Livre 1 - Chapitre de Mei (2)

De SaintSeiyaPedia
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Chapitre 3 : Sicile

Chapitre 3.1

Un tiltrotor, aéroplane à atterrissage et décollage vertical

« En tout cas tu nous a fait une sacrée surprise Mei ! Je ne pensais pas te revoir vivant », dit Seiya, appuyé contre son siège, tenant à la main une boisson qu'il avait apporté.


Ils étaient en plein vol dans une cabine dépourvue de fenêtres. Les "sièges" ne consistaient en fait qu'en des places assises rudimentaires faites de tissu étalé sur des tuyaux longeant le fuselage de part et d'autre, et l'agencement qui en résultait ressemblait plus à celui d'un appareil destiné au transport de troupes aéroportées qu'à quelque chose fait pour des passagers. Qui plus est, l'espacement entre les rangées était si étroit qu'il était pratiquement impossible d'étirer les jambes.


« Allons il n'y a pas de quoi être si surpris, après tout toi et Shun êtes vivants aussi. C'est donc naturel que je m'en sois aussi sorti, non ? Cela va de soi, lui répondit Mei.

— Cela va de soi dis-tu... »

Mei pinça la joue de Seiya sans retenir sa force.

« Au fait, est-ce que tu as déjà réussi ne serait-ce qu'une seule fois à gagner un combat contre moi ? lui dit Mei en le taquinant.

— Hé ! Je n'avais que six ou sept ans ! Toi tu en avais a peu près deux de plus, pas vrai ? Quand on est gosses, un écart de deux ans est un immense handicap pour le plus jeune.

— Oui, mais maintenant nous ne sommes plus des enfants, rétorqua Mei.

— Moui... »


Mei rit de bon cœur alors que Seiya tournait le regard ailleurs d'un air boudeur tel un enfant, ce qui amusa également Shun qui les observait. Nos deux Bronze Saints ne portaient pas leurs Cloths. Celles-ci se trouvaient dans les Pandora Boxes de Pégase et d'Andromède, qui avaient été placées dans un compartiment situé à l'arrière de l'appareil. L'engin était en fait un tiltrotor capable de transporter jusqu'à dix passagers. Il était équipé de pales capables de prendre deux positions au bout des ailes gauche et droite, ce qui lui conférait les capacités d'un ADAV, et le nom "Fondation Graad" était inscrit sur l'aileron de l'appareil. Le but de ce voyage était de se rendre en Sicile, ce qui nécessitait de traverser la Mer Ionienne, puis d'effectuer une dizaine de minutes de vol supplémentaires.


« Mais bon, pour être franc si on se battait maintenant je ne gagnerais probablement pas...

— Hein ?

— Même Shun qui était autrefois un pleurnichard me battrait. Après tout, vous êtes devenus des Saints, mais moi je n'y suis pas parvenu.

— Pas parvenu ?

— J'ai survécu à ces années, mais je n'ai obtenu aucune Cloth. En fait, je ne suis qu'un soldat insignifiant », dit Mei en lançant un regard furtif à Shun avant d'afficher une expression qui montrait le mépris qu'il avait pour lui-même.

« Mei...

— Combien d'entre nous ? Combien d'entre nous sont revenus ? demanda-t-il en regardant le sol.

— Dix.

— Et avec toi cela fait désormais onze, murmura Shun.

— Je vois, si peu... »


Mitsumasa Kido

L'histoire qui suit remonte à une dizaine d'années avant la période actuelle. 243 ans après la dernière Guerre Sainte qui avait mis en jeu le destin du monde, la déesse Athéna s'était de nouveau manifestée au Sanctuaire sous la forme d'un nourrisson, sa réincarnation, apparu comme par magie. Cependant, à cette époque là le mal était tapi au sein même du domaine sacré en la personne de Saga, Gold Saint des Gémeaux, dont le cœur s'était corrompu et qui désirait prendre le contrôle de la Terre. Saga, dévoré par son ambition, assassina le Pope de l'époque puis tenta avec une dague de mettre un terme à la vie d'Athéna qui n'était encore qu'un bébé impuissant. La déesse fût finalement sauvée in extremis par le Gold Saint Aiolos du Sagittaire, qui fuit le Sanctuaire puis confia l'enfant à un homme nommé Mitsumasa Kido avant de décéder de ses blessures.


Ce touriste de passage en Grèce ramena le nourrisson au Japon et lui donna le nom de Saori Kido au lieu d'Athéna, puis il l'éleva comme si elle était sa véritable petite fille et une héritière de la famille Kido. Mitsumasa Kido, fondateur de la Fondation Graad, était une des fortunes majeures de ce monde, connu de tous et très influent. Tandis qu'il abritait Athéna, il prit aussi la décision d'offrir en sacrifice cent enfants qu'il avait eu avec des maîtresses. En fait, ces enfants furent élevés comme des orphelins, ignorant leur véritable filiation, puis le vieil homme les dispersa aux quatre coins du monde sans la moindre pitié. Il ne leur donna qu'une seule consigne : « Devenez des Saints et revenez avec des Cloths en votre possession. »


Ces enfants furent envoyés dans des lieux d'entraînement situés dans des zones extrêmement dangereuses pour bénéficier de l'entraînement martial qui ferait d'eux les plus puissants Saints de ce monde. Un moment de relâchement signifiait la mort. Ces lieux où nul n'aurait voulu vivre étaient d'immenses forêts remplies de bêtes sauvages aux crocs et aux griffes acérées, de vastes étendues désertiques, des plateaux situées à des altitudes qui rendaient la respiration pénible, des plaines gelées balayées par un froid extrême capable de tuer une personne normale en cinq minutes, des îles volcaniques baignées d'une chaleur torride et entourées de gaz toxiques... Voilà le genre d'endroit où ils furent envoyés. Presque tous ces enfants y perdirent la vie. Ils avaient été envoyés en enfer par leur propre père et moururent dans d'infernales douleurs. La maigre consolation que l'on puisse y trouver est qu'au moins ils ignoraient que c'était leur véritable père qui les avait voués à leur mort. Il n'y a pas de mots pour décrire toutes les souffrances que ces enfants ont subies, mais comme par miracle dix d'entre eux, dont Seiya et Shun font partie, furent élus par les étoiles et réussirent à rentrer au Japon en possession d'une Cloth.


La Rébellion de Saga

Saga des Gémeaux

Ce qui est appelé "la Rébellion de Saga" est une affaire de conflit interne du Sanctuaire qui prendrait un nombre conséquent de pages si elle devait être racontée ici, et celui qui voudrait en savoir plus aurait tout intérêt à se rendre dans une bibliothèque. L'aboutissement de ce conflit fût la reprise victorieuse du Sanctuaire par Athéna après avoir défait l'imposteur Saga, qui se faisait passer pour le Pope, ceci treize ans après qu'Aiolos ait transmis à Mitsumasa Kido le bébé qui était la réincarnation d'Athéna et qui fût appelée Saori Kido. C'est au cours de cette bataille que les dix orphelins revenus des camps d'entraînement apprirent que la petite fille de Mitsumasa Kido, l'homme qu'ils avaient toujours haï jusque là, était Athéna. Mitsumasa Kido avait sacrifié ses véritables enfants pour former les Saints qui protégeraient la véritable Athéna. Après avoir eu la preuve que la jeune fille pour qui ils n'avaient guère plus de sympathie était Athéna, ces Saints mirent de côté leur douloureux passé et de nombreuses batailles face à d'autres Saints eurent lieu pour prouver que Saori Kido était la véritable déesse. Au terme de tragiques et difficiles combats, Athéna et ses Saints parvinrent à venir à bout du maléfique Saga qui s'était emparé du Sanctuaire. Cette histoire ne doit jamais être oubliée.

