Livre 2 - Chapitre du sang (3)

De SaintSeiyaPedia
Share/Save/Bookmark
Aller à : navigation, rechercher

Revenir à Accueil


  • Ces traductions sont réalisées par Archange à partir des livres japonais. MERCI DE NE PAS LES RECOPIER SUR VOTRE SITE.


Chapitre 3 : Chronos

Chapitre 3.1

Seiya de Pégase se confronta à Chimera, la bête composite, dans le lac souterrain dissimulé sous le volcan d'Arima.


« Tu es un fils de Typhon !

— Je vais te dévorer ! dit le Géant à l'aspect de chevalier, paré de son Adamas de rubis étoilé, au heaume en forme de tête de lion, à l'épée en forme de serpent venimeux, et au bouclier orné d'une tête de bouc.

— Ta sauvagerie me répugne ! dit Seiya en se mettant en posture de combat, sans armes. »


Fanart de Chimera par Marco Albiero.

Même si les Saints ne se battaient qu'en utilisant leur propre corps, il n'en étaient pas pour autant des amateurs vis-à-vis des armes. Car, à l'instar du Géant présent face à Seiya, leurs adversaires n'avaient eux aucune restriction particulière concernant l'usage d'armes. Lors de leur entraînement, les Saints apprenaient à forger leur propre corps en tant qu'arme, et à combattre les adversaire qui en possédaient. Et ils se devaient justement de savoir les utiliser pour pouvoir entraîner correctement leurs élèves face à ce genre de situation.


« Je vais inscrire dans ton corps la rancune que les Géants ont accumulé au cours des siècles ! » dit le Géant en avançant tandis que les articulations de sa lourde armure grinçaient.


Pour quelqu'un comme Seiya, réputé avoir la vivacité de Pégase, les mouvements maladroits de ce Géant à l'armure massive ressemblaient à ceux d'un pantin.


« Ton armure semble bien lourde. Tu penses pouvoir saisir Pégase avec une telle lenteur ?

— Je vais te dévorer. »


Le Géant à la démarche pataude lança alors une attaque à un moment totalement inattendu.


« Comment ? » cria Seiya.


Un attaque tranchante arriva dans sa direction. Ce fut un coup lourd, mais pourtant semblable à une trombe de vent. Seiya bondit aussitôt au loin afin d'éviter l'arc de cercle décrit par la lame, près des rochers dépassant de la surface du lac, tout en ressentant un frisson dans le dos. La lame recommença à hurler. Le Géant se rapprochait pas à pas, inexorablement en dépit de sa démarche maladroite, tout en agitant son épée en rafale.


« La lame de cette épée est inhabituelle », pensa Seiya.


L'épée en forme de serpent venimeux que tenait Chimera, la bête composite, avait une lame crénelée, telle une scie. Être ainsi capable d'agiter d'une main, comme si de rien n'était, une épée de deux mètres de long témoignait de la force physique herculéenne du Géant.


« Sois déchiqueté par cette lame ardente !

— Comment... ?  »


L'épée en forme de serpent venimeux cracha des flammes alors qu'elle décrivait un nouvel arc de cercle.


« Vois mon épée incandescente ! Anthrax ! »


Épée ardente.

Seiya hurla, enveloppé par les flammes incandescentes, et partit s'écraser dans le lit du lac. De la vapeur blanche s'éleva de l'eau touchée par l'attaque ardente de Chimera. Seiya, qui avait littéralement bu la tasse, émergea de l'eau en toussant.


Le lac souterrain était bien plus étendu que profond, et le niveau de l'eau n'atteignait ainsi que quelques dizaines de centimètres. Même quelqu'un de relativement petit tel que Seiya n'était immergé qu'à hauteur de genoux. Le Saint jeta alors un coup d'œil sur sa Cloth, et ne put retenir sa surprise : le plastron, en principe la partie la plus solide, avait été sérieusement entaillé depuis l'épaule gauche.


« Ta Cloth t'a donc sauvé la vie...

— Comment ?

— Si j'avais porté mon coup un peu plus tard, après avoir fait un pas de plus, ton cœur se serait devenue la proie de mes flammes, et tout le sang de ton corps serait en train de bouillir », dit Chimera en pénétrant lui aussi dans le lac souterrain.


Le Géant à l'Adamas grinçante donna à nouveau un violent coup de son épée géante en direction de Seiya, créant un pilier d'eau au moment de l'impact contre le sol. Seiya fut contraint de battre en retraite jusqu'à une distance respectable à cause de la violence de l'explosion.


« Quel étrange timing. Je n'arrive pas à comprendre le rythme de ses mouvements. »


Les mouvements des bras de Chimera, de ses jambes, la vitesse de son épée, et sa vitesse de marche semblaient totalement désynchronisés. C'était étrange, incohérent, parfois trop lent, parfois trop rapide.


« Ce ne sont pas des mouvements humains », pensa Seiya, perplexe. « Mais pourtant, les squelettes et la structure musculaire des Géants ne devraient guère être différents de ceux des humains ! »


« Pegasus Ryūsei Ken !


— C'est inutile. »


Les centaines de météores projetés par Seiya s'écrasèrent les uns après les autres contre le bouclier de Chimera.


« À quoi ça rime ? Créer des gerbes d'eau et de vapeur t'amuse ? » dit le Géant sur un ton méprisant en cherchant au sein des colonnes d'eau Seiya, qu'il avait perdu de vue. C'est alors que le Saint apparut dans son dos, ayant profité des jets d'eau qui obstruaient le champ de vision du Géant.


« Prends ça ! Pegasus Rolling Crash ! » dit Seiya qui passa ses bras autour de son adversaire en se préparant à sauter.


Mais ce fut Seiya qui poussa un hurlement de douleur. Le Saint relâcha lui-même son étreinte et bondit en arrière avant de tomber à genoux dans l'eau.


« C-c'était quoi cette chaleur ? »

Gigantomachia2 45.jpg

Ses bras, ses jambes, et son torse le faisaient souffrir, comme si ils étaient en proie aux flammes. Même le simple contact de l'air sur le bout de ses doigts était douloureux, et il put constater qu'il avait effectivement reçu de nombreuses brûlures.


« Sale gamin effronté. »


Un bruit intense de vapeur se fit entendre tandis que l'eau du lac souterrain entourant Chimera s'évaporait en fumée blanche au contact du métal ardent.


« Non, il ne s'agirait pas que de son épée ? La totalité de son Adamas est brûlante ?

— Cette armure ardente contient des étoiles incandescentes, répondit le Géant à un Seiya stupéfait.

— Alors voici la puissance d'un fils de dieu ? » se dit Seiya, impressionné par ce guerrier.


La véritable nature de la source de cette chaleur semblait inconnue. Le Cosmos de Chimera, dissimulé dans cette Adamas faite de multiples animaux, semblait ne pas connaître de limites.


« C'est pas vrai... l'eau... »


L'eau du lac souterrain, froide à en percer la peau, était contre toute attente devenue tiède. Même une aussi importante quantité d'eau ne semblait pouvoir refroidir l'Adamas du Géant, comme si il possé1dait vraiment en lui une étoile brûlant à l'infini.


« Je vais te dévorer. »


L'épée de Chimera rugit, toujours nimbée de flammes flamboyantes.


« Anthrax ! »


Le coup tranchant du chevalier s'abattit violemment sur Seiya et sur la surface de l'eau, qui explosa, changée d'un coup en vapeur. Les deux adversaires se tenaient désormais au sein d'une atmosphère chaude et humide, comme dans un sauna.


« Cesse de t'acharner en mauvais perdant, et accepte la mort, dit Chimera à Seiya, qui gémissait de douleur.

— Je n 'ai été touché que par le bout de sa lame, et j'ai pourtant l'impression que tous mes nerfs ont été brûlés. Quelle douleur ! »


Il avait échappé de justesse à l'attaque, mais ses jambes ainsi que sa Cloth étaient sérieusement entaillées.


« Je ne pourrai pas cicatriser à cause de sa lame en dents de scie », pensa Seiya.


Être coupé par ce genre d'épée était plus dangereux que de l'être par une lame finement affûtée, car les hémorragies des blessures ne pouvaient cesser sans points de suture appliqués sur la chair et la peau en lambeaux.


« Et voilà Pégase, c'en est fini de toi. Privé des jambes qui font ta fierté, esquiver le prochain coup te sera impossible. Qui plus est, d'autres Saints semblent s'être introduits dans ce Sanctuaire. Je n'ai pas de temps à perdre avec toi.

— Je..., commença Seiya en lâchant un gémissement de douleur.

— Silence, microbe. Laisse-moi me repaître de ton Cosmos sans faire d'histoires. »


Chimera, enveloppé de vapeur blanche, pareil à une armure hantée, mit devant lui son bouclier à tête de bouc maléfique de son bras gauche, tout en brandissant son épée du bras droit, prêt à porter le coup de grâce, tandis que les yeux de la tête de lion fixaient Seiya avec mépris.


