses yeux maléfiques.

— Voici donc les sacrifices ? » ajouta-t-il.


Shun eu l'impression d'être sur le point de mourir en croisant ce simple regard, tandis que sa chaîne nébulaire, réagissant à la peur inspirée par le dieu, se tendit autant que la corde d'un instrument de musique tout en émettant un hurlement strident.


« Je pensais qu'ils nous attiraient seulement dans un piège, mais maintenant ils parlent de sacrifice ? » dit Shun tandis que Hyōga restait les lèvres pincées, attentif aux événements qui se déroulaient.

« Alors ce serait en réalité pour obtenir le sang des Saints que les Géants ont enlevé Yulij ? Ils voulaient juste nous attirer dans l'Etna ? Mais... pourquoi Mei ? » termina Shun.


"Et pourquoi du sang ?" aurait-on pu se demander. La raison en était que le sang des Saints est gorgé de ce qui est la source de toute énergie vitale, le Cosmos, qui parcourt l'intégralité de leur corps via la circulation sanguine. Une Cloth endommagée au cours d'un combat au delà de ses capacités de régénération est considérée comme morte, et l'unique moyen de la ramener à la vie est alors de la nourrir d'une importante quantité de sang de Saint. Ceci est une preuve de la présence physique du Cosmos dans leur sang. Qui plus est, ces réparations sanglantes, presque un rituel sacrificiel, investissent la Cloth d'une nouvelle vitalité renforcée.


« Certes, l'entraînement que nous subissons pour devenir Saints d'Athéna nous amène à nous éveiller au Cosmos, et nous possédons effectivement un pouvoir particulier mais...

— Offrez-vous en sacrifice », ordonna Typhon en fixant Shun et Hyōga de son maléfique regard de flammes.

Typhon, autrefois Mei, se rapprocha lentement des Saints.


« Quelle pression ! Ce Cosmos rivalise avec celui d'Athéna et est bien celui d'un dieu, s'étonna Shun.

— Oui, mais d'une nature bien différente de celui de notre déesse.

— Hyōga...


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— Shun.... il se pourrait bien que l'on meure ici, dit Hyōga, en position de combat, avec la gorge sèche et l'air déterminé de quelqu'un résolu à se battre avant de mourir.

— Offrez vous en sacrifice », répéta encore une fois Typhon, comme si il venait d'oublier ce qu'il avait déjà dit.

Il s'avança, pénétrant sans peine le rideau de métal de l'Andromeda Nebula et le mur d'air froid que Shun et Hyōga avaient pourtant dressés pour se défendre.

Typhon, autrefois Mei, fondit soudain sur eux, mains en pointes, prêt à les transpercer simultanément à la gorge.


« Je te somme d'arrêter ! » déclama une voix autoritaire.


La silhouette d'une jeune femme en lévitation apparut , descendant en flottant vers les profondeurs de l'Etna après avoir ouvert une faille dans la voûte de la caverne. Dans sa main se trouvait Niké, la déesse de la Victoire, matérialisée sous la forme d'un sceptre d'or. Typhon émit un grognement de surprise et resta scruter d'un œil perçant cette nouvelle venue.


« Dernier fils de la lignée des Géants, père de tous les vents mauvais, je ne te permettrai pas de blesser mes Saints.

— La vierge aux couleurs de cendres, lui répondit Typhon, utilisant lui aussi un surnom envers la déesse qu'il haïssait tant.

— Typhon.

— Athéna. »


Leurs paroles semblèrent exploser l'une contre l'autre, comme si ils venaient de prononcer des incantations magiques. Les deux dieux majeurs qui se faisaient face furent en l'espace d'un instant enveloppés de halos lumineux. Une énergie pareille à celle dégagée par la collision de deux galaxies fût relâchée dans une lumière aveuglante. Leurs Volontés Divines s'étaient entrechoquées dans cette caverne alors que les deux dieux avaient abandonné leurs six premiers sens, ne gardant que le Septième Sens, résumant leurs êtres au Cosmos.

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« Mademoiselle Saori ! cria Shun.

— Shun, Hyōga, êtes-vous sains et saufs ? » leur demanda Saori Kido, qui se tenait calmement au sein de ce halo en tant qu'Athéna.

Elle s'agenouilla auprès de Seiya, étendu par terre et blessé, puis passa sa main au dessus de lui pour le guérir. Comme par miracle, l'hémorragie de Seiya s'arrêta.

« Ouf, dit-elle en poussant un soupir de soulagement après s'être assurée qu'il respirait encore.