C'est par ces nombreux sacrifices et grâce à l'amour d'Athéna que la Terre pût être à nouveau protégée.



« Tu es allé en Grèce Seiya, et toi Shun tu as fini... sur l'île d'Andromède si je ne me trompe ?

— C'est bien ça Mei, et toi tu t'es retrouvé en Sicile.

— Oui.

— Mais n'as-tu pas été rappelé par la Fondation Graad à l'issue de ton entraînement comme nous autres ?

— Ils ont probablement reçu des nouvelles annonçant que j'étais mort. Les choix possibles pour ceux qui échouent pendant ou au terme de leur entraînement de Saints, et ne parviennent donc pas à acquérir une Cloth, se limitent à trois options: la fuite, la mort, ou bien choisir de devenir un simple soldat anonyme coupé du monde normal.

— Je comprends...

— Mon maître a perdu la vie lors de "la Rébellion de Saga". Sans professeur et en plein milieu de mon enseignement, tout espoir de recevoir une Cloth à été réduit à néant. Et on peut dire que c'est pour cette raison que je suis toujours en Sicile », expliqua Mei en marquant une pause pour reprendre son souffle..

« Le Sanctuaire a besoin d'un réseau d'information qui couvre le monde entier, ajouta-t-il.

— Depuis j'agis donc en tant qu'espion au service du Sanctuaire. Pour reprendre les expressions modernes, je suis un peu ce que l'on pourrait appeler un "agent secret international". Bien que je sois en contact avec l'extérieur je n'y mène qu'une fausse existence, continua Mei.

— Quelle que puisse être la situation, c'est une joie de te voir en vie, j'en suis vraiment très heureux Mei ! Cela aurait vraiment été dommage que nous ne puissions pas nous revoir.

— Tu as raison. »


Le sentiment de fraternité qui unissait ces trois jeunes hommes allait au delà de celui qui unit normalement les gens qui ont survécu à un même enfer lors de leur entraînement.


« Et... est-ce que tu es au courant pour notre véritable père ? demanda Shun.

— Je le suis, Shun. Pour tout te dire, je le savais déjà depuis l'époque où je fus admis à l'orphelinat de la fondation Graad. »


Ils étaient en fait tous trois demi frères de sang, nés de mères différentes.


« Comme vous vous en doutez, ça a aussi été une sacrée surprise pour moi d'apprendre il y a peu que la "princesse" Saori était l'Athéna de notre ère. J'ignorais complètement ceci, dit-il en riant jaune.

— Ça tu l'as dit, c'était une sacrée révélation ! Lorsque nous l'avons appris nous avons également été pris au dépourvu, pas vrai Shun ?

— Seiya, ce n'est pas très poli de parler d'elle ainsi, répondit-il un peu gêné.

— Allez Shun ! Tu es le seul à faire des manières ! Cette conversation restera entre nous... Non il faut l'avouer, à l'époque c'était une petite princesse difficile, égoïste et qui snobait tout le monde.


Saori Kido s'était désormais éveillée à son statut d'Athéna qui lui avait apporté une grande maturité, et elle était donc devenue une personne en qui les gens plaçaient leur foi, emplie d'un amour incommensurable. Cependant, lors de sa jeunesse elle était très différente, et exception faite de sa beauté surnaturelle, la petite fille égoïste et hautaine qu'elle était contrastait totalement avec ce qu'elle était de nos jours. À l'époque où Seiya et les autres orphelins ignoraient encore la vraie nature de Saori, celle-ci, qui avait reçu à elle seule toute l'affection de Mitsumasa Kido, était devenue la cible de leur jalousie et de leur haine.


Souvenirs d'enfance

« Seiya, ce n'était pas à toi qu'elle avait sorti "Toi, fais le cheval !" ? Tu t'y étais collé, non ?


— Dis donc ! C'était Jabu !! Il lui a servi de monture ! Moi j'avais saisi sa cravache et refusé de faire le cheval.


Mei joignit ses deux mains en dessous de son nez pour poser sa tête dessus, et posa une question prévisible.


« Qui sont les huit autres survivants ?

— Tu ne le sais pas ?

— Je n'ai guère quitté la Sicile, et je ne suis donc pas tellement au courant des affaires internes du Sanctuaire. En vérité, je ne savais même pas que vous étiez en vie jusqu'à notre rencontre dans la Salle du Pope. »


Si une liste répertoriant les noms et Cloths des Saints existe elle relève certainement du secret d'état. Le Sanctuaire cache assez bien ces informations, et de simples gardes ne sont donc que peu au courant des détails concernant les noms des Saints et le nombre qu'il y a en fonction à un moment donné.


Shun énonça un à un les noms des survivants à Mei.


« Il y a Shiryū, Hyōga... et puis aussi mon grand frère Ikki !

— Ton grand frère ? dit Mei, qui était en train de se rappeler du personnage en question.


Ikki et Shun n'étaient pas juste demi-frères, mais possédaient aussi la même mère, bien qu'ils étaient comme le jour et la nuit. Shun était un être doux qui faisait presque penser à une fille, alors qu'Ikki était quelqu'un de rude qui faisait penser à un homme suivant la voie des guerriers. Mei se remémorait les visages des autres Saints au fur et à mesure qu'il entendait leurs noms, le cœur empli d'émotion.


« Et enfin le dernier et dixième c'est Jabu, dit Seiya qui annonça à la place de Shun ce dernier nom.

— Quelle est sa constellation ?

— La Licorne. »

Mei rit sans retenue.

« Surprenant, hein ? dit Seiya.

— La légende dit que les licornes ne se laissaient chevaucher que par des pucelles... Il se précipitait toujours vers Saori Kido pour lui servir de monture, on aurait presque dit un toutou en train de remuer la queue, dit Mei.

— Mais c'est encore le cas. Il n'a absolument pas changé, remarqua Seiya en se joignant à son avis.

— Bien que vous soyez devenu des Saints, vous êtes tous restés les mêmes.

— Toi aussi, Mei.

— Et où se trouve donc notre canasson actuellement ?

— Jabu est en Algérie. Shiryū, aux 5 pics, et Hyōga s'est rendu en Sibérie. Il en va de même pour la plupart des autres, tous se sont retrouvés à effectuer des tâches dans les pays où ils se sont entraînés.

— Il n'y a que mon frère Ikki qui ne laisse pas de moyen de le contacter ou de savoir ce qu'il fait.

— C'est sa spécialité à ce loup solitaire, pas vrai ? » remarqua Mei.


« Nous atteignons maintenant l'espace aérien de la Sicile », annonça une voix dans le haut parleur.


Ils avaient finalement parcouru la distance reliant la Grèce à la Sicile sans voir le temps passer en évoquant les histoires d'autrefois et leurs conséquences. Seiya et Shun coururent chercher leurs Cloths et les endossèrent.


« Mais c'est la voix de l'évêque ! s'exclama Mei.

— Veuillez ouvrir la trappe située à la queue de l'appareil, et préparez vous à sauter hors de l'appareil lorsque nous aurons perdu suffisamment d'altitude, leur dit Nicol.

— Pardon ? Il est sérieux là ? dit Seiya en haussant les sourcils.

— Pour ta gouverne mon jeune inculte, un atterrissage et un décollage consomment énormément de carburant, et comme je compte rentrer sur le champ au Sanctuaire, ce serait un immense gâchis.

— Décidément il ne pense qu'à lui ce Nicol. C'est comme ça qu'il veille à notre sécurité ? murmura Seiya. »


Nicol était assis à la place du pilote. L'idée qu'un Saint puisse manœuvrer des engins dotés de technologies complexes comme ce tiltrotor peut sembler quelque peu déconcertante pour le lecteur, mais tout comme les étoiles changent, les Saints vivent avec leur temps. Bien que les Saints et le Sanctuaire forment un monde isolé, celui-ci n'est pas déconnecté de la réalité du commun des mortels. Ce que ces combattants protègent n'est pas un univers fantastique, mais notre monde, et il est donc normal qu'ils en connaissent la teneur.