« Je... Je suis un Saint ! Je vaincrai Typhon afin de protéger la paix sur Terre !

— Tu ne pourras jamais Le rencontrer, vermine. Pas tant que je serai là.

— Dans ce cas-là je n'ai qu'à te vaincre ! Je finis toujours par surpasser mes adversaires ! Grâce aux ailes de Pégase ! »


Seiya se releva de toutes ses forces en enflammant son Cosmos. Même parmi les Saints, le style de combat de Seiya était particulièrement orthodoxe, se composant essentiellement de coups de poing, de coups de pieds, et de projections. Mais les techniques de combat des Saints ne se basaient pas sur la force physique. L'essentiel pour eux était le Cosmos.

Et c'était encore plus vrai pour un combattant du genre de Seiya. Ainsi, même quelqu'un d'une petite stature tel que lui n'était pas forcément désavantagé par rapport à un immense Géant.

La Cloth de Pégase, digne de la protection miraculeuse qu'elle était, réagit à l'élan de Seiya. Cette armure pouvait en effet devenir extrêmement solide sans pour autant gêner les mouvements de celui qui la portait.


« Brûle, mon Cosmos ! Brûle jusqu'à ton paroxysme !

— Dans ce cas-là, je te dévorerai avec mon prochain coup !

— Prends ton envol, Pégase !

— Anthrax ! »


L'épée en forme de serpent montra à nouveau ses crocs irréguliers. Le Géant abattit son épée ardente afin de frapper Seiya en plein tête, mais ce dernier s'envola alors au dessus du Géant afin d'éviter le coup tranchant.


« Comment ? »


Chimera, qui avait lourdement abattu son épée, leva son bouclier pour se protéger de l'attaque que Seiya s'apprêtait à lancer.


« Et la victoire sera mienne ! » cria Seiya en déployant son Cosmos, nimbé d'une aura bleue et blanche tandis qu'un hennissement, le rugissement du Cosmos de Seiya poussé à son paroxysme, retentissait dans le ciel.


Pegasus Suisei Ken.

« Pegasus Suisei Ken ! »


La centaine de coups réunis en un unique point ébranla le lac souterrain. La sombre lueur du rubis étoilé se ternit, et les étoiles scintillantes de l'Adamas s'éteignirent, comme si la pierre venait de mourir. Le bouclier à tête de bouc, le casque à forme de lion, et l'Adamas rouge furent réduits en miettes. Finalement, Chimera, la bête composite, s'effondra dans le lac en poussant un hurlement défiant l'imagination.


Seiya, qui avait mis toutes ses forces dans cette attaque sautée, ne put se réceptionner correctement au sol et retomba en plein dans le lac. Il se releva alors en toussant, et décida d'aller jeter un coup d'œil sur le Géant vaincu, dont l'Adamas semblait être morte.


Seiya se sentait mal à l'aise depuis qu'il avait touché l'ennemi de son poing. Il avait ressenti une étrange absence de résistance de la part du corps de son adversaire, et se demandait ce que cela pouvait bien signifier. Et il vit alors que son malaise était justifié.

Seiya, quelque peu dérangé par cette singulière découverte, quitta les lieux pour s'asseoir un moment sur la rive rocheuse du lac.


« Voici la véritable nature des fils divin de Typhon ? Mais alors ce sont vraiment... »


Il tenta de remonter la falaise afin de rejoindre la caverne ou il se trouvait avant que Chimera ne l'envoie s'écraser dans le lac, mais le Pegasus Suisei Ken dans lequel il avait mis toutes ses forces avait épuisé son Cosmos, et ses jambes en charpie ne pouvaient plus le porter.


« Mes amis... »


Seiya, à bout de forces, dégringola la pente escarpée de la falaise.

« Ce... c'est... »


Seiya en perdit ses mot. L'Adamas qui flottait dans l'eau claire était vide. Elle n'émettait plus aucun chaleur, et le Cosmos sans limites qui y résidait encore il y a peu s'était complètement éteint, tout comme les flammes dont elle était nimbée.


« J'ai vaincu Chimera, mais... Qu'était-il au juste ? »


Chapitre 3.2

Ce qui tombait n'aurait en principe jamais pu être vu sous le volcan d'Arima.


« De l'air froid ? Tu utilises donc des techniques de glace, Saint du Cygne ? » dit Orthros, le chien bicéphale, qui semblait sourire sous son casque.


Les immenses cristaux de glace qui flottaient dans l'air, comme agrandis par une loupe, n'étaient pas des illusions.


« Si cette Cloth a effectivement reçu la protection du sang d'Athéna, la barrière de Phlegra n'aura guère d'effet sur toi.

— Tu m'importunes.

— Comment ?

— Ces bavardages m'importunent, dit Hyōga d'un ton traînant tandis qu'un air froid dansait autour de sa Cloth.

— Quel ennuyeux gamin. »


Hyōga resta silencieux.


« Mais je suis au moins certain que tu pousseras d'agréables pleurs quand je déchiquetterai ton corps. »

Fanart d'Orthros par Marco Albiero.

Orthros rugit et propulsa son corps en frappant violemment le sol de son pied, qui s'y enfonça en laissant une profonde trace. Le Géant fonça tel un boulet de canon, brisant aisément un pilier rocheux de 5 mètres de diamètres pendant sa ruée. Une telle puissance surpassait même celle de Saints d'Athéna entraînés.


« Satisfait de ton immense force destructrice ?

— Hein ? »


Hyōga, qui avait évité Orthros avec un gracieux jeu de jambes, en profita pour l'attaquer dans son angle mort.


« Penses-tu pouvoir saisir l'ombre du Cygne avec une telle lenteur ? »


Hyōga était sur son terrain dans cette éphémère étendue de glace et de neige. En élevant leur Cosmos, les Saints pouvaient briser les atomes, ou encore bien les ralentir. Et cette dernière méthode était justement la spécialité de Hyōga.


« Diamond Dust ! »


De magnifiques cristaux de neige furent projetés par son poing, et l'Adamas gela, l'éclat du saphir étoilé étant peu à peu enterré sous la couche blanche de neige.


« Le résultat n'est-il pas artistique ? » dit le Saint en jetant un regard vers Orthros, devenu un bloc de glace parmi les débris du pilier rocheux.


Hyōga étendit alors son champ de perception afin de retrouver ses amis. Ce lieu était empli de la volonté agressive de Typhon, et ressentir les Cosmos alliés s'avéra difficile, comme une transmission victime de parasites.


« Je perçois faiblement les Cosmos de Seiya et de Shiryū. »


Rechercher leurs Cosmos était comme tenter de localiser une poupée perdue dans un champ enneigé sous un ciel nuageux, mais il était au moins capable de vaguement savoir qu'ils étaient vivants.


« Je suis inquiet pour Mei et Shun.

— Tu es sûr que tu es en position de te faire du soucis pour les autres ? l'interpella une voix.

— Comment ? »


La fine couche de glace explosa avec un bruit de cristal brisé.


« Comme un courant d'air froid aussi ridicule pouvait me geler sous cette noble Adamas, dit Orthros en poussant un grognement sourd.

— Je vois, tu possèdes probablement une énorme couche de graisse cachée sous cette épaisse Adamas, un peu comme un morse ou un lamantin », lança Hyōga à l'imposant Géant.


Mais soudain, les ténèbres s'invitèrent. La caverne où ils s'affrontaient, jusque-là éclairée par une lumière diffuse, était désormais plongée dans le noir total.


« Comme tu as reçu la protection du sang d'Athéna, la barrière de Phlegra ne sert plus à rien. Je l'ai donc temporairement désactivée dans cette zone.

— Oui, et... ? », dit Hyōga, qui se demandait quel genre d'attaque son adversaire allait lancer sous le couvert des ténèbres.


Orthros et son Adamas, encore scintillante il y a peu, avaient entièrement disparu.


« Après tout, les joyaux ne brillent que parce qu'ils renvoient les rayons de la lumière. Et leur couleur ne dépendent que de la longueur d'onde des rayons diffusés », pensa Hyōga en affûtant ses sens au sein de ces ténèbres parfaites.


Il poussa soudain un cri en ressentant une violente douleur dans le dos. Le Saint se retourna aussitôt en se jetant instinctivement au sol afin de rouler jusqu'à un rocher derrière lequel il s'accroupit.

Hyōga, surpris, se demanda qu'est-ce qui avait bien pu l'atteindre. Quelque chose avait traversé les airs pour lui infliger une sérieuse blessure dans le dos. Tout à coup, il ressentit à nouveau une intense douleur et poussa un nouveau cri pendant que la chose laissait un bruit de rayure contre sa Cloth.


« Sappheiros Enedra ! » cria le Géant, dont la voix de bête maléfique se réverbera dans la caverne en un écho qui dissimulait sa véritable position.