— C'est pas possible ! Elle se serait directement téléportée du Sanctuaire jusqu'ici ? » dit Encélade d'une voix tremblante.


Les Géants avaient eux aussi été ébranlés par le choc des Volontés Divines qui les avait frappés de plein fouet.


« Comment ? Que dis-tu ? Ça ne se peut pas ! L'Etna est protégé par Phlegra, la zone de protection qu'Il a érigée pour nous ! cria Agrios.

— Il a raison... quel que soit le nombre de personnes ou leurs capacités à traverser les dimensions, nul être dépourvu d'une Adamas ne devrait pouvoir atteindre aussi facilement ce temple souterrain, continua Thoas tout aussi affolé.

— Oui, si notre adversaire était un de ces Saints.

— Encélade ?

— Vous avez oublié ou quoi ! Même si vous ne voyez là qu'une gamine, il s'agit bel et bien d'Athéna, une déesse d'une puissance comparable à Celui que nous vénérons ! »


Ces robustes Géants se sentaient écrasés par la présence d'Athéna, qui n'était pourtant là que sous la forme d'une simple jeune fille.


« Cette fille m'inspire aussi une certaine Peur, bien que celle-ci soit de nature différente de celle qui émane de l'Être que nous vénérons. »


Le dieu des Géants, quant à lui, se tenait là dans le corps de Mei, complètement nu, les cheveux intégralement devenus noir de jais et avec un regard maléfique dans lequel dansaient des flammes.


« Tu as donc créé une brèche dans la zone de protection que j'ai instaurée, dans Phlegra. Je vois, c'est donc bien là la puissance d'Athéna.

— Typhon... dit Athéna en pointant son sceptre d'or vers lui.

— Pourquoi es-tu venue ici ?

— J'ai senti les ondes de choc créées par ton Cosmos ébranler cette Terre, chevauchant les vents mauvais depuis la Sicile et traversant la mer jusqu'au Sanctuaire en Grèce.

— Je vois. Tu étais déjà ainsi lors de l'antique Gigantomachie. Dès le commencement, prête à te ruer tête la première vers la mort, peste que tu es.

— Sors de ce corps. Quitte Mei.

— Je vois. On dirait bien que d'une manière ou d'une autre tu t'es entièrement réincarnée en cette ère. Ce n'est pas mon cas. Ce corps n'est que ma marionnette. Je suis désavantagé dans ce misérable corps humain.

— Prête attention à ce que je dis.

— Ce corps est vraiment trop frêle », continua Typhon en ignorant totalement Athéna.


Il n'y avait aucune possibilité de dialogue, Typhon se contentant juste d'énumérer à voix haute ce qui lui passait par la tête. Il s'avança nonchalamment vers l'autel de pierre en continuant d'ignorer Athéna.


« Haut Prêtre.

— Ou... oui ? répondit Encélade en s'agenouillant.

— Où se trouve mon corps étincelant ? Où sont mes sacrifices ?

— Ils se trouvent ici, dit Encélade en montrant Yulij enchaînée, toujours inconsciente.

— Je vois, dit Typhon en s'apprêtant à la tuer.

— Stop !

— Comptes-tu me tuer en me transperçant de ton sceptre d'or ? lança Typhon à Athéna, tout en lui tournant le dos.

— Hein ?

— Ce n'est pas le genre de choses dont Athéna est capable. La Volonté d'Athéna ne le permettrait pas. Bien que je ne comprenne pas pourquoi, voir ses Saints blessés peine Athéna au plus haut point. Or, ce frêle corps dont j'ai fait mon hôte, Mei, en fait partie. »

Athéna ne put répondre quoi que ce soit.

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« Celui qui est ici est après tout un de tes Saints bien aimés, ou du moins quelque chose comme ça », continua Typhon en regardant Athéna de profil avec un sourire pervers tandis que celle-ci serrait les dents. Exception faite des cheveux noir de jais, ce visage était toujours celui de Mei.

— Si tu me transperces, Mei meurt. Si tu hésites, cette fille qui m'est offerte en sacrifice meurt. Dans les deux cas, un de tes Saints mourra. La Volonté d'Athéna est une chose si ridicule. »


Mei, désormais Typhon, écarta ses bras. Du sang coula, le sang d'un sacrifice offert à Typhon.


« Comment ? cria Hyōga.

— Hein ? » dit Shun, tout aussi surpris.