« Allons-y ! » les pressa Mei, dont la voix était entrecoupée par le bruit du vent.


Seiya et Shun, vêtus de leur Cloths, s'étaient avancés dans la soute où s'engouffrait un vent violent. Ils n'étaient munis d'aucun parachute, car le tiltrotor se trouvait désormais à dix mètres au dessus de la surface de la mer, ce qui les rendait inutiles.


« Tout le monde est prêt ? demanda Mei.

— Prêts ! répondirent en cœur Shun et Seiya.

— Que la grâce d'Athéna vous accompagne, leur dit Nicol, tel un prêtre offrant sa bénédiction.

— GO ! » cria Mei en sautant hors de l'engin.

Seiya et Shun s'élancèrent à sa suite en se jetant également dans les eaux sombres de la mer Ionienne.


Chapitre 3.2

Taormina, Sicile

La Sicile est une île que l'on peut atteindre en traversant le détroit de Messine, large de quelques kilomètres, qui la sépare de la presqu'île constituant la pointe de la botte formée par l'Italie. Cette île à la forme triangulaire que certains appellent parfois "Trinacria" ("les trois pointes"), et est la plus grande de la mer méditerranée, d'une surface égale à 70% de Kyūshū, et il est possible d'apercevoir les côtes du continent africain depuis sa partie ouest. Cette terre, qui tient une position centrale stratégique dans la mer méditerranée, bénéficie d'un climat chaud et d'un sol fertile. Cependant toutes ces qualités en ont aussi fait un objet de convoitise, ce qui a conduit à de nombreuses invasions guerrières sur son sol au cours l'histoire humaine.


La Sicile fût une contrée prospère de l'antiquité sous le contrôle des Grecs, puis elle devint plus tard une colonie romaine surnommée "le garde manger de Rome" en raison des nombreuses céréales qu'elle produisait. Les Ostrogoths exercèrent ensuite leur domination avant d'être remplacés par l'empire Byzantin, qui fût à son tour détrôné au moyen-âge par les musulmans venus d'Afrique. Au 11ème siècle les Normands, descendants des Vikings venus du nord, envahirent l'île à leur tour et finirent par établir une cohabitation pacifique avec les musulmans présents, ce qui conduisit à la création du royaume féodal de Sicile qui put alors prospérer en paix et commercer avec le sud de l'Italie. Ce royaume fût ensuite aux prises avec le Pape, ce qui provoqua la conquête de l'île par le français Charles Ier, comte d'Anjou, puis par la famille des Aragon d'Espagne suivie des Habsburg d'Autriche tandis que la Sicile se scindait en deux parties.


Au 19ème siècle, les deux royaumes de Sicile furent unifiés en un seul par les Bourbons à Naples et c'est en 1861 que la Sicile devint une partie de l'Italie. De nos jours, la Sicile est une région insulaire autonome d'Italie, mais le relatif isolement de cette terre lui a permis de garder une culture et une histoire bien particulières. Les descendants des différents peuples qui s'y sont établis lui prodiguent un brassage humain et culturel très riche, bien que ceci lui procure aussi une histoire un peu compliquée à retenir. Par exemple ses noms ont souvent changé. Au temps des grecs elle s'appelait "Sichélia", puis "Sicilia" lors de l'occupation par la république romaine, tandis que la ville du sud-est où est né Archimède porte, selon les époques et les dialectes, le nom de "Siracusa" ou de "Sarausa". Le monument qui témoigne le mieux de la mixité culturelle de la Sicile est sans aucun doute la chapelle palatine de Palerme dont les décors de mosaïques et de stucs attestent du mélange des influences normandes, byzantines et musulmane. Un autre monument à ne pas manquer est le groupe de villes Baroques du Val di Noto dans le sud-est de la Sicile.


Qui plus est, il n'y a pas de région, même en Grèce, où l'on puisse encore autant sentir le parfum de la Grèce Antique. La région d'Agrigente abrite la Vallée des Temples, parsemée de ruines de temples où étaient autrefois vénérés les dieux grecs, et beaucoup de théâtres antiques y subsistent. Proportionnellement, le nombre et la fréquence de vestiges grecs présents en Sicile dépasse celui de la Grèce. L'île est également rattachée à plusieurs épisodes de la mythologie grecque comme la Gigantomachie précédemment expliquée, ou bien le détroit de Messine qui fût le lieu où Ulysse, l'un des plus grands héros de la mythologie, rencontra les monstres marins Charybde et Scylla.



Promontoire rocheux près de Taormina

« Qu'est-ce que vous évoque la Sicile ? » demanda Mei, les cheveux trempés et le regard tourné vers le relief de l'île qui se laissait petit à petit submerger dans une paisible obscurité aux alentours du théâtre antique de Taormina.


Tous les trois se tenaient sur un promontoire rocheux qui surgissait de l'océan. Ils avaient plongé dans la mer depuis un aéroplane en plein vol, puis nagé jusqu'à atteindre les rives siciliennes. Pour une personne normale, cela aurait relevé du suicide, mais dans leur cas une telle péripétie était assez insignifiante comparée à ce qu'ils avaient subi lors de leurs entraînements.


« La Mafia je dirais », répondit Seiya après avoir un petit peu réfléchi et conclu que ses connaissances étaient assez limitées.


« Ah je vois, tu fais référence au film "Le Parrain" c'est ça ? dit Mei.

— Disons que oui, je n'en sais guère plus.

— La Mafia est un sujet plutôt tabou ici pour les habitants, mais cependant, sache que la Sicile est bien plus tranquille sur ce plan là que l'Italie, en dépit des préjugés que l'on peut avoir. »


La petite ville de Taormina, qui se trouvait sur la côté est de la Sicile, comptait une population de 10 000 habitants. Elle se situait à mi-hauteur sur les pentes du mont Tauro (d'une altitude de 400 mètres) qui descendaient doucement jusqu'à la mer, ce qui offrait une vue d'une beauté saisissante, et c'est donc sans surprise que l'endroit avait été choisi pour y tourner des films. Ceci avait assuré la réputation de Taormina à travers le monde et développé le tourisme. À l'image de la plupart des anciennes villes d'Europe munies de nombreuses rues pavées, les grands parkings se faisaient rares, mais ce n'était pas une véritable gêne car de toutes façons se déplacer en voiture était impossible dans ces étroites rues en escalier. La route 114 menait à des gondoles, et c'est ainsi que les touristes visitaient la ville.


« On m'a dit un jour une chose amusante : "Sur une terre où ont vécu les dieux de l'olympe et les oliviers, tu peux voir naître des idiots, des génies mais pas de personnes complètement mauvaises.", fit remarquer Mei tandis qu'ils se déplaçaient dans la ville.

— Qui t'as dit ça ? s'étonna Seiya.

— Mon maître aujourd'hui décédé.

— Mei, excuse moi de paraître impoli, mais nous ne sommes pas venus pour faire du tourisme, glissa timidement Shun.

— Je le sais bien, Shun.

— Les Géants qui se sont introduits au Sanctuaire m'ont dit de venir les retrouver en Sicile, cependant comment leur mettre la main dessus ? demanda Seiya.

— Mei, est-ce que tu as une idée de l'endroit où ils pourraient se trouver ? continua Shun.

— Si je l'ignorais, pensez vous que le Sanctuaire aurait convoqué un simple garde tel que moi ? »


Vue de l'Etna depuis le théâtre antique

Mei pointa son doigt en direction du théâtre antique qui était désormais tout près d'eux. Il était possible de voir sur la gauche la mer Ionienne qui rencontrait les rives de la Sicile où s'étendait la ville, aussi bien sur la longueur de celles-ci que vers l'intérieur des terres. Au loin, une immense montagne se démarquait dans le paysage, surplombant tous les autres reliefs et offrant un paysage saisissant.