Le Saint, de son côté, se demanda comment son adversaire avait pu le repérer avec une telle précision au sein de cette obscurité, alors qu'il était pourtant accroupi. Orthros, devinant les interrogations du Saint, lui fournit une sorte de réponse :


« Nous autres Géants sommes les fils de la Terre ! Et tu te trouves dans notre sanctuaire ! C'est comme si on guidait ma main dans ta direction ! Mais de plus..., dit-il tandis que Hyōga l'écoutait sans dire mot.

— Te voici plongé dans un noir parfait, Saint du Cygne ! Tu ne dois plus y voir grand-chose ! Tremble face aux crocs de l'ombre ! »


Les crocs en question atteignirent à nouveau Hyōga, qui ne put réprimer un hurlement de douleur lorsque ceux-ci déchirèrent sa chair.


« Où est passé l'homme qui n'aime guère le bruit ? N'est-ce pas le même qui est en train de pousser des cris de douleur ? » ricana Orthros.


« Deux paires de crocs ? se demanda Hyōga, atteint simultanément à deux endroit différents de son corps. « C'est comme si un animal m'avait mordu. Ce monstre mythologique, Orthros, existerait-il vraiment ? »


Hyōga était extrêmement perplexe : il n'avait aucune idée de la position de son adversaire, et ne pouvait non plus comprendre de quelle manière celui-ci l'attaquait.


« Alors ? La peur t'as fait perdre la parole ? lui dit le Géant en ricanant comme un fauve.

— Calme-toi Hyōga. Tu dois garder ton sang-froid en toute situation lors d'un combat », pensa le Saint du Cygne.


C'est ce que lui avait appris son maître. Rester aussi froid et paisible que les plaines gelées de Sibérie.

Gigantomachia2 48.jpg

« Tremble dans l'obscurité, Saint du Cygne ! Ressens la "Peur" !

— Si je ne peux pas le voir..., se dit Hyōga.

— Cette fois je vais mordre ce cou chétif jusqu'à t'en arracher la tête ! Donne-moi un concert de cris tandis que je t'égorgerai ! Sappheiros Enedra !


Les crocs de l'ombre fendirent les airs à toute vitesse sur leur cible. Peu de temps après, la lumière emplit à nouveau la grotte.


« Comment ?, lança une voix stupéfaite qui n'était pourtant pas celle de Hyōga.

— Voici la véritable apparence de tes "crocs de l'ombre" », dit Hyōga, en posant le regard sur les deux bêtes qui gisaient au sol près de lui.


De sombres saphirs étoilés. Il s'agissait en fait des deux têtes de chien monstrueuses faisant office d'épaulettes à l'Adamas.


« Ton corps colossal et la charge de tout à l'heure ont faussé mon jugement. Tu m'as fait croire que ton style de combat était basé sur ta force physique. Mais en réalité, tu déplaces ces épaulettes en forme de têtes de chien par télékinésie, n'est-ce pas ?Tu peux ainsi les contrôler à distance pour m'attaquer par surprise dans le noir. Tu es en fait un télékinésiste de haut niveau, Orthros.

— Quels sont ces anneaux de glace ? » s'exclama le Géant.


Les deux têtes de chien étaient prisonnières de colliers de glace collés au sol, gelées, et même la télékinésie d'Orthros ne pouvait les en arracher.


« Koltso !

— Comment ?

— Ce sont des menottes d'air froid. Orthros, j'ai passé un collier au chien de garde que tu es.

— Comment as-tu pu les localiser dans de si parfaites ténèbres ?


Hyōga agita le bras sans dire un mot, et de petits reflets scintillants dansèrent autour de lui : le Saint s'était entouré d'un mince rideau de glace.


« Quoi ?

— Tu t'imaginais que priver un Saint de sa vue suffirait à t'assurer la victoire ?

— Tu t'es basé sur le bruit qu'ont fait ces têtes en brisant la glace, et les as alors piégées simultanément ?

— Un Saint doit être capable de se battre en aveugle, dans une obscurité totale. Qui plus est, je me suis entraîné en Sibérie, où le soleil ne se montre quasiment pas en hiver. Crois-tu que mon maître Camus ne m'aurait pas appris à me battre dans le noir ? Un magicien dont on a percé le tour ne vaut plus rien.

— Comment ?

— Eh oui, fier “fils de dieu” », dit Hyōga avec sarcasme en fonçant vers lui.


Le cygne, accompagné dans sa course par une multitude de cristaux de glace scintillants, se retrouva juste à côté d'Orthros.


« Hein ?

— Prends ça ! Le poing ultime du Cygne ! »


Le poing droit de Hyōga fut en un instant enveloppé d'air froid tourbillonnant.


« Kholodnyi Smerch ! »


Hyōga donna de toutes ses forces un uppercut à son immense adversaire, envoyant voler le casque de son Adamas. Même le corps si massif d'Orthros fut projeté en l'air par la tornade de glace et d'air froid qui était apparue, et le Géant partit s'écraser contre la voûte de la caverne. La tornade laissa alors place à un pilier de glace d'un peu plus d'une dizaine de mètres de haut.


« Reste donc dans ce pilier pour l'éternité », lança Hyōga en tournant le dos au Géant congelé, prêt à reprendre son chemin.


Mais soudain un bruit de craquement se fit entendre. Hyōga fit subitement volte-face, tout en évitant les débris de glace issus du pilier qu'il avait crée, et ne put en croire ses yeux.


Orthros, le chien bicéphale, tomba hors du pilier de glace réduit en miettes. Mais ce fut surtout sa tête qui interloqua Hyōga : son casque avait été arraché par le Kholodnyi Smerch, mais la tête qui aurait du se trouver en-dessous était absente. C'était un Géant sans tête.


« Non, ce n'est pas un Géant... ! »


Orthros poussa un rugissement bestial et posa ses deux membres supérieurs au sol pour se retrouver à 4 pattes.

Et alors...

À la manière d'une tortue, deux têtes de chien émergèrent des trous laissés par les épaulettes. Même un brave guerrier tel que Hyōga ne put dissimuler son horreur face à cette vision cauchemardesque.


Orthros.

« C'est vraiment... C'est vraiment le monstre de la mythologie ! »


Ce qui lui faisait maintenant face était un chien à deux têtes paré d'une Adamas, et d'une taille comparable aux plus grands des ours. Soudain, Orthros fondit sur lui. Maintenant qu'il s'était mis à quatre pattes, le monstre sauvage fonçait avec une vitesse bien plus terrible que lors de la charge précédente, et il attrapa ainsi Hyōga sans grandes difficultés.

Les deux têtes du chien maléfique mordirent les bras de Hyōga, endommageant aussi bien la Cloth que la chair. L'animal garda ses crocs solidement plantés, tel un chien de combat spécialement formé. Orthros n'était plus doué de raison depuis sa transformation en bête, et le chien maléfique entreprit de dévorer sans distinction la Cloth et la chair de Hyōga.


« Ç-ça, des enfants divins ? »


Hyoga força ses bras hors de la gueule d'Orthros malgré la douleur qui lui déformait le visage, puis il bondit en arrière afin de placer une distance conséquente entre lui et son adversaire.

Orthros, tel un chien stupide, resta se pourlécher les babines du sang de Hyōga avec sa langue noire, peu attentif à ce qui l'entourait. Ce n'était qu'une abomination de la nature, né de Typhon, une créature monstrueuse que le dieu avait conçu pour s'amuser.


Hyoga joignit ses deux bras déchiquetés devant lui, puis les brandit au-dessus de sa tête en y concentrant toutes ses forces tandis que de l'air froid se manifestait. Orthros réagit à ce mouvement, et revint a l'assaut an poussant un hurlement bestial.


« Repose congelé. »


Hyōga finit d'élever son Cosmos jusqu'à son paroxysme, et abattit alors ses bras joints, déclenchant ainsi la technique de glace ultime que lui avait transmis son maître Camus, et dont la glace ne fondrait jamais.

Aurora Execution.

« Aurora Execution ! »


À cet instant, le monde se gela. Le courant d'air froid qui atteignait le zéro absolu vola toute l'éclat sombre du saphir étoilé. L'Adamas perdit son pouvoir mystérieux, et n'était désormais plus qu'une lourde armure. Même les cris d'agonie de la bête maléfique furent étouffés en un instant.

Orthros, le chien maléfique bicéphale, fut entièrement congelé avec son Adamas, devenant une hideuse statue de glace qui se brisa enfin en une multitude morceaux.


Cependant, le prix de la victoire avait été lourd. Hyōga, qui avait mis toutes ses forces dans cet air froid, s'effondra, et perdit finalement conscience sur le sol de cette caverne tapissée de glace.

Chapitre 3.3

« Rozan Shō Ryū Ha ! »


L'attaque dans laquelle Shiryū avait mis toute son énergie atteignit Ladon, le dragon à cent têtes, et l'envoya s'encastrer dans un pilier de pierre.