Ni les deux Saints, ni même Athéna ne purent en croire leurs yeux. Typhon avait mis ses mains en pointes et transpercé deux torses en y enfonçant ses bras jusqu'aux coudes. Les extrémités de ses avant-bras ressorties dans les dos des victimes dégoulinaient de sang frais. Deux Adamas étaient brisées.


« Vous.... ?

— Pour... quoi... ? »


Mei, désormais Typhon, avait son corps nu luisant de sang et de gras corporel.

« Insuffisant », dit Typhon.


Chapitre 4.6

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Agrios et Thoas, dont les Adamas avaient été brisées, se tenaient encore debout, pris de convulsions. Mei, désormais Typhon, avait mis ses mains en pointes telles des burins et ensuite perforé l'estomac des deux Géants. Il retira violemment ses mains de leurs corps en arrachant leurs entrailles avec un bruit sinistre. Les intestins blanchâtres des Géants étaient en partie sortis de leurs corps. Sous le coup de la pression interne de leurs corps, le reste de leurs intestins fut alors projeté et leurs boyaux allèrent s'écraser contre le sol. Les deux Géants s'écroulèrent. Le sol entourant l'autel absorba le sang répandu par terre. Un choc ébranla la caverne, faisant trébucher le Haut Prêtre. Les pulsations de Phlegra, nourri par l'expansion du Cosmos de Typhon, gagnèrent en vivacité.


« Insuffisant », protesta Typhon d'une voix sortie des entrailles de la Terre.


Encélade se remit debout, presque au garde-à-vous en entendant la voix de son dieu. Il n'était d'ailleurs pas le seul à s'efforcer de garder une attitude stoïque par respect pour son dieu. Même Agrios et Thoas, qui baignaient dans une mer formée de leurs propres entrailles, leurs visages déformés par la douleur, faisaient de leur mieux pour surmonter leur douleur, regardant leur dieu avec le respect qui lui était dû.


« Offrez-vous en sacrifice. La puissance que Je possède actuellement ne m'évitera pas de me faire à nouveau sceller par Athéna. Offrez-moi tout ce que vous avez. Extirpez-moi des profondeurs de la Terre. Libérez-moi. Sacrifiez-vous », ordonna Typhon, qui forçait sa Volonté sur les Géants par la Peur qu'il inspirait.


Agrios et Thoas, qui se savaient condamnés, se soumirent à la Volonté de leur dieu, et enflammèrent leurs Cosmos dans leurs derniers moments d'agonie.


« Typhon ! » crièrent Thoas, le Coup de Tonnerre, et Agrios, la Force Brute, en rendant leur dernier souffle.


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Au moment où ces mots quittèrent leurs bouches, les Cosmos des deux Géants devinrent des flammes qui partirent envelopper Typhon.

« Haut Prêtre.

— Oui.

— J'ai besoin que mon frère aîné m'offre son corps. Ce frêle corps humain ne pourra supporter les Cosmos déchaînés de nos frères, il va être détruit de l'intérieur.

— Très bien, répondit Encélade paralysé par la peur.

— Offre-toi en sacrifice », Encélade.


Le Haut Prêtre des Géants devint soudain rigide, comme frappé par la foudre. Sur une simple invocation de son dieu, Encélade, le Cri de Guerre, était entièrement tombé sous le contrôle de Typhon, et se tenait debout, le regard vide, tel une simple poupée au masque de démon.


« Athéna, as-tu l'intention de me tuer en me pourfendant de ton sceptre d'or ? Tu n'es pas capable d'une telle chose. Ridicule déesse. Comment peux-tu éprouver de l'amour envers ce misérable corps humain ?

— Cesse d'aboyer.

— Très bien. »


Athéna fut assez surprise par cette réponse.


« Je n'en ai plus besoin. »


Un violent ouragan naquît, provoquant des frissons sur les peaux fouettées de ceux qui se trouvaient dans la caverne. L'aura autour de Mei sembla sortir de l'intérieur de son corps fragile en le déchirant. Elle prit la forme de flammes noires et commença à se séparer de lui.

C'était l'essence même de Typhon, lui le père de tous les vents mauvais dont le nom était l'origine du mot éponyme désignant les cyclones en de multiples langues, et ce même en japonais.


« Typhon ! »


La Volonté du dieu des Géants marqua un temps d'arrêt alors qu'elle s'apprêtait à se déplacer vers le corps d'Encélade.


« Qui ose prononcer Mon Nom ?

— Moi.

— Comment ? s'indigna le dieu.

— Mei ! » cria Athéna.