« L'Etna », souffla Shun.


C'était le plus haut volcan actif d'Europe, d'une altitude de [[40 mètres. Les retombées dues à son activité volcanique ainsi que les coulées de lave entassées au cours des siècles s'étaient réparties tout autour de son cône lui donnant un aspect étalé et relativement peu escarpé. Les trois compagnons pouvaient voir que des fumées sombres s'échappaient de son cratère.


« Selon la mythologie grecque, Athéna aurait écrasé les Géants en leur jetant dessus la Sicile, et il est dit que les éruptions de l'Etna représentent le souffle enflammé qu'ils crachent dans leur douleur, raconta Mei.

— Tiens mais au fait, comment se fait-il que le ciel soit toujours aussi sombre. Le jour ne devrait pas déjà s'être complètement levé ? » s'inquiéta Seiya en voyant qu'ils étaient baignés de ténèbres crépusculaires qui ne laissaient paraître qu'un soleil diffus, comme pris dans le brouillard.


« Tu 'es pas au courant Seiya ? Je pensais que tu avais regardé les informations. Ces derniers temps l'activité volcnanique de l'Etna s'est accrue, de même que les secousses sismiques. Les fumées épaisses ont forcé les aéroports à suspendre leurs vols dans la région et la ville est exposée à de sérieux risques de coulées de lave, ce qui a conduit les autorités à déclarer l'état d'urgence. C'est pour cette raison que la touristique Taormina est si calme aujourd'hui alors que nous sommes en pleine période estivale. »


La faible lumière qui peinait à percer les fumées sombres conjuguées aux retombées de cendres qui flottaient dans les rues de Taormina faisaient ressembler celle-ci à une ville fantôme.


Fumées de l'Etna

« Je suppose donc que la population aussi a été évacuée n'est-ce pas ? demanda Shun.

— En effet, et il n'est plus possible de s'approcher du volcan en voiture, les routes ayant été bloquées par l'armée.

— Oh non, ça veut dire que l'on va devoir marcher jusqu'à l'Etna puis le gravir ? dit Seiya en se grattant la tête.

— Allons Seiya ! Un brin de nage suivie d'un peu d'escalade... Tu ne trouves pas que ça a un parfum de vacances ? lança Mei pour l'encourager.

— Bon, en tout cas si tous les habitants et les touristes sont partis on va pouvoir se battre sans retenue !

— La première chose à faire c'est déjà de nous assurer si oui ou non il s'agit bien du retour des Géants adorateurs d'une ancienne divinité maléfique, et pour cela il est impératif de vérifier si le sceau d'Athéna existe toujours », expliqua Mei alors qu'ils étaient arrivés à l'intérieur du théâtre antique à ciel ouvert.

« Oui, il a raison Seiya, ce sont les directives que nous a laissé Nicol.

— Mon maître m'avait raconté que le sceau d'Athéna se trouvait au plus profond de l'Etna, dans les entrailles de la Terre.

— Ça me va !! Allons-y !! » déclara Seiya.


Mei et Shun acquiescèrent de la tête et se mirent à presser le pas comme Seiya, mais leur élan fût soudain interrompu par une voix moqueuse.


« Finalement les chiens d'Athéna sont bel et bien venus !! »


Seiya et ses compagnons, surpris, se ressaisirent vite et adoptèrent l'attitude sérieuse appropriée à ce genre de situation tout en observant attentivement leurs alentours. Trois formes surgirent de part et d'autre de l'extérieur du théâtre à ciel ouvert pour s'y introduire.


« Te voilà Pégase !! Franchement, quel genre d'idiot es-tu pour être venu ? Félicitations, tu viens de signer ton arrêt de mort ! lança Agrios de la Force Brute, avec qui Seiya avait échangé quelques coups la nuit passée.

— Trois seulement sont venus. Le Sanctuaire serait-il à court de moyens humains ? fit remarquer Thoas, le coup de tonnerre.

— C'est quoi ça ? On dirait qu'il n'y a que des marmots... On ne devrait pas confier ce genre de mission à des gamins, ils pourraient faire de mauvaises rencontres hihihi ! » continua Pallas de la Stupidité, Géant équipé de griffes comparables à des lames qui lui servaient à exécuter son Puppet Claw et dont l'Adamas luisait d'un éclat cristallin corrompu.


Tous trois s'étaient réunis en ligne sur la scène.


« Ce sont...

— Oui Shun ! Ces types-là sont bien les Géants qui ont envahi le Sanctuaire hier soir ! cria Seiya.

— Qu'est ce que... ? »


Une nouvelle présence fit sentir, un autre acteur venait s'ajouter à la sinistre troupe des Géants. Une forme surgit depuis un trou de la scène censé servir aux comédiens.

« Beurk ! Quel est ce vent nauséabond ? » dit Seiya qui, sans même s'en rendre compte, s'était mis la main sur la bouche par réflexe, l'air dégoûté.

En dépit de ceci, il ne pouvait s'abriter de cette odeur qui donnait l'impression que l'on venait de plonger sa tête dans un sac rempli de viande putréfiée et d'excréments.


« Cette sensation...

— Shun ?

— Oui, je le sens clairement et ma chaîne aussi y réagit... Il s'agirait donc bien de l'homme qui nous a attaqués au théâtre, de l'imposteur qui portait un costume d'Oreste ? »


Les deux chaînes nébulaires enroulées autour des bras de sa Cloth se mirent à réagir violemment, comme si la foudre les parcourait.

Un bruit assourdissant se fait entendre.


Le quatrième Géant se révéla en émergeant d'un tourbillon noir, accompagné d'un son comparable à celui d'une centaine d'instruments de percussion frappés simultanément dans le plus grand chaos. Les ondes sonores se mirent à résonner à travers le théâtre circulaire, rendant les mouvements de l'air perceptibles.


« Et moi je me nomme Encélade, le Cri de Guerre !! »


Chapitre 3.3

Une onde de choc à la vitesse du son fût projetée.


« Je me nomme Encélade, le Cri de Guerre, Haut Prêtre des Géants !! »


La voix d'Encélade avait crée cette onde de choc qui était maintenant en train de se réverbérer de part et d'autre du théâtre circulaire, provoquant des explosions à répétition. La puissance de ce choc avait suffit à projeter Seiya et ses compagnons jusqu'aux gradins des étages supérieurs.


« Quelle incroyable voix, mon corps est tout engourdi..., dit Shun.

— Ce type serait le chef des Géants ?

— Mei ! » cria Seiya.


Celui-ci avait été propulsé contre le mur puis s'était écrasé au sol, gémissant de douleur.


« Quelle force de frappe », articula-t-il tant bien que mal.


Les Cloths étaient toutes fabriquées à partir d'un alliage constitué d'"Hypermétaux" perdus tels que de l'Orichalque, du Gammanium, et de la poussière d'étoile (Stardust Sand). Ces armures étaient les meilleure sur Terre, mais contrairement à ses compagnons, Mei n'avait pas la chance d'en posséder une, et n'avait donc disposé d'aucune protection contre cette force écrasante qu'il s'était pris de plein fouet.


Masque d'ogre

« Où se trouve donc cette traînée d'Athéna ? » cria Encélade, plein de dédain.


Il tenait dans sa main un long bâton dont la longueur était sculptée comme un entrelacs de démons effrayants sortis d'un autre monde, et son visage était dissimulé derrière un masque taillé de sorte à ressembler à un visage d'ogre. Son Adamas, qui renvoyait l'éclat d'un topaze sombre, avait l'aspect d'un long habit cérémonial religieux richement décoré.