« Pars, Mei ! cria Shiryū.

— Ne meurs pas, Shiryū !

— Je te rejoindrai bientôt, je te le promets ! »


Mei lui rendit un hochement de tête et quitta les lieux en boitant, pénétrant dans un tunnel plein de rochers pointus, tel la gueule d'un monstre, avant de disparaître au loin, en s'enfonçant toujours plus loin dans les profondeurs.


Shiryū garda son Cosmos concentré et resta attentif à son adversaire, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus entendre les pas de Mei.


« Eh bien, que se passe-t-il ? N'avais-tu pas dit que tu l'empêcherai de partir ? » lança le Saint à l'attention de son adversaire enfoui sous les débris rocheux.


Un rire suivi d'une explosion se firent entendre. Les débris de ce pilier, si large qu'un adulte aurait eu de la peine à l'enserrer de ses bras, devinrent sable avant de finir par disparaître en poussière. Shiyū, surpris, se remit aussitôt en position de combat, d'autant plus que le son suggérait une force de destruction hors du commun.


« Je vois... Tu es le Saint du Dragon.

— Et ? Tu fais comme si tu me connaissais.

— C'est le cas.

— Comment ? Mais où...

— Depuis que les étoiles sont nées dans l'univers.

— Comment ? »


Ladon, le dragon à cent têtes, relâcha d'un seul coup le Cosmos qu'il avait dissimulé dans les ténèbres.


Ladon.

— Je suis Ladon, le dragon à cent têtes, dit le Géant dont l'Adamas avait l'éclat sombre d'une opale noire, dans laquelle des étoiles aux couleurs vives apparaissaient et s'évanouissaient tout en changeant subitement de couleurs.

— Quel est ce Cosmos écrasant ? Je n'ai que très rarement rencontré un adversaire avec un tel Cosmos. De plus, quelle est cette étrange sensation ? dit Shiryū, troublé.

— Je connais bien ton Cosmos, Shiryū.

— Tu prétends avoir le même Cosmos que moi ? »


Shiryū se mit à trembler en sentant qu'ils avaient en effet un Cosmos de même teinte, de m9eme nature. Pour un aveugle comme lui, c'était comme se regarder dans un miroir.

« Je te connais. Et je connais le destin de tes étoiles.

— Le destin de mes étoiles ?

— Les étoiles du Dragon de la voûte céleste. »


En entendant cela, Shiryū se souvint d'une légende de la mythologie grecque.


« Mais oui ! "Ladon" ! Un monstre de la mythologie grecque ! Celui qui gardait jour et nuit la Pomme d'Or du jardin des Hespérides. C'est le nom du dragon à cent têtes qui ne dormait jamais.

— C'est apparemment ce que racontent les mythes des hommes.

— Et ensuite, ce dragon élevé aux cieux est devenu...

— La constellation du Dragon. Ta constellation protectrice en tant que Saint.

— C'est aussi ta constellation protectrice ! s'exclama Shiryū, choqué.

— Les hommes voient les étoiles des hommes, les Géants voient les étoiles des Géants. Shiryū, toi et moi possédons le même destin stellaire, mais sommes au service de différents dieux. Nous sommes des adversaires prédestinés. Nous ne pourrions avoir de plus grandes Nemesis !

— Que...

— Et sache que j'ai laissé partir Mei. Cet homme fragile fut la marionnette de mon Père, et je lui ai déjà inflige de sérieuses blessures sur l'ensemble de son corps. Ce n'est plus qu'un homme au bord de la mort. Il n'atteindra probablement pas le bout de ce temple, encore si loin et si profond, entre Gaia et le Tartare.

— Comment ? Alors tu l'as laissé fuir exprès ? »


Le Cosmos de Ladon continuait à gagner en puissance, en dépit du Shō ryū Ha qu'il avait reçu de plein fouet, et Shiryū comprenait donc que le Géant ne devait pas avoir subi le moindre dommage.

« Que fait un aveugle tel que toi sur le champ de bataille, Saint du Dragon ? Faire de toi un guerrier et te te faire porter une Cloth... décidément, Athéna est...

— Sens-toi libre de me mépriser autant que tu le souhaites si ma cécité te dérange, mais..., dit Shiryū avant de pousser un cri guerrier.

— Je ne te laisserai pas insulter Athéna ! Moi, Shiryû du Dragon, préfère mourir avec honneur plutôt que de jeter ma fierté de guerrier en craignant les ténèbres de ma cécité !

— De grandes paroles ! Mais les humains ne sont que ruse, bluff et mensonge !

— Comment ?

— Nulle raison n'est nécessaire lors d'un combat entre un humain et un Géant, annonça Ladon. Les affrontements menés entre deux êtres possédant des Volontés Divines se jouent pour établir une seule vérité universelle, ce sont des combats absolus. Et donc, Shiryū, il en va de même dans le cas de deux guerriers possédant le même destin stellaire. Il vaut mieux qu'il n'en reste qu'un.

— Nous sommes nés sous les mêmes étoiles...

— Shiryū... Saint du Dragon.

— Ladon, le géant au nom de dragon.

— Je vais t'annihiler. Nulle raison n'est nécessaire. Ton existence offense la mienne.

— C'est toi qui devrait disparaître. »


Grâce à la Cloth imbibée de la protection du sang d'Athéna qu'il portait, Shiryū put s'affranchir de la "Peur" et ne pas être oppressé par la foi des Géants, et il fut en mesure d'élever sa voix avec force contre le culte des Géants.


— Ceux qui doivent périr sont les dieux maléfiques comme ce Typhon, qui cherche à enterrer le monde sous les cendres. J'enflammerai ma vie afin de défendre Athéna et la paix sur terre !

— Je vais te détruire et te dévorer. »


Ladon prit son élan en donnant un violent coup de pied dans le sol, et son poing droit, en forme de tête de dragon maléfique d'opale noir, traversa en un instant la caverne. L'onde de choc ricocha avec un bruit sec et pulvérisa le mur derrière Shiryū. Cette attaque était la même que celle qui avait transpercé la poitrine de Nicol.


Cloth du Dragon sous la cascade de Rozan.

« Ce bouclier..., dit Ladon en posant son regard sur le bouclier qui avait bloqué son coup.

— À ce que l'on dit, la grande cascade du pic des 5 anciens, où je me suis entraîné est depuis les âges anciens arrosée de particules stellaires provenant de notre galaxie. Et cette Cloth du Dragon reposait sous cette cascade de Rozan, baignée par cette eau galactique depuis des temps immémoriaux. Et ce bouclier est donc réputé être le plus solide au monde.

— Oh, le bouclier du dragon...

— En garde ! Rozan Ryū Hi Shō ! »

Shiryū fonça sur son adversaire en transformant son propre corps en projectile. Mais Ladon déploya son immense Cosmos en rugissant, et repoussa Shiryū, qui s'écrasa au sol.


« C-comment ? Je ne parviens même pas à l'effleurer, dit Shiryū tandis que Ladon se moquait de lui.

— Je tiens ce corps et cette puissance de mon Père. Comment un misérable humain tel que toi pourrait réussir à le toucher ? dit Ladon », en méprisant sans retenue Shiryū.


« C'est comme si il m'avait brisé tous les os du corps avec ce simple coup. Le Cosmos de ce Géant est hors du commun.

— Mais on dirait bien qu'il va falloir que j'y aille légèrement plus fort pour détruire ce bouclier qui te protège.

— Que... »


Shiryū recula afin de mettre suffisamment de distance entre lui et son adversaire.


« Suis-je si effrayant ?

— Co... comment ?

— On dirait que je t'inspire de la peur. Ma simple présence dévore ton âme. Tu ferais mieux de mourir maintenant, misérable.

— L-le Cosmos de Ladon..., dit Shiryū en santant que ce Cosmos l'entourait complètement, à sa droite, à gauche et même derrière lui.

— Retourne au néant. »


Shiryū hurla.


« Ressens l'étreinte du néant. Poliorkia ! »


Cette technique n'était même pas animée d'une intention meurtrière, elle n'était qu'une pure incantation de destruction.


« C-c'est... »


Une vision puissante se manifesta dans le monde sans lumière de Shiryū, et ni le bouclier, ni la Cloth du Dragon ne purent faire barrage à son intrusion.


« Une vision de ténèbres ? Est-ce un cauchemar ? Mon futur ? »


Dragon abyssal.

Un dragon de ténèbres, pareil à un poisson abyssal, ouvrit une gueule béante emplie de crocs semblables à des défenses d'éléphants et dévora l'esprit de Shiryū en commençant par sa tête. Le Saint poussa un hurlement sans s'en même s'en rendre compte.


« Pour un aveugle comme toi, une illusion qui brûle le cerveau doit être un trop puissant poison », dit Ladon à Shiryū, debout, immobile.


Le Saint ne put que gémir en guise de réponse.