Une transformation s'était indubitablement produite chez celui dont Typhon avait fait sa marionnette. Le noir de jais était en train de finir de disparaître, de pointes jusqu'à la racine des cheveux, révélant à nouveau leur couleur argentée. Les tourbillons de flammes qui habitaient ses yeux s'étaient évanouis et c'était désormais sa propre volonté qui s'exprimait au travers de ses lèvres au lieu de celle de Typhon.


« Saori...

— Mei ? dit Athéna d'une voix émue qui révélait son cœur humain de jeune fille.

— Fais-le... détruis ce dieu maléfique en transperçant mon corps sur le champ avec ton sceptre d'or, demanda Mei à Athéna tandis qu'il menait une lutte interne pour garder le contrôle de son corps.

— Mais tu...

— Ce n'est pas le moment d'hésiter ! Il n'y aura pas d'autre chance, fais-le ! Dépêche-toi avant que Typhon ne quitte pour de bon ce corps ! »


Athéna hésitait toujours.


« Tu es la déesse Athéna de cette ère, non ?

— "La protectrice de ce monde !" », ajouta-t-il, non pas de sa voix douloureuse et faiblissante, mais à travers le Cosmos émanant du plus profond de lui-même.

Typhon tel qu'il est représenté sur une jarre antique

« Je vois. Le début de mon transfert vers le corps de mon frère aîné a affaibli l'emprise que j'ai sur cette marionnette, ce qui a permis à son âme de refaire surface, dit Typhon.

— Je ne suis pas ta marionnette, Typhon ! Je suis Mei, un Saint d'Athéna !

— Marionnette tu es, simple poupée gémissante manipulée.

— Comment ?

— J'étais scellé depuis longtemps dans les profondeurs de la Terre, mais c'est toi qui est venu te mettre à portée de ma main. Insignifiant humain. N'es-tu pas celui qui s'est montré devant moi, sans même comprendre ce qui se passait ?

— La ferme ! »


Mei se tint recroquevillé sur lui-même, les bras croisés en se saisissant les épaules de ses mains maculées de sang, comme pour empêcher la Volonté de Typhon de s'enfuir. Au sein d'un halo chatoyant, le dieu partiellement libéré jeta un regard en arrière vers Athéna.


« Alors, vas-tu tenter de me transpercer de ton sceptre d'or ?

— Tu es pareil à un vent destructeur, seulement capable de répandre la peur autour de toi. Une bête maléfique affamée. Que désires-tu en essayant de renaître en cette ère ? Une âme aussi pervertie que la tienne ne pourra être satisfaite que par la destruction de ce monde, et même par ta propre annihilation une fois que ce sera fait !!

— Quelle est la place des Géants en ce monde ? Quelle est leur demeure, à eux qui me vénèrent ? dit Typhon, répondant par une question.

— Pardon ?

— Quel est le lieu où les Géants peuvent vivre paisiblement ? N'a-t-on pour seul choix que cet espace entre Gaia et le Tartare ? Cette prison abyssale que même la lumière cherche à fuir ? Chienne ! Prostituée qui se prétend protectrice de la Terre ! »


Au travers de la Volonté de Typhon s'exprimaient aussi de façon chaotique les Cosmos des Géants sacrifiés qui s'étaient ajoutés au sien. À ce moment-là, une forme en profita pour se rapprocher de Mei et le trancha avec une griffe.


« Ki hi ! gloussa le Géant.

— Pallas ? » dit Mei en laissant échapper un gémissement de douleur.


Pallas de la Stupidité s'était rapproché silencieusement de Mei, tel une ombre, et l'avait cisaillé dans le dos. Du sang apparut sur cette blessure et commença à couler sur le sol. Le jeune homme chancela, le corps lourd comme un roc. C'est alors que la totalité de la Volonté de Typhon se mit à briller d'un éclat plus radieux que jamais. Cette Volonté migra vers le corps subjugué d'Encélade, puis Typhon s'appropria la totalité de l'énergie qui avait jusqu'alors été accumulée dans Phlegra.


Le dieu, entouré d'un vortex lumineux, changea de forme. Le masque de démon d'Encélade se brisa et tomba en morceaux épars sur le sol. L'Adamas en forme de vêtement de cérémonie fut détruite, comme si ce n'était que la vieille peau d'un serpent qui mue, et ses morceaux tombèrent sur le sol pour devenir de la poussière emportée par le vent tourbillonnant. En contrepartie, la peau du Géant qui se déchirait révéla l'éclat d'une nouvelle Adamas cachée provenant de l'intérieur de son corps.