« Elle ose nous envoyer des Bronze Saints, le plus bas rang de sa hiérarchie, en éclaireurs ! On dirait bien qu'elle ne prend pas au sérieux la nouvelle de notre retour !

— Tu peux nous traiter de tous les noms, mais par contre je t'interdis d'insulter Athéna ! rétorqua Seiya en colère.

— Cette petite prostituée qui prétend être la déesse protectrice de la Terre ? Cesse donc tes aboiements, petit roquet ! Nul ne la reconnaît hormis vous autres, chiens à sa botte. Elle ne représente rien aux yeux des anciens dieux que nous vénérons, et même ces méprisables dieux de l'olympe n'ont pas la moindre considération envers elle !

— Quoi ?

— Par sa faute nous fûmes condamnés à rester dans les entrailles de la terre, et nous ne lui pardonnerons jamais cette interminable humiliation ! L'humilier fera partie de notre vengeance ! Nous la mettrons à nu et la violerons sans retenue ! »


Seiya et ses compagnons ne pouvaient contenir leur colère au fur et à mesure des vitupérations d'Encélade, et même Shun, au regard habituellement si paisible, ne pouvait cacher la colère qui bouillonnait en lui.


« Comment ose-t-il..., dit le Saint d'Andromède.

— On dirait que le retour des Géants est une réalité ! Alors le sceau d'Athéna qui servait à les maintenir sous cette île est donc bel et bien brisé, s'inquiéta Mei en essuyant d'un revers de bras le sang sur son visage.

— Mais pourquoi ? Pourquoi le sceau qui les emprisonnait depuis des temps immémoriaux a cédé maintenant ?

— Vous là-bas !! Où est-ce que vous avez emmené Yulij, la femme Saint que vous avez osé enlever au Sanctuaire ! cria Seiya en pointant le Haut Prêtre du doigt, nullement effrayé par ces adversaires.

— Ah... cette gamine ? commença Encélade.

— Kihihihi ! Mauviettes, mauviettes, mauviettes ! Il suffit d'un seul otage aussi minable qu'elle pour vous affoler ! C'est ça les protecteurs de la Terre ? Hi hi, que des nuls ! dit Pallas de la Stupidité en coupant la parole au Haut Prêtre.

— Nous ne l'avons pas encore tuée. Si le sort de cette gamine vous intéresse..., dit Encélade en pointant l'Etna de son sinistre bâton.

— Quoi ? dit Seiya.

— Elle est emprisonnée dans une grotte située dans les profondeurs de l'Etna. Cependant, si j'étais vous je me hâterais de l'aider car même si c'est une Sainte, respirer aussi longtemps les vapeurs toxiques du volcan ne manquera pas de lui être fatal.

— Non !

— Qui plus est, si le volcan venait à entrer en éruption, cette grotte serait à coup sûr pulvérisée et ses débris projetés dans les airs », continua le Géant avant de laisser échapper un rire mauvais.

« Seiya ! Shun ! Allons-y ! » cria Mei.


Parcours des Saints avant d'arriver dans la zone où les champs laissent place à de nombreuses collines

Ils tournèrent tous trois le dos à leurs adversaires et filèrent à une allure effrénée, quittant en un rien de temps la zone urbaine de Taormina tels des ombres, puis franchissant en un clin d'œil des falaises abruptes de roches couleur craie qui formaient pourtant un mur continu. Ce n'était pas un pouvoir paranormal tel que la téléportation qui les y aidait, mais le simple fait d'être des Saints, ce qui signifiait que leur vitesse de course et leur puissance de saut n'avaient rien de commun avec les gens normaux.

La ville était déjà loin derrière eux lorsqu'ils arrivèrent à des champs entourés de promontoires rocheux et ensevelis sous les cendres. Au delà de ceux ci s'étendait en direction de l'Etna une immense zone de hautes collines herbeuses parsemées de buissons.


« Pas si vite ! »


Bien qu'ils aient couru avec une célérité surpassant celle du vent, trois silhouettes les talonnaient.


« Agrios !

— Et mince !

— Ils sont sur nous ! »


Shun était suivi par Thoas, le Coup de Tonnerre, tandis que Pallas traquait Mei.


« On avait pas tout à fait fini de vous expliquer. Si vous voulez la sauver..., commenca Agrios.

— Il va falloir vous battre, c'est bien ça ? termina Seiya.

— Oh oh, on dirait que tu comprends vite gamin, rétorqua ironiquement Agrios. »


Soudain, Seiya sentit arriver quelque chose puis le son d'un choc énorme retentit aux alentours. Agrios, la Force Brute, venait de porter un coup d'une puissance monstrueuse qui avait réduit le sol en poussière et creusé un cratère.


« Bien entendu, je suis ton adversaire, Pégase !

— Qu'est-ce que c'était à l'instant ? » dit Seiya, qui avait sauté très haut dans les airs pour éviter l'attaque.

Lapis Lazuli

Depuis les cieux, Seiya pointa son regard vers l'effrayant Géant à la puissance écrasante. Son Adamas brillait d'un bleu de Lapis Lazuli pris dans les ténèbres et l'intégralité de celle-ci était ornée de rivets qui la faisaient ressembler à une massive armure à pointes, et qui par dessus tout lui donnaient un aspect inspirant une grande violence et brutalité.

Agrios eut un regard moqueur sous la visière de son à cornes.


« Allez, viens par ici.

— Pegasus Ryūsei Ken ! »


En un instant Seiya déclencha sa technique mortelle. Il avait élevé son Cosmos jusqu'à un niveau lui permettant de concentrer toute sa puissance dans ses poings, et le choix de cet arcane propre aux Saints de Pégase lui donnait la possibilité d'envoyer plus d'une centaine de coups par seconde, qui devenaient tels des météores fondant sur sa cible, qui en principe ne s'en relevait pas.


« C'est tout ? » demanda calmement Agrios.


Seul un ennemi éveillé au même pouvoir que celui des Saints était capable de résister à ce coup. Seiya ne put contenir sa surprise. Agrios avait reçu tous les météores sans même esquisser un mouvement ou un tremblement.


« On dirait qu'un moustique vient de me piquer...

— Zut ! »


Fanart d'Agrios par Marco Albiero

Seiya ressentait une violente douleur dans son poing alors que l'Adamas de son adversaire était complètement intacte.


« Ce qui s'est passé la dernière fois t'es monté à la tête ? Ne sois pas si confiant, le coup que tu m'as porté au Sanctuaire n'était dû qu'à l'effet de surprise, tu as juste eu de la chance ! »


Quelle que soit la robustesse d'un corps, nul ne pouvait encaisser ainsi un coup d'un Saint. Pour pouvoir résister aux attaques de ces combattants, qui tiraient leurs pouvoirs destructeurs de l'explosion des atomes, il était impératif d'user de la même puissance qu'eux, le "Pouvoir intérieur".


« Cet homme... Au Sanctuaire je l'avais pourtant senti... Quel Cosmos sauvage ! »


Seiya mit aussitôt ses avant-bras croisés devant lui en position de défense lorsqu'il vit son adversaire esquisser un mouvement d'attaque. Agrios avait pris une forte inspiration et posé un bras et un genou au sol dans une position le montrant prêt à charger. Il fit exploser sa force en lui pour accroître le volume de ses solides muscles d'acier.


« Regarde bien quelle est la différence entre la force des Géants et celle des Saints.

— Hein... ?

— Crag Press ! »


Agrios donna un coup de pied dans le sol pour se propulser vers Seiya. La position de défense de ce dernier se révéla inutile, et il fût projeté dans les airs comme un fétu de paille lorsque la charge violente du Géant le heurta.

Chapitre 3.4

Sanctuaire, Salle du Pope.