« Tu as vu un futur dans lequel tu es dévoré. L'esprit humain est si fragile. Tu n'arriveras bientôt plus à entendre ma voix. Bien, cette fois je vais détruire ton corps et ta Cloth ! »


Ladon attaqua de nouveau Shiryū avec l'onde de choc qui avait tué Nicol.


« Comment ? » cria Ladon, sous son Adamas dans laquelle brillait un nuage galactique composé d'étoiles scintillantes.


Shiryū avait stoppé l'attaque de Ladon grâce à son si solide bouclier.


« Shiryū, misérable, il te reste donc encore la force de bouger ce bras, alors que le dragon maléfique du Poliorkia a dévoré ton esprit ?

— Ladon, tu dis que les humains sont fragiles... »


Ils étaient tous deux bloqués dans cette position, bouclier contre poing, observant quels seraient les prochains mouvements de l'autre.


« C'est vrai, les humains sont faibles. Leurs corps et leurs coeurs le sont. Mais ils puisent leur force dans ceux qui leur sont proches. Ils peuvent se battre pour leurs amis ou pour ceux en qui ils croient.

— N'importe quoi.

— C'est le coeur des hommes, Ladon ! Quelque chose de bien plus puissant que le genre de foi qui vous anime, vous autres Géants contrôlés par la Peur de Typhon ! cria Shiryū avant de retirer sa Cloth.

— Tu te départis de ta Cloth ? Avoir été violé par le Poliorkia a du te faire perdre la raison.

— Comme je sais désormais que ton attaque atteint l'esprit, cette Cloth ne me sert plus à rien, dit le Saint avant de pousser un cri guerrier.

— Un tatouage de dragon ? s'interrogea Ladon en voyant le dessin de dragon qui était apparu sur le dos nu de Shiryū

— Ce n'est pas un tatouage. Lorsque ce dragon ascendant apparaît dans mon dos, cela signifie que mon Cosmos a atteint son paroxysme ! cria Shiryū.

— Le Cosmos de Shiryū est... !

— Moi, Shiryū du Dragon, vaincrai certainement mon ennemi ! Même si je dois y mettre toute ma vie ! dit Shiryū, nimbé d'une aura brillante, celle que seul possède le véritable dragon.

— Je dévorerai ton âme avant ça ! Je vais te détruire !

— C'est toi qui seras détruit, Ladon ! Dragon maléfique ! rétorqua Shiryū alors que le dragon ascendant issu de son Cosmos venait se loger dans son poing droit.

— Sois annihilé ! Poliorkia !

— Rozan Shō Ryū Ha ! »


Tatouage.

Shiryū ne put voir le résultat, mais il sentit que le si puissant Cosmos de Ladon, le dragon à cent têtes, venait de disparaître de cette caverne.


« Je l'ai donc vaincu ? Je suis venu à bout de Ladon ? »


Shiryū tomba à genoux, tout en se disant qu'avoir pu lancer ce dernier Shō Ryū ha relevait du miracle.


« Athéna, mes amis, mes frères m'ont prêté leurs forces », pensa-t-il.


Shiryū s'effondra alors face contre sol. Avant de perdre conscience, il tenta néanmoins de ressentir les Cosmos de ses compagnons. Il pu percevoir, faiblement, les Cosmos de Seiya et de Hyōga, et eut aussi l'impression d'avoir pu repérer le Cosmos de Shun, au plus profond de la terre.


« Où es-tu, Mei ? » pensa Shiryū, en agitant ses lèvres sans que sa voix n'en sorte, comme un homme en pleine crise de délire.


Il ne le sentait pas. Le Cosmos de Mei, qui était censé se trouver lui aussi dans ces cavernes, dans la "Tanière de Typhoeus", était le seul qu'il n'arrivait pas à percevoir.


« Pourquoi ? Est-ce parce que mon Cosmos s'affaiblit et que je n'ai plus la force de le sentir ? Comment se fait-il que je ne puisse pas percevoir le Cosmos d'un de mes frères de sang ? Pourquoi, Mei ? » pensa Shiryū en étendant ses bras avec désespoir.


Il perdit finalement connaissance, à bout de forces, alors qu'il cherchait encore à localiser son frère de sang.


Seiya.

« Seiya. »


Seiya de Pégase reprit lentement conscience en entendant son nom, interpellé par quelqu'un qui le tenait dans ses bras en l'aident à se relever.


« Mei ? »


Sa vision était encore floue et il avait du mal à se focaliser sur les objets l'entourant. Son cerveau s'était comme auto-anesthésié. La douleur de ses deux jambes déchiquetées était en revanche très vive.


« Tes jambes... tu as affronté un de ces "fils de dieu" ? Quelles terribles blessures.

— Mais non, c'était une victoire facile.

— Si il te reste suffisamment d'entrain pour dire ça, c'est que tu vas bien, lui dit Mei en riant également.

— Mais quand même, qu'est-ce qui t'as pris de te ruer comme ça dans la gueule de l'ennemi ? C'était trop risqué...

— Pardon.

— Sans toi et sans ta Cloth, sceller Typhon ne....

— L'évêque me l'a dit.

— Ah.

— Nicol a perdu la vie.

— Non, ça ne peut pas être vrai, hein ?

— J'accomplirai ses dernières volontés. C'est mon destin en tant que Saint.

— Mei...

— J'aimerai rester m'occuper de mon jeune frère blessé, mais je dois me rendre auprès de Typhon.

— Va, ne te fais pas de soucis pour moi.

— Ne meurs pas, Seiya. »


Mei allongea doucement Seiya par terre, puis se releva avant de se remettre en route.


« Mei... »


Seiya, engourdi et presque inconscient, tenta de sentir le Cosmos de Mei, qui venait de quitter les lieux.


« Pourquoi ? » pensa-t-il.


Il pouvait percevoir, même faiblement, les Cosmos de Shiryū, de Hyōga et de Shun. La raison ne pourrait être expliquée par des mots, mais c'était du à leur lien en tant que frères de sang.


« Pourquoi, Mei ? Tu viens à peine de partir, et pourtant je ne ressens absolument pas ton Cosmos. »


Seiya tenta d'appeler Mei, mais sa voix n'avait déjà plus la force de porter le nom de son frère aîné.


Hyōga.

« Hyōga.

— Mei ? »


Hyōga du Cygne reprit lui aussi connaissance en entendant Mei appeler son nom, et il releva sa tête hors de la flaque d'eau dans laquelle elle reposait.


« Qu'un Saint tel que toi ait reçu de si cruelles blessures...

— Ne me regarde pas.

— Hein ?

— Ces blessures ne sont que la preuve de mon immaturité en tant que combattant et de l'imperfection de mes techniques, dit Hyōga en cachant ses deux bras déchiquetés lors de son combat contre Orthros, le chien maléfique bicéphale.

— Très bien.

— Mei, il vaut mieux que tu évites d'être blessé. Sans toi et ta Cloth, sceller Typhon...

— Hyōga. Que pensais-tu de mon... de notre père ?

— Hein ? Mais pourquoi veux-tu savoir ça à un moment pareil ? lui demanda Hyōga, qui ne pouvait comprendre où Mei voulait en venir.

— Que représentait Mitsumasa Kido à tes yeux ?

— Un homme que j'ai haï, répondit Hyōga.

— De la haine...

— Mais aujourd'hui c'est légèrement différent.

— Ah ?

— Ma mère me disait que Mitsumasa Kido était un homme formidable, prêt à tout donner pour préserver la paix du monde. Ces paroles de ma mère furent les seules que je ne parvins pas à comprendre. Cependant... je ne sais pas si je peux correctement l'expliquer, mais... en combattant auprès d'Athéna, des mes frères et amis, en ressentant le destin de mon étoile, j'ai finalement...

— Je vois.

— J'ai finalement fini par me dire que Mitsumasa Kido avait lui aussi du faire les sacrifices exigés par le destin, par son étoile. Et maintenant je me sens un peu plus en paix vis-à-vis de ça.

— Merci, Hyōga.

— Pourquoi cette gratitude ?

— Je dois atteindre Typhon. Et ensuite, le sceller.

— Va.

— Ne meurs pas, Hyōga. »


Mei laissa Hyōga et s'enfonça dans le tunnel menant au plus profond de la "Tanière de Typhoeus", disparaissant du champ de vision de de Hyōga. Ce dernier, qui avait à peine la force de bouger ses doigts, chercha les présences environnantes.


« Pourquoi ? », pensa-t-il.


Il avait pu faiblement percevoir les Cosmos de ses autres frères.


« Nous venons tout juste de nous parler, alors pourquoi est-ce que je ne ressens pas le Cosmos de Mei ? »


Le paisible guerrier des glaces retomba dans son sommeil, l'esprit en proie à un terrible doute.


Énergie.