Onyx

Cet éclat était celui d'un Onyx sombre comme les ténèbres. Ce corps était désormais puissant, et noire était sa langue. Son œil droit était imprimé d'un ardent blason de flammes. Le dieu des Géants vêtu d'un vent destructeur venait enfin d'apparaître après s'être nourri de tant de sacrifices.


« Athéna », dit ce dieu à la forme complètement asymétrique.


Le côté droit de son corps était constitué d'une infinité de flammes, tandis que le gauche était parcouru par un vent sauvage. Son côté droit et son côté gauche semblaient séparés verticalement par une ligne car tout était différent, que ce soient la couleur de la peau, de ses yeux, de ses cheveux, ou bien encore la forme de l'Adamas qui semblait faire partie de lui.


« Athéna, toi et tes Saints menez toujours de violents combats en revendiquant protéger la paix et l'amour sur Terre. N'y a-t-il pas là une certaine contradiction ? »


Typhon était réellement beau, et il ne s'agissait pas que de son apparence, mais aussi de sa voix. Des flammes jaillissaient de l'iris de son œil droit, décorant le contour de son œil à la manière d'un sourcil. Le côté droit de son corps était parcouru d'éclairs bleus et blancs sortant par intermittence des pores de sa peau.


« Athéna, tu justifies les batailles que tu mènes en brandissant l'étendard de la Justice, faisant même une véritable propagande en les appelant "Guerres Saintes".

— Tais-toi ! Et pour vous autres Géants, quel est donc cette conception de la Justice qui diffère tant de celle d'Athéna ?

— Tu te trompes. Ce n'est pas le point sur lequel repose ce combat.

— Comment ?

— Le pire des crimes serait plutôt le fait d'oublier ses pêchés en espérant que ceux-ci soient ensevelis par le temps passé. Athéna, as-tu oublié la raison même de cette guerre ? Ce combat entre toi et Moi, cette lutte opposant les Géants aux humains. Si tu ne t'en souviens pas, je vais t'aider à t'en rappeler. Ceci n'est pas une Guerre Sainte.

— Que veux-tu dire ?

— C'est une Gigantomachie. »


Les mots de Typhon frappèrent Athéna comme si ils étaient devenus foudre, stimulant les souvenirs de la déesse.


« Quelle est la véritable Justice ? Quels sont les idéaux les plus justes ? Et au fond, qu'est-ce que la Justice ? Et qu'en est-il de l'amour ? Qu'est-ce qui constitue la véritable paix ? Ah, quel ennui. Quelle rhétorique inutile. Cessons donc cette joute verbale. Écoute. Depuis le début, ceci n'est qu'un combat primitif. Une lutte naturelle pour la survie que nul ne peut stopper », annonça le dieu des Géants.


Seiya était étendu par terre, Shun et Hyōga impuissants et Yulij enchaînée. Les Saints d'Athéna n'étaient pendant ce temps que des spectateurs impuissants.


« Le moment est venu pour Moi de quitter ce lieu. J'ai encore besoin de temps avant de m'adapter à ce nouveau corps.

— Typhon ! cria Athéna.

— Et toi Mei, frêle marionnette, sache que tu m'appartiens. »

Fanart de Typhon par AbottleYang

Typhon écarta ses bras comme, prêt à les abattre sur Mei, qui gisait là, incapable de bouger après avoir reçu une si profonde entaille des griffes de Pallas.


« Je vais te dévorer ici-même !

— Mei ! »


Typhon abattit ses bras vers Mei tels deux pointes constituées de flammes et de vent furieux. Mais à cet instant-même, Athéna lança son sceptre d'or, qui vint s'interposer devant les poings du dieu, le forçant à s'arrêter. Les deux Cosmos divins entrèrent en collision au dessus de la tête de Mei.

Soudain quelque chose apparut.

Typhon et Athéna observèrent tous deux avec attention ce nouvel élément. Les énergies du choc s'étaient quant à elles annulées l'une l'autre en une explosion destructrice qui continuait encore à tourbillonner autour d'eux.


« C'est... une Pandora Box ? »


Au centre de ce tourbillon se tenait Mei, protégé par une boîte close sacrée ornée d'étoiles de la voûte céleste. Typhon sembla se souvenir de quelque chose. Cette boîte n'était ni d'or, ni d'argent, ni de bronze. Elle était complètement noire.


« Cette Cloth est.. » commença Typhon.


Le relief gravé sur la boîte devait effectivement faire partie des constellations, bien qu'il aurait été difficile d'identifier laquelle.