Nicol de l'autel, qui venait de revenir de Sicile, trouva Athéna dans la même position que lorsqu'il était parti, ce qui montrait tout le sérieux de la déesse qui n'avait pas pris le loisir de se laisser aller à l'approche d'une possible crise.


« Je vous remercie pour votre travail Nicol, lui dit Athéna, reconnaissante des services qu'il lui rendait.

— Que s'est-il passé en mon absence ?

— Rien de spécial. Qu'en est-il de Seiya, de Shun et de Mei ?

— Ils sont arrivés à destination sans le moindre encombre, répondit Nicol en mettant l'emphase sur leur sécurité.

— Dans un premier temps, leur mission consiste juste à se rendre dans l'Etna pour vérifier si votre sceau est encore présent, continua-t-il.

— Justement au sujet de l'Etna, si ce volcan entre en éruption je suppose que les dégâts seront considérables n'est-ce-pas ?

— En effet.

— N'est il pas un peu risqué de les envoyer là bas ? J'ai entendu dire que toute la population aux alentours avait été évacuée pour parer aux coulées de lave et aux gaz toxiques qui seraient libérés.

— Je peux vous assurer que les Saints d'Athéna ne se laissent impressionner par aucun danger, quel qu'il puisse être.

— Je le sais bien, c'est juste que...

— La Fondation Graad a fait jouer quelques relations en secret auprès de l'armée Italienne de sorte à ce que nul ne puisse se trouver dans un rayon de dix kilomètres autour de l'Etna. Rien ne viendra les déranger pendant leur mission.

— Quelle que soit la tâche, vous êtes toujours d'une incroyable rapidité pour vous charger de tout.

— Tel est mon devoir en tant que substitut du Pope.

— Je vous remercie Nicol, vous m'êtes d'une aide précieuse.


Athéna

— Au fait, où se trouve Kiki ? J'aimerais à nouveau requérir ses services si quelque chose d'imprévu devait se produire.

— Pardon, Nicol.

— Hein ?

— Kiki n'est plus là, je lui ai donné un autre ordre, dit Athéna en jetant un regard embarrassé vers le sol.

— Ah...

— Si la résurrection des Géants se confirme, nous ferons face à de redoutables ennemis. Seiya et Shun ont beau être des Saints expérimentés, je crains qu'ils ne puissent s'en sortir juste tous les deux.

— Je comprends », dit Nicol, conscient des soucis de Saori et qui ne souhaitait pas l'accabler davantage pour cette décision.

« Cependant, la prochaine fois il serait plus avisé que vous m'en parliez avant, ajouta-t-il aimablement.

— Je suis probablement trop douce, n'est ce pas ? Quelle ironie cependant. Je pense toujours qu'il est préférable que personne ne soit blessé, mais pourtant en voulant minimiser les dommages je me retrouve à faire couler le sang d'un plus grand nombre de Saints. »


Saori Kido laissait libre cours à ses sentiments en dépit de son statut divin, alors que les dieux étaient en principe des êtres stoïques qui semblaient dépourvus d'émotions. Elle était d'une grande humanité, tout en ayant en elle la Volonté d'Athéna.


« C'est parce que vous avez cette bonté en vous que nous autres Saints vous obéissons et dédions nos vies à votre protection, la rassura Nicol dont les mots venaient du cœur.

— Puissent les étoiles veiller sur eux. »

Athéna laissa libre cours à son immense Cosmos tout en adressant à la voûte céleste une prière pour que ses Saints bien aimés soient en sécurité.

Chapitre 3.5

Gigantomachia33.jpg

Le Cosmos.

C'est une chose qu'il est impossible d'appréhender complètement juste avec des mots. C'est le Septième Sens.

Tous les humains possèdent en eux cinq sens qui sont le Toucher, la Vue, l'Ouïe, le Goût et l'Odorat en plus d'un autre que l'on pourrait appeler le sixième sens. Les gens qui sont communément appelés "psioniques" sont éveillés à cette sixième perception qui leur confère des dons divers, dont quelques exemples sont la précognition ou une intuition surnaturelle. Mais il existe encore un sens supplémentaire au-delà de celui-ci. C'est ce que l'on appelle le Septième Sens.


Lors des temps mythologiques, l'ère des grand héros, la séparation entre les humains et les Dieux n'était pas aussi distincte qu'aujourd'hui, et tout le monde possédait le Septième Sens, mais ce fantastique pouvoir fût perdu au fur et à mesure de l'évolution de la race humaine. Pourtant, même de nos jours, les êtres humains portent encore au plus profond d'eux le Septième Sens, à la source même de leur existence. C'est par l'usage de ce sens que les Saints sont capables de mettre en œuvre des pouvoirs surhumains, en faisant brûler et exploser l'énergie qui est à la base de tout. Pourtant, le Septième Sens, la perception qui surpasse les six autres, est une chose que même les plus grands sages de l'Humanité ne pourraient expliquer exactement avec des mots en dépit de profondes recherches, il est ce qui permet de faire naître un pouvoir incommensurable... Il est le Cosmos.




Pentes de l'Etna

Au pied de l'Etna.

Au fur et à mesure que l'on prenait de l'altitude, les arbres et buissons disparaissaient pour laisser place à pentes noires où s'étendaient cendres, gravats et petits cailloux qui dégringolaient sur la couche de lave séchée dont ils étaient eux-mêmes issus. De sombres fumées s'élevaient continuellement du cône du volcan, masquant le ciel derrière une fine couche de ténèbres. En plus de cela, des secousses sismiques se produisaient à intervalles irréguliers.


« Et si nous arrêtions de jouer au chat et à la souris, mon petit Bronze ? » dit Thoas, le Coup de Tonnerre, qui dépassa Shun et s'interposa devant lui pour le forcer à s'arrêter.


Malachite.

Son Adamas, qui avait l'éclat d'une Malachite sombre, était pourvue d'une forme élégante incrustée, à la manière d'un paon, de pierres précieuses semblables à des yeux qui renvoyaient un vif éclat vert. Son aspect tranchait nettement avec celui agressif des autres Géants, qui avaient d'immenses griffes ou des Adamas couvertes de pointes. Son visage paisible accentuait encore plus cette différence. Il avait une peau très blanche, de longs cheveux noirs, ainsi que des sourcils allongés et des yeux d'une grande quiétude. Une personne qui l'aurait vu sans savoir qui il était n'aurait pas pensé qu'il pouvait être de la même famille que les autres Géants, qui ressemblaient à des démons aux cheveux blancs hérissés tels que l'on pouvait en voir sur les vestiges antiques dépeignant la Gigantomachie.


« Cet homme, ce Thoas, possède un terrifiant Cosmos », se dit Shun, qui pouvait ressentir ce qui émanait de son adversaire.


Les Saints ne ressentaient pas ces choses là par des sens tels que le Toucher, la Vue, l'Ouie ou l'Odorat, mais au travers de leur Septième Sens. C'est par le Cosmos qu'ils prenaient conscience de ce qui les entourait.


« J'espère que Seiya et Mei s'en sont sortis sans encombres », se dit Shun.

— Tu te fais du soucis pour tes compagnons ? » lui demanda Thoas, comme si il venait de lire le cœur de Shun.

Lui aussi avait analysé les émotions de Shun au travers du sens qui surpassait les six autres.

« Comment as-tu... ?

— Il doit encore leur rester un peu de temps à vivre, mais je pense qu'il serait plutôt dans ton intérêt de te soucier de ton propre sort avant de songer à eux.

— Dis moi, dans quel but avez vous provoqué cette bataille ? demanda Shun au Géant qui lui faisait face.

— "Pourquoi", demandes-tu ?

— L'Etna semble être sur le point d'entrer en éruption, serait-ce votre fait ?

— Et si c'était effectivement le cas, qu'est ce que cela pourrait te faire ?