L'autel maléfique auquel était attachée la femme-serpent enceinte se mit à trembler. Même si le "Cocon du Temps" entourant Echidna était prêt à se briser, la cause de ces secousses semblait plutôt être le vent.


« Orthros, dit Typhon.

— Chimera, poursuivit-il.

— Ladon », conclut-il, énonçant ces noms comme des incantations de "Peur" divines.


Typhon émit un grognement guttural. Le vent souterrain porta avec lui des choses qui semblaient être les résidus devenus flammes des Cosmos de ses fils. Ce vent enveloppa Typhon, debout face à l'autel, et s'infiltra dans son corps par ses cavités nasales.


« Je n'ai plus besoin d'anciens Géants tels que mes frères aînés, dit le dieu en passant sa langue noire sur ses lèvres.

— Et je n'ai plus non plus besoin de ces fils que j'ai créé pour m'amuser, dit-il en riant.

— Nul autre que moi n'est nécessaire. Mon existence est la preuve de celle des Géants, dit le dieu qui n'acceptait nul partage, nulle concession.

— Un Saint d'Athéna ? rugit le dieu en se retournant brusquement tout en projetant une épaisse couche de flammes de son côté droit, et des éclairs déchaînés de sa moitié gauche.

— Te voici donc, Mei.

— Typhon ! lui renvoya le Saint.

— Je vais te dévorer. »


Chapitre 3.4

Une voix résonna dans les ténèbres.


« Shun ! »

Fanart de Mei par Liruohai.

Le Saint d'Andromède, qui avait sacrifié sa précieuse chaîne nébulaire afin de dire à Athéna où se trouvaient les Géants, était attaché à un pilier, apparemment inconscient. Mais il était difficile d'estimer avec certitude si il était mort ou vivant.

Et même si il était encore en vie, il n'avait pas reçu la protection du sang d'Athéna, ce qui signifiait que ses forces étaient probablement drainées par la barrière de Phlegra. Son Cosmos était effacé par la tempête de Typhon.


« Te voici donc, Mei, ma marionnette », dit le dieu asymétrique, paré d'une Adamas d'onyx sombre, en jetant un regard méprisant sur le frêle humain qui lui faisait face.


Il ne voyait tout au plus en Mei qu'un insecte à la carapace solide. La caverne dans laquelle ils étaient était bien plus vaste que celle de l'Etna contenant l'autel dans lequel le dieu avait été scellé. Cette immense grotte était la "Tanière de Typhon", et dans laquelle se trouvait l'autel du sanctuaire des Géants.


Cet autel rappela des souvenirs à Mei. Il se souvint être devenu la marionnette de Typhon avant de visiter divers lieux afin de faire revenir en ce monde le haut prêtre Encélade, puis encore trois autres Géants. À chaque fois, des autels semblables avaient été présents.


Une femme était clouée sur l'autel étrange qui lui faisait désormais face.


« Est-ce celle que l'on appelle Echidna ? » dit Mei, le souffle coupé face à la beauté et à l'horreur de cette femme nue.


Elle était probablement un sacrifice elle aussi, rendue ainsi par un mauvais tour de ce dieu maléfique. Ses souples cheveux noirs, sa peau soyeuse et ses seins ronds comme ceux d'une déesse de la fertilité contrastaient avec la queue de serpent, courbée par le "temps", qui constituait la partie inférieure de son corps depuis les hanches.


« Une Prison de Stase ! » cria Mei, qui savait comment ce genre de sceau s'appelait.


Il eut alors un horrible pressentiment. Il ne fallait pas que le cocon du Temps se brise. Cette femme-serpent porteuse du destin d'Echidna ne devait surtout pas s'éveiller. Elle était enceinte, et ce qu'elle portait ne devait pas naître.


« Echidna, dit Typhon.

— Echidna...

— Ma création. La dernière femme des Géants. Celle qui porte ce qui sera mon nouveau et véritable corps.

— Comment ! hurla Mei, le visage déformé par la surprise.

— "Le Temps suspendu", annonça Typhon.

— Tu sais ce qui va se passer, Mei. Frêle humain. Marionnette.

— Ne m'appelle pas ainsi !

— Et le temps va se briser.

— Comment ?

— Echidna va bientôt s'éveiller.

— Je ne le permettrai pas !

— Elle va bientôt s'éveiller.

— Je ne le permettrai pas ! »


Mei s'avança pour rejoindre Typhon, entre Gaia et le Tartare.


« Tu te trouves dans le sanctuaire des Géants, dans ma forteresse », rit Typhon.

Serpents.

Soudain, un vent violent traversa le corps de Mei, qui fut léché de cent langues de serpent, et le casque qui ornait ses cheveux argentés fut projeté en arrière.


« Quelle est cette menace ? » dit Typhon en s'apercevant que Mei ne ressentait pas sa Peur. « Tu as reçu la protection du sang d'Athéna ? ».

Typhon, à la langue noire, fit un mouvement de son index gauche, provoquant alors un son de vent strident à en percer les tympans.


« La barrière a...

— La barrière de Phlegra ne sert plus à rien. »


Typhon prit une grande inspiration, et avala par ses narines toute la puissance contenue dans Phlegra. La lumière diffuse disparut, et les ténèbres s'abattirent jusqu'aux moindres recoins de la caverne.

La seule source de lumière restante était le corps même du dieu, dont l'aura projetait aussi bien des flammes que des éclairs. Le jeu des lumières donnait l'impression que Typhon était encore plus colossal qu'auparavant. Un dieu absolu.

La Peur ressentie à l'idée d'affronter Typhon dans le sanctuaire des Géants était devenue quelque chose de matériel, complètement palpable.

Mei s'avança dans ce temple.


« Paré de ma Cloth, j'avance vers toi pas à pas.

— J'observe chacun de tes pas.

— Je me souviens.

— Je me souviens.

— Immense dieu des Géants.

— Saint d'Athéna.

— Je suis venu pour te sceller.

— Le sang d'Athéna a une odeur de corps en décomposition.

— J'entends la voix de l'antique Athéna.

— Quelle puanteur. Retire cette Cloth répugnante. »

Feu et foudre.

Soudain, un bruit tranchant se fit entendre, et des attaques et esquives à la vitesse de la lumière, qui auraient pu fendre le temps, furent portées. Les instincts meurtriers réciproques fusèrent de toutes parts. Les fils d'orichalque fondus dans les ténèbres furent incinérés par la partie droite du corps de Typhon, et tranchés par la partie gauche.

Typhon lança un grognement de dédain tandis que Mei enrageait d'avoir été contrecarré.

En abattant un poing, le dieu pouvait rendre les roches incandescentes. En abattant son autre poing, le dieu pouvait recouvrir les parois et la voûte de la caverne d'éclairs grillant ce qu'ils touchaient. En frappant le sol de son pied, il pouvait donner naissance à une violente bourrasque envoyant une série de lames d'air. Il n'utilisait aucune technique particulière. Il s'agissait tout simplement du pouvoir d'un dieu capable d'ébranler les cieux.

Mei rabattit devant lui les deux boucliers formant ses épaulettes afin de se protéger des rafales de vent tranchantes.


« Mei.

— Typhon.

— Mei, ma marionnette. Comme c'est amusant. Tu étais donc si fort que ça ?

— Cette puissance n'est pas mienne. »


Même si Typhon n'avait pas retrouvé ses pleins pouvoirs, un frêle mortel seul n'aurait pas du pouvoir lui tenir tête.


« Mei, ma marionnette. Comme c'est amusant.

— Amusant, dis-tu ?

— Cette fois tu es la marionnette de l'antique Athéna au travers de cette constellations sans étoiles et de cette Cloth empreinte de son sang.

— Je ne suis pas une marionnette.

— Je guide par la Peur.

— Tu ne fais qu'asservir.

— Et Athéna asservit par l'Amour.

— Non, elle guide.

— Un guerrier combat.

— Je combats.

— Les guerriers choisis par les étoiles se battent et meurent en obéissant à une volonté divine.

— J'obéis aux étoiles.

— Finalement, quelle différence entre Moi et Athéna ? Mei, ma marionnette. Pourquoi t'opposes-tu à Moi ? Et pourquoi ne te laisses-tu pas dévorer ? »


Typhon prit une inspiration et relâcha un "kiai" offensif qui balaya tout autour du dieu et envoya Mei s'encastrer dans la paroi de la caverne avec ses deux boucliers.


« Comme c'est inattendu. »

Typhon, dont les yeux brillaient dans le noir, posa son regard sur Mei.


« Comme c'est inattendu. Je m'amuse. C'est vraiment distrayant, Mei, ma marionnette, dit le dieu en le fixant de ses yeux, l'un de flammes et l'autre de foudre.

— Comment ? »


Le regard maléfique fixa un point, et envoya subitement une onde de choc faite de volonté meurtrière. Mei eut le souffle coupé. Sa jambe gauche venait d'être brisée. Arrachée, plus précisément. En un regard de Typhon, Mei avait perdu une de ses jambes irremplaçables.