« Je te l'ai déjà dit, Typhon ! cria Mei qui venait de retrouver sa voix, toujours par terre.

— Vermine.

— Je ne suis pas ta marionnette. Je suis... l'un des Saints d'Athéna ! »


Fanart de Mei par RGXD0

La boîte s'ouvrit, révélant un éclat. Ou plutôt, on aurait dit qu'au contraire elle aspirait vers elle la lumière. La lumière prit forme, et révéla la forme d'une chevelure de femme vue de dos. Cette longue chevelure courbée était parcourue par un scintillement comparable à celui de la lame nue d'une épée. Le sombre totem se sépara en de multiples morceaux qui allèrent recouvrir le corps nu de Mei.

Typhon prononça le nom de la constellation correspondant à cette Cloth, se rappelant qu'elle était restée scellée en compagnie de sa Volonté depuis des temps immémoriaux.


« Misérable ! Tu es le Saint de la Chevelure de Bérénice. »


Mei porta un coup vers la mâchoire de Typhon en criant, profitant de ce moment d'inattention. Le dieu des Géants, les bras encore bloqués par l'assaut d'Athéna, ne put que se prendre de plein fouet cette attaque qui le projeta en arrière. Typhon cracha du sang. La mâchoire du puissant Géant était fendue.


« Je... par un Saint d'Athéna... »


Mais cette attaque fut l'ultime coup de Mei, qui perdit connaissance en tombant en avant, ayant épuisé tout ce qui lui restait de Cosmos.


« Je n'ai dons pas encore récupéré la totalité de ma puissance », grogna Typhon en se touchant le menton de sa main droite, l'air contrarié.


Il frappa soudain le sol de son poing de flammes, créant une large crevasse dans un bruit sourd. Une immense colonne de flammes surgit du sol en rugissant et en tourbillonnant à la manière d'une tornade. L'immense caverne fût agitée par d'importantes secousses accompagnées de grondements, et elle commença à s'effondrer, des rochers entiers s'abattant sur le sol tels une pluie de météorites. Le pilier de flammes de Typhon poursuivit sa course vers la voûte de la grotte, traversa le sol de la Sicile et perça finalement la surface de l'île pour atteindre les cieux.


« La guerre qui va se dérouler n'a nul sens à consigner dans l'Histoire », dit Typhon.


Il baigna avec le plus grand calme son corps dans la colonne de flammes et disparut. Du magma bouillonnant jaillit de la crevasse pour se répandre dans la caverne.


« Athéna, mène ce combat avec l'intention de me tuer, car Moi je me bats pour te tuer. »


L'Etna, qui avait été la clé de voûte de la prison où était scellé Typhon, fût finalement complètement pulvérisé par des flammes destructrices.

Intermission - Epilogue

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Le Sanctuaire, Palais du Pope.

Nicol s'adressa à Seiya, Shun, Hyōga et Kiki, réunis devant lui.

« Il semblerait que les faits concernant Mei dans cette histoire remontent à peu de temps avant le conflit interne provoqué par la "Rébellion de Saga". Apparemment, Mei aurait reçu de son maître l'ordre de passer le test final permettant de déterminer si il était ou non qualifié pour devenir un Saint.

— Mais alors, ça signifierait qu'au moment où nous sommes devenus des Saints, Mei avait lui aussi atteint l'étape finale de son entraînement ! intervint vivement Seiya, en dépit de la blessure encore douloureuse dans son dos.

— Mei nous avait pourtant dit que comme son maître avait péri lors de la "Rébellion de Saga", il lui avait été impossible de passer les épreuves lui permettant d'être reconnu en tant que Saint, continua Shun.

— Qu'est-ce que tout cela signifie au juste ? demanda Seiya.

— Il semblerait que Mei n'ait commencé à travailler en tant qu'espion au service du Sanctuaire qu'après la fin de la "Rébellion de Saga". À ce moment-là, il ne devint qu'un simple soldat anonyme, et j'ignorais donc moi-même tout des faits le concernant personnellement. En tant que coordinateur des opérations secrètes, ce n'est qu'à l'occasion du réveil de l'activité volcanique de l'Etna que j'ai été amené à le contacter en Sicile. Je n'ai donc eu que récemment vent de son existence.

— Et quelle était cette épreuve finale ? continua le Cygne.

— Il devait récupérer lui-même la preuve montrant que l'on est un Saint.

— Autrement dit, une Cloth ?

— En effet cette Cloth était ornée d'un sceau d'Athéna, enfermée dans le temple souterrain de l'Etna avec les Géants.