— De nombreux être humains vivent sur cette Terre ! Ce sont toujours les plus faibles qui pâtissent de tels affrontements et deviennent les sacrifices de ces guerres. Où voulez-vous en venir ? Est-ce pour sacrifier d'innombrables innocents en votre honneur ? Est-ce pour vous approprier ce monde ?

— Se pourrait il que tu sois en train de me parler de mener une de vos Guerres Saintes ? lui demanda Thoas, répondant à la question de Shun par une autre question.

— Effectivement.

— Je vois, répondit Thoas avec un léger rire méprisant.

— Qu'est-ce qui t'amuse ?

— Bien que le temps s'écoule à un rythme effréné, nul ne devrait oublier ses fautes, mais vous autres humains le faites au fur et à mesure que les ères passent, et ceci est le pire de tous les pêchés. Regarde-toi Saint d'Athéna, en réalité, même si tu en ignorais la raison tu dresserais quand même ton poing contre nous autres Géants.

— Comment ?

— Avant que nous ne finissions scellés dans les profondeurs de ce monde à l'issue de la Gigantomachie, la Terre appartenait à Athéna, les océans à Poséidon, et les Enfers à Hadès. À la tête des cieux se trouvait Zeus, et il va sans dire que ces dieux de l'Olympe contrôlaient ensemble le monde entier. »


Fanart de Thoas par Marco Albiero

Shun resta écouter Thoas en silence.

« Mais les ambitions de Poséidon et d'Hadès grandirent, les amenant à convoiter la Terre et des guerres répétées entre eux et Athéna eurent lieu... Celles que vous autres Saints appelez les "Guerre Saintes", au cours desquelles vous repoussez ces ennemis.

— En effet, depuis les temps mythologiques les Saints d'Athéna se battent pour contrecarrer les forces du mal qui convoitent la Terre, et préserver ainsi l'amour et la paix en ce monde, lui dit Shun.

— C'est vrai, Athéna protège ce monde, je ne peux le nier. Cependant, vous autres Saints d'Athéna, que protégez vous vraiment ?

— L'humanité.

— Voilà, l'humanité.

— Qu'essaies-tu de me dire ?

— Si tu me combats, tue moi.

— Hein ?

— Et moi je me battrai pour te tuer. Nous pouvons entre-déchirer nos chairs et lécher le sang du vaincu tels des chiens enragés. Cela me convient parfaitement. Nous n'avons pas besoin d'autre raison, quels que soient les beaux idéaux appuyés avec éloquence.

— Je ne te suis pas...

— Pour faire simple, la victoire sera nôtre. »


Aussitôt que Thoas eut terminé sa phrase, le corps de Shun fût projeté dans les airs en criant. Il retomba violemment sur le sol, dégringolant une partie de la pente en compagnie des cendres et de gravillons enclins à l'accompagner dans sa chute. Shun était désorienté, et surtout il avait été incapable de discerner le mouvement de Thoas lorsque celui-ci avait porté son coup.


« Je vais te tuer.

— Comment ? »


Shun, qui venait à peine de se relever, vit fondre sur son cou le tranchant de la main de Thoas qui l'attaquait sans la moindre hésitation. Un bruit de choc retentit, suivi d'une chute d'étoiles accompagnée d'un grincement métallique. Thoas, surpris, vit que son poing avait été arrêté par une chaîne. Les chaînes enroulées autour des deux bras de la Cloth de Shun s'étaient déployées pour former une spirale qui tourbillonnait désormais autour de lui à une vitesse effrénée.


« Eh bien, ces chaînes ont la capacité de créer un mur de protection considérable, mon petit. »


Andromède dessinée par Johannes Hevelius

Celui qui consulterait un Atlas astronomique se rendrait compte que la constellation d'Andromède, qui a la particularité rare de partager une étoile commune avec celle de Pégase, est souvent représentée comme une jeune femme aux poignets liés à des chaînes. Selon la mythologie grecque, Cassiopée, reine d'Éthiopie, s'était attirée la colère de Poséidon en prétendant que la beauté de sa file Andromède surpassait celle des nymphes filles du dieu de la Mer, et celui-ci avait donc commencé à ravager ce royaume par des tsunamis et des inondations. Son mari, le roi Céphée, partit alors consulter l'Oracle de Zeus qui lui apprit que l'unique moyen d'apaiser la colère de Poséidon serait d'offrir sa fille vierge Andromède en sacrifice à un monstre marin que le dieu enverrait. Celle-ci fût alors enchaînée à une falaise au pieds de l'océan afin d'être dévorée par Cetus, mais elle fût alors secourue par le héros Persée chevauchant Pégase, et les protagonistes de cette histoire devinrent ultérieurement des constellations de la voûte céleste.


« Je m'appelle Shun. Shun d'andromède, et je ne suis pas un gamin comme tu le sous-entends.

— La chaîne d'Andromède ? Je vois, même les fleurs les plus fragiles peuvent avoir des épines pour protéger leur corps des agressions extérieures. Ta Cloth t'as aidé juste à temps !

— Et malheureusement pour toi, les capacités de ma chaîne ne se limitent pas qu'à la défense !

— Tiens donc.

— Même si mon ennemi se trouve à des milliers d'années-lumières, elle possède la faculté de la frapper en franchissant les dimensions, lui expliqua Shun en intensifiant intérieurement son Cosmos. »


C'était cette chaîne qui avait su le protéger de l'Oreste masqué qui l'avait attaqué au théâtre avec une épée le soir précédent, et c'est en élevant son Cosmos que celle-ci devenait capable de transcender l'espace et de défendre au mieux son propriétaire. En réalité, les Cloths n'étaient pas que de simples protections constituées d'Hypermétaux, mais des artefacts mystérieusement dotés d'une forme de conscience, des êtres vivants.


Andromeda Nebula

« Circle Chain ! »

La chaîne dédiée à la défense se laissa tomber par terre, puis se mit à ramper autour de Shun en formant à toute vitesse une spirale, repoussant en tourbillonnant les cendres qui tapissaient l'Etna pour laisser à leur place un vortex lumineux.


« Mais qu'est-ce que ceci ? s'étonna Thoas.

— Ce que tu vois est l'Andromeda Nebula. »


La scintillante nébuleuse d'Andromède était apparue au sein de l'obscurité provoquée par les fumées du volcan, et les maillons de la chaîne semblaient se dérouler à l'infini, comme si ils étaient issus d'une autre dimension, formant des cercles concentriques qui s'étendaient sans cesse.


« Décidément, les Saints et leurs Cloths ne sont pas à prendre à la légère. Très bien, c'est mieux ainsi, le combat n'en sera que plus intéressant ! Au moins on ne vous aura pas fait venir pour rien jusqu'à l'Etna !

— Pardon ?

— Allez, montre donc ton Cosmos à Thoas, le Coup de Tonnerre, mon beau et jeune Andromède », lui dit le Géant, en restant complètement immobile, sans même prendre la moindre posture de combat.


« Finalement cet affrontement était inévitable, dit Shun.

— Ton unique alternative est de me tuer. »


Les deux adversaires élevèrent leurs Cosmos en eux puis les firent se heurter violemment pour déterminer qui réussirait à maintenir ou à détruire l'Andromeda Nebula, projetant dans les airs d'innombrables cendres du sol.

« Je vais te tuer. »


Chapitre 3.6

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Yulij du Sextant venait de reprendre connaissance, mais elle se demandait où elle pouvait bien se trouver, ignorant ce qui lui était arrivé depuis qu'elle s'était évanouie au Sanctuaire. Elle émit un gémissement de douleur. Sa tête lui faisait mal, et en plus de cela sa poitrine la brûlait, rendant sa respiration difficile.