« Et maintenant, continueras-tu de prétendre que tu n'es pas une marionnette ? » dit Typhon en se moquant de Mei.


Mei utilisa sa jambe droite intacte afin de se relever en s'appuyant contre le mur. Il jeta un regard vers sa cuisse gauche tranchée.


« Mon corps..., dit Mei.

— Comment se fait-il que si peu de sang coule. Comme si ce n'était qu'une coupure sans gravité, lança Typhon afin de semer le doute dans son esprit.

— Qu'est-il donc arrivé à mon corps ?

— Mei, ma marionnette.

— Je ne suis pas une marionnette.

— En cours de route, tu as été vaincu en combat, et a perdu énormément de sang. Tu était un homme à moitié mort en arrivant ici. Ou peut-être même étais-tu déjà mort. »


La défaite dont parlait le dieu était celle de Mei face à Ladon, le dragon à cent têtes.


« Je suis venu ici avec trop de précipitation, et ai été vaincu », se souvint Mei.


Il est vrai qu'il avait perdu une grande quantité de sang. Cependant, la mort de Nicol, les Cosmos de ses frères Seiya, Hyôga, Shun, Shiryû, le destin de sa Cloth et la bénédiction du sang de l'antique Athéna l'avaient soutenu pour lui permettre d'arriver devant Typhon.


« Il ne s'agit donc pas de ma propre puissance ?

— Les frêles humains meurent après avoir perdu plus du tiers de leur sang.

— Je...

— Pose ta main sur ton coeur.

— Je...

— Sens ton pouls.

— Comment ?

— Tu es un humain qui parle encore en dépit d'avoir perdu tout le sang dont il a besoin pour vivre. Mei, ma marionnette. Comme c'est amusant.

— Marionnette ?

— Si tu n'es pas une marionnette, qu'es-tu ?

— Une constellation sans étoiles et la mémoire de cette Cloth empreinte du sang d'Athéna.

— La marionnette de l'antique Athéna.

— Ma volonté s'amenuise alors que je parle. Mon Cosmos...

— Et l'heure est arrivée.

— Comment ?

— Le temps se rompt. »


Chapitre 3.5

Gigantomachia2 60.jpg

Les mots de Typhon résonnèrent comme une grande proclamation.

Le colossal dieu des Géants se désintéressa de Mei pour se diriger vers l'autel. Il resta regarder avec convoitise la dernière femme des Géants, modelée selon son désir et clé de son ambition.


« Echidna... »


On aurait pu se demander pour quelle raison la femme n'était pas dévorée par la Peur alors que le dieu avait pourtant prononcé son nom. Peut-être était-ce l'effet du sceau de la Prison de Stase. Ou peut-être encore que Typhon avait accordé ce privilège à la femme qu'il avait créé. Ou non, il est plus probable qu'"Echidna", "Femme serpent", n'ait pas été son véritable nom. Il ne s'agissait sans doute que d'un surnom méprisant à l'encontre de cette triste femme dont il avait changé la partie inférieure du corps en serpent pour s'amuser.


« Moi, appela le dieu en regardant le ventre d'Echidna.

— Moi. Ô, mon véritable corps. »


Finalement, le Cocon du Temps se rompit en perdant ses eaux, et le temps d'Echidna reprit son cours. Ses longs cheveux noirs de jais ondulèrent tels des vagues, et sa peau blanche rosit. Ses seins ronds tremblèrent tandis que ses hanches bougeaient d'une manière séduisante en dépit de la douleur qu'elle ressentait.

Echidna poussa alors un cri strident, et continua de hurler à s'en assécher la gorge. Une fois encore, Echdina subissait les tourments de l'accouchement. Typhon ne pouvait contenir sa joie face à ce spectacle. L'enfant déchira lui-même le ventre du serpent de l'intérieur. Cet enfant, qui n'avait pas de tête, rampa hors du ventre. Le véritable corps charnel de Typhon, semblable à un foetus avorté, avait la transparence d'un joyau noble supérieur au cristal. Son Adamas avait l'éclat sombre du plus parfait des diamants.


Diamant.

« Moi, dit Typhon en s'interpellant lui-même.

— Moi. Mon véritable corps. »


La Volonté Divine du dieu des ouragans se mit en mouvement. Sous l'Etna, Typhon avait quitté le corps de Mei afin de s'emparer de celui du haut prêtre Encelade. De la même manière, sa volonté se matérialisa à nouveau sous la forme d'une aura quittant le corps d'Encelade pour commencer à se diriger vers l'Adamas à la teinte sombre.

Soudain, l'autel fut la proie des flammes, et le dieu s'arrêta net. Typhon, qui jusque là était l'unique source de lumière dans ce temple souterrain plongé dans les ténèbres, était désormais illuminé par des flammes qui n'étaient pas les siennes et dévoraient l'autel.

Au contraire, sa Volonté se gela. Contre toute attente, Echidna, sa création, était en train de brûler sous ses yeux dans un ardent brasier. Celle-ci était en train de mourir, ses cheveux brûlant en crépitant tandis que sa peau cuisait et que l'air chaud inspiré par ses poumons faisait bouillir l'intérieur de son corps.


« Hō Yoku Tenshō ! »


Ce battement d'ailes avait tout pris à Typhon, en ne laissant que des cendres à la place.


« Moi. »


L'Adamas issue du corps d'Echidna, faible corps vide, avait aussi été réduite en charbon qui se dispersa vite en cendres.


« Moi. Mon véritable corps. »


Sa Volonté Divine vacilla, privée du réceptacle qu'elle convoitait.


Hō Yoku Tenshō.

« Ikki ? » dit Mei en apercevant une autre flamme.


Un homme semblable à un démon guerrier se tenait dans le sanctuaire souterrain, nimbé d'une aura en forme de Phoenix.

Mei savait pourquoi il portait une cicatrice sur le front. Il reconnut le plus puissant de ses frère, cet homme à l'esprit inflexible, et entouré d'une aura semblable à un dieu Niô en colère.


« Je vois. Tu es le Saint du Phoenix, dit Mei en s'appuyant contre le mur pour se relever.

— Mei ?

— Oui.

— Ton visage garde certains traits de l'époque où tu étais enfant. Mais, Mei... pourquoi est-ce que je peux pas ressentir ton Cosmos ? »


Mei se mit debout d'une jambe, et regarda Ikki droit dans les yeux.


« Le Cosmos circule dans le sang à ce que l'on dit » expliqua Mei avant de continuer son monologue.


« J'ai même perdu les liens du sang », dit-il en regardant Typhon.


Le dieu, qui avait perdu son véritable corps sous ses yeux, tremblait de déception.


« Mais au moins, les étoiles ne l'oublieront pas », dit Mei en souriant à Ikki, à ce démon guerrier qui avait depuis longtemps oublié une telle chose.


« Je vais tous vous tuer », déclara Typhon.


Typhon, qui avait jusqu'alors gardé une apparence de dieu, explosa et se déforma pour devenir un typhon déchai1né, sans oeil, brûlant et pulvérisant sauvagement tout autour de lui.


« Prends Shun avec toi et partez d'ici ! » cria Mei.


Ikki.

Ikki, au sein de la tempête, trancha les chaînes qui retenaient Shun, son frère à part entière, prisonnier, et le releva tout en s'assurant qu'il respirait encore.


« Compris, dit Ikki.

— N'as-tu rien à me demander ?

— Toi, un homme déjà mort, a pu sourire. Que pourrais-je demander à un tel homme ?

— Ikki, j'ai peut-être déjà perdu les liens de notre sang, mais... il n'y a qu'à toi que je puisse demander ceci.

— Mei.

— Veille sur nos frères », lui dit Mei en souriant.


Ikki, stoïque, quitta la caverne avec Shun sans dire un mot.


Mei, paré de la Cloth de la Chevelure de Bérénice, une Cloth sans rang par rapport à la hiérarchie établie, regarda partir Ikki, puis se tourna vers le dieu. Un faisceau de fils d'Orichalque s'élança indépendamment de la volonté de Mei afin de récupérer sa jambe tranchée. Ces fils traînèrent la jambe auprès de lui, puis ils se chargèrent tout seuls de ré-attacher la jambe à la plaie béante de la cuise et suturèrent le tout. Finalement, Mei put se relever et marcha de ses deux jambes vers Typhon.


« Enfin. »


Tout ce qu'il restait du champ de bataille où s'était joué cette Gigantomachie entre Typhon et Mei n'était que destruction et cendres éparses. L'immense dieu des tempêtes était devenu fou, pris d'une fureur destructrice. Mais le monde de Mei était incroyablement calme.


« J'entends enfin la voix de mon étoile.

— Mei.

— "Deux Ex Machina." », répondit le Saint.


Mei tira vers lui les fils tranchants qu'il avait déployé dans les ténèbres. Le dieu fut saisi par les fils.