— Et je suppose que cela remonte aux temps immémoriaux de la Gigantomachie ?

— Probablement, répondit Nicol.

— Et donc cette Cloth de je-ne-sais-plus-quelle-constellation a depuis toujours été manquante ? demanda Seiya.

— Si l'on se fie aux chroniques du Sanctuaire, ce serait le cas. ainsi que vous le savez, très peu de gens sont autorisés à consulter ces compilations de manuscrits. En dehors d'Athéna et du Pope, il n'y a guère que l'évêque et les diacres qui le peuvent.

— Actuellement, vous Nicol et..., dit Shun.

— Moi et Yulij », lui répondit Nicol.


Celle-ci avait été secourue par Athéna en même temps que le groupe de Seiya et était actuellement soignée dans une unité de soins intensifs de la clinique Graad. Elle souffrait de fractures aux crâne mais, peut être grâce à sa constellation protectrice, avait malgré tout survécu.

« J'ignorais qu'une telle Cloth existait... Mais comment le maître de Mei savait-il ça ? Il était au courant qu'un temple souterrain contenant cette Cloth scellée existait dans les profondeurs de l'Etna ? demanda Seiya.


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— Le maître de Mei..., commença Nicol avant de marquer un temps d'hésitation.

— C'était l'un de ces Saints rebelles qui se sont rangés du côté de Saga en pleine connaissance de cause avec l'intention de se mettre en travers du chemin d'Athéna, continua-t-il.

— Comment !

— Maintenant que lui et Saga sont morts, on ne pourra jamais complètement faire la lumière sur les tenants et les aboutissants de cette histoire, mais il est probable que le maître de Mei ait formé son disciple avec l'intention d'en faire un allié supplémentaire contre Athéna.

— Je vois ! Si Saga, qui se faisait alors passer pour le Pope, était en relation avec le maître de Mei, il semble probable qu'il ait fait part du secret de cette Cloth scellée à son allié, ça tient debout !

— Ces Géants étaient enfermés là bas depuis les temps de la Gigantomachie, scellés par le sceau d'Athéna, leurs esprits protégeant ce temple souterrain. S'y rendre devait être extrêmement dangereux...

— Pourquoi envoyer son disciple dans un endroit pareil ?

— Il devait penser que la puissance de cette Cloth scellée valait la peine de courir certains risques. Et de son côté, Saga s'attendait à devoir affronter Athéna. En dépit de l'attitude fière que Saga affichait, je suppose qu'au fond de lui-même il devait être effrayé à cette idée. Il devait vouloir réunir de son côté autant de "puissance" que possible, soif encore plus exacerbée par son côté mauvais. C'est sans doute ce qui l'a conduit à violer un secret interdit du Sanctuaire en envoyant quelqu'un dans ce temple souterrain afin de briser le sceau présent sur cette Cloth.

— Mei était-il au courant de tout cela ?

— Non, de toute évidence Mei ignorait les intentions de son maître et sa relation avec Saga. Pour lui, il ne s'agissait probablement que de la véritable épreuve finale avant de devenir Saint. C'est une fois le temple souterrain atteint que Mei a dû être capturé par la Volonté de Typhon qui lui a alors infligé un lavage de cerveau partiel afin d'en faire sa marionnette. Après, ce n'est que pure spéculation, mais je pense que Typhon a du manipuler Mei de manière à ramener les Géants en ce monde. Ensuite il a probablement guetté le moment qui serait le plus propice à sa résurrection. L'Oreste masqué qui nous a attaqués Shun et moi dans le théâtre en plein air de l'Acropole devait être Mei. À mon avis, c'est aussi lui s'est tout de suite après introduit avec les Géants dans le Sanctuaire pour y enlever Yulij.

— C'était...

— C'était Mei ? »

Seiya et Shun se rappelèrent de la silhouette de cet ennemi qui était apparu accompagné d'une odeur animale.


« Personne n'aurait pensé que Typhon pourrait utiliser le sang des Saints et le Cosmos accumulé dans sa zone de protection afin de créer une puissance suffisante pour détruire le sceau d'Athéna, dit Nicol.

— Quelle est exactement la nature de cette Cloth, demanda Hyōga qui était jusque là resté silencieux.

— Hum...

— Évêque, je vous ai entendu dire que cette Cloth noire avait quelque chose de spécial.

— C'est une chose que la déesse Athéna vous expliquera elle-même, répondit-il.

— Mais on a pas vraiment de temps à perdre en discussions, il faut agir maintenant ! dit Seiya en haussant la voix.