« Du gaz ? »


L'intérieur de la caverne était baigné de vapeurs sulfuriques à l'odeur désagréable. Yulij tenta de mettre ses mains devant sa bouche mais se rendit alors compte que ses bras étaient maintenus par des chaînes attachées à la paroi. Elle était prisonnière. Normalement, des chaînes d'acier n'auraient dû poser aucun problème pour une femme Saint, mais inhaler ces gaz avait provoqué une paralysie de son corps, la rendant même incapable de bouger son index. Elle se mit à inspecter les environs du regard, tout en réalisant la gravité de la situation présente. Étrangement, l'endroit était légèrement lumineux.


« Je ne sais pas exactement où je suis, mais il doit s'agit d'une caverne. Pourtant, comment se fait-il que je ne sois pas plongée dans une obscurité totale ? Ce n'est pas une lumière émise par un objet déposé ici. Il se peut qu'elle filtre en ce lieu depuis un autre endroit...

— Tu te trouves dans le Sanctuaire des Géants.

— Qui... ? » commença-t-elle avant de pousser un cri comme une simple jeune fille.


Topaze

Un démon venait d'apparaître. Non, en réalité il s'agissait plutôt d'un masque effrayant au visage d'ogre, porté par un homme qui n'était nul autre qu'Encélade, le Cri de Guerre. Ce Géant, vêtu d'une Adamas en forme de vêtement religieux à l'éclat de topaze qui protégeait tout son corps, était en train d'observer sa captive.


« Bon sang, qui es-tu , et où suis-je ? » lui demanda Yulij, simulant un ton calme et autoritaire.


Bien qu'étant une Sainte, elle s'était laissée surprendre par l'effrayant masque de cet arrivant, mais ceci était principalement dû au fait qu'elle était encore un peu sonnée et n'avait donc pas l'esprit très clair.


« Tout comme Athéna possède son Sanctuaire, ce lieu est protégé par la volonté du dieu que nous autres Géants vénérons.

— Des Géants ? »


Elle avait de grandes difficultés à articuler car la paralysie de son corps s'étendait jusqu'au bout de ses lèvres. La vérité est qu'elle avait peine à croire qu'elle pouvait encore parler. La mention du nom des Géants lui fit se remémorer certaines connaissances qu'elle avait acquises en tant que diacre. Ceux-ci, scellés par Athéna lors de la très ancienne Gigantomachie, étaient les compagnons d'un autre Mal de nature quelque peu différente. C'était cependant une guerre qui remontait à des temps immémoriaux, et quasiment aucun écrit à ce sujet n'était consigné au Sanctuaire.


Yulij jeta encore un coup d'oeil sur les environs. Décidément, cette étrange lumière l'intriguait. Elle n'arrivait pas à comprendre si cet éclat émanait des parois même de la grotte, ou si c'était dû à des particules lumineuses en suspension dans l'air. Elle stoppa là ses hypothèses en admettant que de toutes manières, il ne s'agissait probablement pas d'un phénomène explicable scientifiquement. Cet endroit était à coup sûr un lieu sacré, mais la Volonté qui y résidait était d'une nature bien différente de celle d'Athéna.


« Mais dis moi, tu as l'air de souffrir...

— Qu'est-ce... », commença Yulij avant de tousser douloureusement, « ...que voulez vous faire de moi ? ».


Il lui semblait aberrant de voir que cet homme au masque de démon parvenait à rester tranquillement devant elle alors qu'il respirait pourtant le même gaz toxique. Elle considéra alors le fait que les masques des femmes Saints étaient capables de les protéger des émanations empoisonnées, et il se pouvait que le masque d'ogre porté par ce Géant possède des propriétés semblables.


Fanart d'Encelade par Marco Albiero.

Le masque.

Yulij se rendit enfin compte qu'elle ne portait plus le sien. Son magnifique visage était à découvert, car son masque avait été complètement fendu en deux par l'homme qui l'avait agressée la nuit précédente dans l'observatoire.


« Vous autres Saints avez de bien étranges règles.

— Hein ?

— A ce que j'ai entendu dire, les femmes qui veulent faire partie de l'ordre des Saints doivent abandonner leur féminité et cacher leur joli minois derrière un masque. Pour elles, être vues sans ce masque serait encore plus humiliant que d'être vues nues. »


Encélade se servit de son bâton incrusté de créatures maléfiques pour soulever de force la tête de Yulij en l'appliquant contre sa joue, de manière à bien regarder son visage. Le cœur de Yulij, qui émit un cri de douleur, était empli de honte et d'embarras en se voyant ainsi humiliée.


« Tu n'es qu'un sacrifice, voire même de la nourriture. Cet endroit sera votre tombeau à tous, misérables Saints.

— Ah ah.

— Qu'est-ce qui te fait rire ?

— Alors comme ça je suis un otage ? Dommage pour toi, mais je ne suis qu'une simple Bronze Saint, autrement dit je n'ai pas autant de valeur que tu pourrais l'espérer.

— C'est vrai, je pense également que ta vie n'a pas une grande valeur en tant que telle. Cependant...

— Oui ?

— Athéna adopte certainement un point de vue différent, je me trompe ? Elle est du genre à ressentir énormément de peine lorsque ses Saints sont blessés ou en danger.

— Enfoiré !

— La preuve, ta déesse a envoyé des Saints jusqu'ici, près de l'Etna, pour te secourir.

— Comment ? grogna Yulij. »


Gigantomachia38.jpg

L'évêque Nicol était un homme difficile à cerner, et en dépit de son habituelle nature pacifique, il lui arrivait de donner des ordres sévères, voire même insensibles lorsque la situation l'exigeait. Si des Saints avaient effectivement été mobilisés pour la secourir, cela ne pouvait être une décision venant de lui. Comme l'homme au masque de démon le lui avait dit, ceci était l'œuvre de l'immense compassion d'Athéna envers ses Saints.


« A l'heure où je te parle, mes compagnons partis affronter les Saints les ont probablement déjà enterrés, dit Encélade avant d'émettre un rire extrêmement bruyant.

— Impossible... bande de monstres... vous êtes donc bien des Géants ? Dans ce cas là, l'ancienne divinité maléfique que vous vénérez ne peut être que... »


Encélade la frappa à la joue avec son bâton sans même lui laisser le temps de terminer sa phrase.


« "Maléfique" ? Comment te permets-tu ? Chienne d'Athéna !


Yulij gémit, la joue coupée à l'intérieur de sa bouche. Le Géant la souleva par les cheveux sans ménagement, avec une violence telle qu'il faillit lui briser le cou. La torsion appliquée sur celui-ci lui permettait presque de voir son propre dos.


« Apprends à te tenir, sale bête ! Ne t'ais-je pas fait comprendre que nous étions aux portes du lieu où repose notre dieu ? »


Yulij perçut alors le bruit d'un battement de cœur. Elle sentait l'onde se propager. Au-delà de la caverne, au plus profond des ténèbres, dans les entrailles de la Terre, en tenaille entre Gaia et le Tartare, un immense Cosmos venait subitement de s'éveiller.


« Ceci serait... une Volonté Divine (Big Will) ? » pensa-t-elle avec horreur.


Là-dessous se trouvait un endroit de sacre dédié à l'adoration de cet être maléfique d'une autre nature que les Géants.


« Lorsque l'aube se lèvera sur la résurrection de cette Illustre Personne, nous n'aurons plus à craindre Athéna ou d'autres dieux de son genre !

— Non, alors cette ancienne divinité maléfique est donc bien... »


Un bruit sourd se fit entendre. Le chiton blanc de Yulij et ses cheveux d'argent étaient teintés de sang. La Sainte, frappée sans la moindre retenue par un coup du bâton d'Encélade, s'effondra au sol et sombra à nouveau dans l'inconscience.


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  • Ces traductions sont réalisées par Archange à partir des livres japonais. MERCI DE NE PAS LES RECOPIER SUR VOTRE SITE.


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