« Ma marionnette.

— Tu es le "Dieu issu de la machine". »



Epilogue : Deus Ex Machina

L'activité volcanique, qui s'était intensifiée à cause de Typhon, s'apaisa finalement dans toutes les parties du monde.

Hyōga du Cygne était retourné en Sibérie, et Shiryū du Dragon était lui rentré à Rozan, afin de guérir des blessures qu'ils avaient reçu lors de ces combats. Ikki, qui avait permis à Shun de quitter la Tanière de Typhoeus, était une fois de plus introuvable. Shun et Seiya étaient quant à eux restés au Sanctuaire, mais se trouvaient pour le moment consignés au repos.


Oreste poursuivi par les Erynies.

Une pièce antique se jouait dans l'Odéon, ce théâtre antique à ciel ouvert d'une capacité de 6000 spectateurs, situé à la base du versant sud-ouest de la colline de l'Acropole.


L'œuvre jouée était une fois encore l'Orestie en 3 actes d'Eschyle. Agamenmnon, roi de Mycènes, avait offert sa fille Iphigénie en sacrifice pour s'assurer la victoire à la grâce des faveurs divines, mais son épouse, la reine Clytemnestre, l'avait ensuite assassiné par vengeance. Leur fils Oreste avait à son tour tué sa mère pour venger Agamemnon, mais cet horrible matricide, ce crime impardonnable, lui avait valu de devenir la cible des Erynies vengeresses.


Oreste, poursuivi durant des années et poussé vers la folie, alla de nouveau demander conseil à l'oracle de Delphes, qui lui conseilla de se rendre à Athènes afin d'être jugé pour le crime de matricide. La déesse de la Guerre et de la Sagesse, protectrice d'Athènes, organisa alors un procès réunissant les diverses parties impliquées : les Erynies, et pour la défense, Apollon, oracle de Delphes qui avait ordonné ce matricide à Oreste. D'autres dieux descendirent aussi sur Terre afin d'assister à ce jugement.


Les voix des jurés, qui devaient décider d'absoudre ou de condamner Oreste sa retrouvèrent finalement à égalité. Cependant, Athéna, impressionnée par l'argumentaire présenté à la défense par Apollon, décida alors que son vote, celui devant trancher en cas d'égalité, serait en faveur de l'acquittement d'Oreste. Athéna apaisa ensuite la colère des trois Erynies insatisfaites en en faisant des divinités célébrées à Athènes.


Ainsi se conclut la troisième et dernière partie de la tragédie racontée par Eschhyle, celle des Euménides.

Sur la scène, les effrayantes Erynies terminèrent leur marche. Orestes fut enfin libéré de son crime.

Fin de la représentation.


Shun, légèrement en sueur, applaudit avec ferveur avant de reporter son attention sur celui qui était à ses côtés.


« Bonjour, Seiya.

— Hmm ? C'est fini ? demanda Seiya en laissant échapper un petit bâillement.

— Qu'en as-tu pensé ?

— C'était très intéressant », répondit Seiya, piètre menteur.


Shun haussa les épaules en se disant que Seiya avait surtout dormi comme une pierre.


« Mais la prochaine fois, invite moi à un truc un peu plus drôle.

— D'accord, je te proposerai une comédie. »


Ils soupirèrent l'un à l'attention de l'autre. La nuit était désormais avancée, et l'été chaud de Grèce semblait se poursuivre au-delà de sa saison. Les deux Saints, situés au sommet du théâtre antique, contemplèrent les cieux.


« Il faudra encore un certain temps avant que les cendres disséminées dans le ciel à cause de Typhon ne disparaissent, murmura Shun.

— On dirait bien », lui répondit Seiya, en observant ce ciel prisonnier d'un brouillard de cendres.


« Tu es le "dieu issu de la machine" »,dit Mei.

Des milliers, voire des dizaines de milliers, ou peut-être même une quantité comparable au nombre d'étoiles dans le ciel de fils tranchants sortirent des deux épaulettes de la Cloth de la Chevelure de Bérénice.

Ou plutôt...

Les boucliers à l'apparence de larmes étaient en train de perdre leur forme, ainsi que les bras ou encore bien le torse. L'intégralité de la Cloth se disloquait pour se changer en fils, comme un vêtement que l'on effilerait.

En un instant, les fils mêlés à l'obscurité enveloppèrent l'autel de ce temple souterrain, lui donnant l'apparence d'un cocon de ver à soie.


« Je... »


Transpercé.

Typhon, dont la tête, les yeux, les oreilles, la langue, le torse, les hanches, les cuisse, les jambes et même les ongles de son réceptacle, Adamas comprise, avaient été transpercés par les fils tranchants, se trouvait suspendu à mi-hauteur dans les airs, cloué sur place.


« "Le temps stagnant" », dit Mei en parlant pour son étoile, à moins que cette voix n'ait été celle de sa Cloth imprégnée du sang de l'antique Athéna.


Ce lieu n'était déjà plus un temple sacré des Géants. C'était devenu un temple scellé d'Athéna.


« "La Prison de Stase"..., articula le dieu.

— Je vais te sceller, Typhon », dit Mei alors que le Cocon du Temps les enveloppait.

L'antique Athéna connaissait également ce genre de sceau.


« Me sceller, dis-tu ? » répondit Typhon en riant.


« Mei, ma marionnette. Comme c'est amusant. Combien de temps penses-tu qu'un frêle humain tel que toi puisse me retenir ? Cent ans ? Mille ans ? Dix mille ans ? Mais pour la Volonté Divine immortelle que Je suis, ceci ne représente qu'un bref instant.

— Un bref instant, en effet. Chutons donc pendant cet instant éternel, dans cette prison située entre Gaia et le Tartare.

— Même si ça prend cent, mille, ou dix mille ans, ce "cocon du Temps" finira par se rompre. Mon immortelle Volonté Divine sera toujours présente, ainsi peut-être que cette Cloth imprégnée du sang d'Athéna. Mais toi, tu seras mort. Mei, ma marionnette, tu auras cessé d'être.

— Tel est le destin.

— Un misérable destin.

— Mais les étoiles ne l'oublieront pas, et c'est ce que je souhaite. La paix sur Terre est la preuve que les Saints ont existé.

— Pourquoi me contredire ?

— Silence, répondit Mei, las de cette discussion.

— Je...

— Typhon, "dieu issu de la machine". C'est toi qui a entamé le dialogue.

— Je...

— Typhon, "dieu issu de la machine". C'est également toi qui prétendait que nulle raison n'était nécessaire.

— Vraiment ?

— C'est ce que sont les Gigantomachies.

— Vraiment ?

— C'est "une guerre qui ne mérite pas d'être consignée dans l'Histoire"

— Dans ce cas-là... Sommeillons donc pour un bref moment. »


Une étoile de détacha alors à nouveau de la voûte stellaire.


Saori.

Le Sanctuaire, en pleine nuit.

À l'extrême sommet de cette montagne se trouvait le si pur autel d'Athéna. Sur la poeint culminante de la terre sainte se tenait une jeune femme aux cheveux cendrés, debout, portant avec élégance une robe d'un blanc immaculé. Cette jeune fille, en tant que réceptacle de l'univers, avait confié son âme et son corps à la voûte stellaire.


« Si tel le souhaite le destin », dit Athéna en observant les étoiles.


Saori, dont le cœur s'était empli de souvenir nostalgiques, déversa doucement ceux-ci vers un pan du ciel dans lequel se trouvait un constellation sans étoiles.


« J'endosserai pleinement mon destin, celui de la Volonté d'Athéna, celui de la Volonté Divine (Big Will). Pour défendre l'Amour et la Justice sur Terre. »


Fin.



Postface de Masami Kurumada

Avec Saint Seiya, je voulais créer un manga original, avec le monde entier comme scène, mais les débuts furent difficiles. Mon éditeur pensait que des concepts comme le Cosmos, les Saints, le Sanctuaire et la mythologie grecque seraient peu compréhensibles pour les lecteurs. Je me torturais chaque semaine pour trouver de nouvelles idées, mais chaque chapitre ne me ramenait que devant la page blanche pour la semaine suivante... c'était réellement épuisant. Ce fut une grande surprise lorsque la série est devenue populaire et que les ventes ont pour la première fois dépassé le million d'exemplaires vendus.

Plus tard, de nombreuses voix de soutien se sont faites entendre à travers le monde, et les projets Saint Seiya ont repris, et c'est ainsi que nous en sommes arrivés à ce premier roman. Le soutien reste indéfectible, et c'est une grande joie pour moi en tant qu'auteur.

J'espère que vous continuerez tous à veiller sur le monde de Saint Seiya.

Masami Kurumada



Tous les chapitres

  • Ces traductions sont réalisées par Archange à partir des livres japonais. MERCI DE NE PAS LES RECOPIER SUR VOTRE SITE.


Revenir à Accueil