— Ça fait déjà plus de dix jours que Typhon s'est éclipsé... et l'éruption de l'Etna a été si puissante que la montagne a carrément été pulvérisée ! On a d'ailleurs pu s'en échapper que grâce à Athéna.

— Une personne blessée ne devrait pas s'exciter autant, Seiya, lui dit Shun.

— Mais...


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— Seigneur Nicol, l'évacuation préventive de la population sicilienne et les patrouilles menées par l'armée ont permis de minimiser les pertes humaines, mais... regardez dans quel état se trouve le monde ! Le nuage de cendres volcanique a atteint la stratosphère et s'est étendu jusqu'en Grèce, porté par le vent, plaida Shun.

— Shun.

— Des dizaines de milliers, voire même des centaines de milliers de gens vivent désormais dans la peur. Et cet immense désastre est dû à un dieu maléfique, à ce Typhon. Qui sait ce qu'il compte encore faire à la Terre ?

— Je sais. Mais pour l'instant discuter de la situation est tout ce que je peux faire, les informa Nicol en prenant un air grave.

— La guerre qui débute désormais contre les Géants est différente des batailles que vous avez déjà mené. Elle a une toute autre signification, continua-t-il.

— Hein ?

— Pour commencer, que sont exactement les Géants ? Ces derniers jours j'ai passé tout mon temps à étudier d'anciens écrits pour trouver une réponse.

— Et donc ?

— À ce que j'en ai lu au sujet de la Gigantomachie, bien avant que les Géants ne soient emprisonnés dans les profondeurs de la Terre, Athéna régnait sur la Terre, Poséidon sur les océans, Hadès sur les Enfers et Zeus sur les cieux. De fait, le monde entier était sous l'égide des dieux Olympiens.

— Poséidon et Hadès en sont venus à convoiter la Terre et ont dans ce but mené de nombreuses guerres contre Athéna. À chaque fois nous autres Saints avons mené des Guerres Saintes afin de protéger l'amour et la paix sur Terre et repousser la convoitise de dieux maléfiques.

— Un de ces Géants m'avait posé des questions sur ce sujet là, intervint Shun.

— Je vois, et que t'a-t-il demandé, Shun ?

— Il voulait savoir ce que nous autres Saints d'Athéna prétendions vraiment protéger.

— Et que lui as-tu répondu ?

— Les innocents, l'humanité.

— Voilà, l'humanité.

— Un instant ! Mais alors vous voulez dire que les Géants... »

Shun venait de comprendre que ses paroles avaient pu être mal interprétées par Thoas.

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« Ne sont pas du tout des êtres humains.

— Quoi ! s'exclamèrent ensemble Shun, Seiya et Hyōga, surpris.

— Il fut un temps dans l'histoire de la Terre où une autre espèce se rendit maître du feu et dévora aussi le fruit de la sagesse, tout comme les humains. Ces êtres étaient cependant bien plus grands et puissants, et eux aussi avaient des dieux qu'ils vénéraient. »


Nicol avait pris le ton d'un professeur d'histoire tenant une conférence.


« Et ces êtres étaient donc les Géants ?

— Les Humains et les Géants sont des espèces incompatibles, des ennemis naturels qui ne peuvent coexister. Une preuve n'en est-elle pas les mythes et contes dans lesquels les Géants sont dépeints comme des êtres malveillants mangeurs d'hommes ?

— Un combat primitif...

— Oui, c'est ce qui est connu sous le nom de "lutte pour la vie" (NDT: Charles Darwin), le combat entre deux espèces pour déterminer laquelle survivra.

— Personne ne peut stopper ça ? demanda Shun.

— C'est pourquoi cela n'est pas une Guerre Sainte, insista Nicol.

— Ce qui débute maintenant est "une guerre qui n'a nul sens à consigner dans l'Histoire". En termes simples, ce n'est rien d'autre qu'un massacre entre espèces où la plus faible se fera exterminer. Les idéaux ou conceptions de justice n'ont aucun sens dans ce combat », continua l'évêque.

Un lourd silence pesa dans le Palais du Pope tandis que les Saints acceptaient ces explications.


« Et qu'en est-il de Mei ? » demanda tranquillement Hyōga en rompant le silence.


Nicol se tourna vers le fond de la salle du trône, portant son regard vers les rideaux écarlates au delà desquels se trouvait la résidence sacrée d'Athéna.

« Il est avec Athéna », répondit doucement Nicol.


FIN DU PREMIER VOLUME.

SUITE ET FIN DANS LE LIVRE 2.


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